LA TRIBUNE - Pouvez-vous nous rappeler l'ambition du fonds Naco ?
Jean-Pierre RENAUDIN - À l'origine de Naco, il y a un constat : les PME françaises sont sous capitalisées et les investisseurs traditionnels frileux pour investir. Or la région souhaite aider à la restructuration des entreprises et faire en sorte que le ratio entre les aides et les capitaux propres s'améliore. Un premier fonds Naco, dédié aux entreprises en création, en développement ou en reprise, a ainsi été créé en 2017. Abondé par des fonds européens Feder et des fonds régionaux, il a fonctionné sur une base de 36,5 millions d'euros jusqu'au mois de juin 2022.
L'idée est de convaincre des investisseurs d'intervenir là où ils ne le feraient pas seuls, d'accompagner des entreprises dans des filières, des secteurs ou des zones géographiques relativement désavantagés et de les rendre plus visibles. Enfin, cela permet de faire rentrer des fonds extérieurs à la région, parisiens en particulier, qui s'intéressent à des PME à potentiel de la région mais cherchent un appui régional pour faire l'opération. C'est la logique : Naco intervient toujours en co-investissement 50/50. Nous prenons le risque à deux.
Quel est le bilan du fonds Naco 1 ?
Le fonds a accompagné 78 PME et investi 36 millions d'euros depuis 2017 ! Malgré tout, dans notre portefeuille, 33 % des entreprises sont des startups. L'équilibre devrait être plus important ! D'où l'idée de lancer ce road show Naco qui consiste à organiser des réunions dans douze villes de la région, l'objectif étant de toucher des entreprises sous les radars mais très importantes du point de vue de l'aménagement du territoire. Une PME à la Souterraine de 50 salariés est beaucoup plus importante pour la vitalité de son territoire et de son bassin d'emploi qu'une PME de 150 personnes à Bordeaux.
L'Union européenne mobilise 25 millions d'euros pour le fonds Naco dans le cadre du programme React EU. A quoi servira cette nouvelle enveloppe ?
Plus axée sur la lutte contre les effet économiques du Covid, cette enveloppe est dédiée au financement de la relance et de la consolidation des entreprises néo-aquitaines. Il s'agit de financer et d'aider au redémarrage des entreprises viables, de participer au développement et à la création d'emplois sur le territoire mais d'accompagner et soutenir des entreprises qui apportent des réponses à la crise grâce à l'innovation. Nous venons par exemple de mettre trois millions d'euros, en co-investissement, dans Tehtris qui est spécialisée dans la cybersécurité.
Pour Naco 2, le principe est le même que pour Naco 1, l'investissement est compris entre 50.000 euros et trois millions d'euros pour une prise de participation minoritaire. En revanche, nous avons un an pour investir 25 millions, donc jusqu'à fin octobre 2023. Nous sommes déjà à six millions. De son côté, Naco 3, doté de 35 millions d'euros par l'Europe et de la Région, prendra ensuite le relais jusqu'en 2027, ce qui fait que l'ensemble des trois fonds Naco vont représenter un portefeuille doté de près de 100 millions d'euros ! Ce fonds d'investissement aura donc une certaine allure !
Comment fonctionnez-vous et quels sont les critères de sélection des entreprises ?
Nous travaillons avec un gestionnaire de fonds, en l'occurrence M Capital, qui n'intervient pas en délégation de gestion mais dans un rôle de conseil. C'est lui qui soumet à notre groupe de réflexion d'une vingtaine de personnes les projets qu'il a détectés. Pour les entreprises retenues, un travail d'analyse est mené, puis un comité d'engagement de Naco acte la décision d'investir ou non et avec quels partenaires. Un comité stratégique se tient par ailleurs deux fois par an pour vérifier la tenue des engagements sur le plan des secteurs à soutenir, des types d'entreprises, et des engagements écologiques, environnementaux et sociaux. Notre rôle consiste aussi à faire évoluer les entreprises sur ces aspects là. L'argent public doit servir à accompagner ces transformations.
Cinq ans après sa création, quel bilan tirez-vous de cet outil de co-investissement ?
L'outil existe et il s'est beaucoup professionnalisé depuis 2017. Naco est par ailleurs visible dans le paysage financier de la région, au niveau des banques d'investissements, des fonds d'investissements et des business angels. Donc on nous connaît du côté des financeurs. Il reste maintenant, comme je le disais, à être davantage visible auprès des entreprises.
//////////////////////////////
Des participations variées
Depuis 2017, Naco est notamment entré au capital d'entreprises telles qu'ADV Propulse, Aelis Farma, Carbon Waters, Carbonworks, Certis Therapeutics, Dioxycle, Dronisos, DynamicScreen, Elicit Plant, Epsilon Composite, FineHeart, Blue Valet, K-Ryole, Laou, Lucine, Luos, Opquast, Poietis, Sunna Design, Symbiose, Tehtris, Touch Sensity, Treefrog Therapeutics, Wanecque Métallerie ou encore Ysopia Bioscience.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !