Réindustrialisation : seulement 4 sites « clés en main » en Nouvelle-Aquitaine

Dans le cadre de son plan France 2030, l'Etat a fléché 4 sites « clés en main » en Nouvelle-Aquitaine pour accueillir de nouvelles activités industrielles. Un contingent resserré mais qui recèle de grandes capacités foncières et une disponibilité à courte échéance.
Maxime Giraudeau
L'ancien site de Ford à Blanquefort a été fléché par l'Etat pour accueillir de nouvelles activités.
L'ancien site de Ford à Blanquefort a été fléché par l'Etat pour accueillir de nouvelles activités. (Crédits : Suez Remediation)

L'Etat, premier promoteur de la réindustrialisation, pense avoir trouvé la solution pour attirer les grands projets sur son sol. Il a publié le 16 avril dernier la liste de 55 sites « clés en main » censés faciliter l'implantation d'industriels. Foncier disponible, accompagnement administratif, procédures accélérées : le gouvernement met ainsi 450 millions d'euros pour mettre des noms d'entreprise sur sa politique industrielle.

Alors que ce plan s'appuie largement sur les régions, la Nouvelle-Aquitaine ne compte que quatre sites référencés. Disponibles entre 2024 et 2030, ils concernent une base logistique et des terrains industriels, pour des superficies allant de 17 à 277 hectares. Comme l'Etat, les collectivités veulent insister sur la nécessité à reconvertir rapidement ces bases stratégiques. « Au regard de leurs ambitions, ils nécessitent un accompagnement sur-mesure, une mobilisation collective, afin de respecter leur calendrier et de préserver leur compétitivité face à une forte concurrence internationale », remarque ainsi Alain Rousset, président du conseil régional Nouvelle-Aquitaine. Tour d'horizon.

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  • La base logistique d'Intermarché (Deux-Sèvres)

Moins d'un an après sa fermeture, la base logistique d'Intermarché à Alloinay entrevoit déjà un rebond. L'entrepôt de 30.000m2 sur un site de 17 hectares a laissé sans emploi plus de 150 salariés, alors que le distributeur a déménagé son activité dans le département voisin de la Charente.

Entre Poitiers et Bordeaux, la base est située à distance des axes routiers N10 et A10. D'ores-et-déjà disponible pour être reprise, elle pourrait conserver un usage logistique puisque les acteurs du e-commerce sont très intéressés par les entrepôts déjà construits, qui leur permettent de s'affranchir des contraintes de la loi ZAN. Mais elle peut aussi aiguiser l'appétit de producteurs d'énergie renouvelable, comme cela s'est fait sur l'ex-site des Fonderies du Poitou dans le département voisin de la Vienne, avec un projet à base de photovoltaïque et d'hydrogène.

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  • Le vaste site poudrier d'Angoulême (Charente)

La friche de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) est un vieux dossier dans la cité angoumoisine. Sur les bords du fleuve Charente, il s'agit d'un terrain aujourd'hui rasé de 177 hectares qui a alimenté pendant près de deux siècles la production nationale de poudres et explosifs pour l'armée. Le site a employé jusqu'à 15.000 personnes au début du 20e siècle, avant un long déclin qui a conduit à l'arrêt de l'usine en 2004, suivi de quinze ans de travaux de démolition et dépollution.

Un ensemble toujours propriété de la SNPE, et donc à travers elle de l'Etat, qui serait disponible d'ici 2027 à 2030. En bord de fleuve, avec une telle superficie et à proximité de la LGV vers Bordeaux et Paris, c'est un emplacement stratégique pour une activité industrielle. Mais la communauté d'agglomération compte aussi dessus pour développer des programmes de logements et de services. Des projets qui s'annoncent difficile à concilier.

  • La reconversion des terrains de Ford à Blanquefort (Gironde)

« Nous avons répété aux intermédiaires représentant Ford que nous voulions une activité industrielle sur le site, que ce n'était pas négociable et qu'Amazon n'entrait pas dans le cahier des charges [pour s'implanter] »racontait l'an dernier à La Tribune Véronique Ferreira, la maire (PS) de Blanquefort. La reconversion industrielle était déjà bien engagée mais la labellisation de l'État vient parachever la mobilisation des élus du territoire pour conserver la vocation industrielle de ces 50 hectares au nord de Bordeaux.

Axtom Ford Blanquefort

La modélisation du projet de village industriel d'Axtom à Blanquefort. (crédit : Axtom)

L'aménageur Axtom, nouveau propriétaire, est à la manœuvre pour créer un « village industriel ». Activités économiques, énergies renouvelables ou datacenters : le projet sera multiple et va susciter l'appétit de grands groupes. Le fabricant de piles à hydrogène HDF Energy sera le premier à y inaugurer son usine dans les prochains mois.

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  • Le crépuscule fossile du bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques)

 Au pied des Pyrénées, Total Energies a extrait tout le gaz fossile d'un gisement qui alimenté jusqu'à un tiers des besoins français. L'exploitation a duré plus de cinquante ans avant de s'interrompre en 2013. Depuis, le géant pétrolier travaille à la reconversion d'un vaste complexe énergétique et industriel de 277 hectares.

Elyse Energy veut y construire deux usines de biocarburants et un site de production d'hydrogène, quand Alpha Chitin déjà installé à Lacq lancera la construction de son unité industrielle de fabrication de chitosane (molécules biosourcées capables de remplacer des matières synthétiques ou fossiles) dès 2025. Mais il reste encore de la place sur le bassin gazier, qui va connaître une nouvelle page de son histoire industrielle. La disponibilité des plateformes de Lacq et de Pradies va s'échelonner de 2025 à 2030.

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Maxime Giraudeau

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