Réindustrialisation : ces chantiers à suivre en 2024 en Nouvelle-Aquitaine

La Nouvelle-Aquitaine va inaugurer une poignée d'usines en 2024 mais de nombreux projets sont aussi dans les cartons pour la suite. Aéronautique, mobilité, énergie : voici les chantiers d'une réindustrialisation aux implantations pas toujours respectueuses de l'environnement.
Maxime Giraudeau
Une industrie énergétique va être inaugurée sur l'ancien site de Ford à Blanquefort en 2024.
Une industrie énergétique va être inaugurée sur l'ancien site de Ford à Blanquefort en 2024. (Crédits : Suez Remediation)

La réindustrialisation tricolore figure dans tous les discours politiques et économiques mais elle ne se matérialisera pas massivement dès 2024. C'est le constat que l'on peut formuler au regard des inaugurations d'usines prévues pour cette année en Nouvelle-Aquitaine.

Les usines qui doivent sortir de terre se comptent sur les doigts d'une main et feront bien des envieux une fois leur dernière pierre posée. Entre les délais d'autorisation, les enjeux environnementaux et les réglementations sur le foncier, s'engager dans une implantation industrielle relève d'un parcours périlleux. Certains choisissent donc de s'adosser à des industriels en reconversion.

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Mais si les porteurs de projets sont partisans d'une réindustrialisation verte, les implantations visées artificialisent parfois des terres et détruisent même des espaces naturels remarquables. Voici les chantiers majeurs d'une industrie de la transition écologique pleine de promesses.

Les inaugurations prévues en 2024

  • Hydrogène à Blanquefort

Des containers de piles à hydrogène. C'est d'abord un projet majeur de la métropole bordelaise qui doit se concrétiser dans les prochains mois avec celui d'HDF Energy. Le fabricant de piles à combustible va investir un bâtiment neuf de 7.000 m2 sur l'ancien site de Ford Aquitaine Industries à Blanquefort. Des terrains dont la vocation industrielle a été préservé au prix d'une longue bataille politique.

HDF Energy, PME cotée en bourse depuis 2021, veut fabriquer environ 70 piles à combustible par an sous-forme de containers. Des structures capables d'alimenter les transports, des bus aux navettes fluviales, en décarbonant leur propulsion. L'usine construite pour 20 millions d'euros va dans un premier temps employer une centaine de personnes et vise une montée en puissance progressive jusqu'en 2030 pour augmenter sa surface et ses capacités de production.

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  • Biocarburant dans les Landes

Carburer au pin des Landes sera bientôt possible. Le groupe étasunien Ryam implanté à Tartas dans la forêt des Landes de Gascogne s'apprête à achever la transformation d'une partie de son usine de cellulose du pin. La firme qui emploie 325 personnes sur site va ainsi devenir producteur de bioéthanol E5, E10 et E85. Des biocarburants 50 % à 70 % moins émissifs que le pétrole, si l'on ne prend pas en compte le coût environnemental de la culture du pin indique un rapport de la Cour des Comptes.

Ryam veut produire à Tartas l'équivalent de 18 millions de litres chaque année pour alimenter le marché régional. Le groupe s'est engagé sur un investissement de 35 millions d'euros.

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  • Avions électriques en Charente-Maritime

La construction d'un bâtiment industriel sur l'aéroport de Rochefort pour la société Voltaero, qui développe et fabrique un avion électrique-hybride, a démarré l'an dernier. L'usine comprendra trois lignes d'assemblage, un atelier, une zone logistique et un bureau d'études pour une livraison prévue au mois de juin 2024. Voltaero emploie actuellement 35 salariés et ce sont 60 collaborateurs qui emménageront sur l'aéroport de Rochefort - Charente-Maritime à la livraison du bâtiment. À terme, l'usine emploiera 150 personnes. La certification de Cassio, l'avion hybride-électrique de Voltaero, est attendue fin 2024 et les premiers avions devraient sortir de l'usine de Rochefort début 2025.

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  • Micro-voitures électriques dans les Deux-Sèvres

Un bassin de l'automobile thermique qui doit faire sa transition. Voilà le défi de l'industrie de Cerizay, au nord des Deux-Sèvres, dans lequel s'inscrit la startup Kate. L'aspirant constructeur va démarrer la fabrication de sa micro-voiture électrique courant 2024 en inaugurant une ligne de production dans l'usine de NoSmoke qu'elle a racheté. L'industriel fabrique déjà des véhicules électriques, mais seulement sur le marché de la voiture de plage.

D'ici 2027, Kate veut produire 40.000 modèles par an de sa K1, pour un prix de vente ambitionné de 15.000 euros l'unité. Un quadricycle lourd doté de 200 kilomètres d'autonomie et qui nécessite le permis B. Avec la promesse de recruter plusieurs centaines de personnes d'ici quatre ans, sur un territoire marqué par l'échec du projet Mia Electric dans les années 2010.

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  • Dassault à Mérignac

L'avion d'affaires peut-il exister dans un futur décarboné ? Dassault veut y croire et va achever cette année l'édification de deux nouveaux bâtiments pour construire son Falcon 10X sur la zone aéroportuaire de Mérignac. Un jet d'une autonomie de 14.000 kilomètres capable d'embarquer des carburants durables d'aviation (SAF) dont les premiers modèles pourrait être livrés en 2025. Le constructeur va bénéficier des moteurs dernière génération de Rolls Royce qui s'est implanté cette année à proximité immédiate.

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Comme l'a révélé en décembre Rue89 Bordeaux, Dassault va raser six hectares de forêts pour fabriquer son nouveau bijou volant. Et cela avec une dispense d'étude d'impact environnemental accordée par les services de l'État malgré la présence de zone humide, d'espèces protégées et de nappes aquatiques. Le chantier des 30.000 m2 de bâtiments a débuté et pourrait s'achever cette année.

Les grands chantiers en attente d'autorisation

  • Dirigeables géants en nord Gironde

Onze ans après sa création, Flying Whales aimerait vraiment décoller. Après une concertation locale tenue début 2023, le futur constructeur de dirigeables dédiés à la logistique en milieu extrême met les gaz. Il enrichit actuellement son dossier avec les services de l'État pour implanter une usine d'envergure inédite à Laruscade au nord de la Gironde : deux bâtiments de 70 mètres de hauteur, une piste de décollage et des entrepôts sur 75 hectares de zone naturelle et forestière.

En octobre, l'Autorité environnementale a rendu un avis qui a largement questionné la localisation de Flying Whales au regard des impacts énormes sur le vivant. L'instance consultative a souligné les lacunes de l'étude d'impact et les motifs qui l'ont conduit à convoiter à tout prix ce « réservoir de biodiversité ». Soutenu ardemment par l'État et la Région, le porteur va déposer son dossier en 2024.

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  •  Saumons au Verdon

Produire du saumon local plutôt qu'à l'autre bout de l'Europe ne fait pas l'unanimité à l'embouchure de l'Estuaire de la Gironde. La société Pure Salmon veut y implanter une « ferme-usine » pour alimenter le marché français sur la friche industrielle du Verdon-sur-Mer. À l'automne, elle a de nouveau déposé ses demandes d'autorisation après les avoir retirées face aux lacunes pointées par la DDTM concernant l'impact sur les nappes souterraines.

Le projet promu par le Grand Port maritime de Bordeaux est présenté comme capital pour l'emploi sur un territoire en mal d'attractivité. Mais il se voit aussi décrié par les associations environnementales et animalistes qui s'opposent nettement à son implantation. L'enquête publique devrait se tenir cette année.

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  • Kérosène vert à Lacq

La forêt des Landes va être mise à contribution pour un autre projet de biocarburants : celui mené par Elyse Energy sur le bassin de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques. Deux usines et un site de fabrication d'hydrogène doivent sortir de terre d'ici 2028 au plus tard. Avec pour objectif de produire d'un côté du biokérosène pour l'aviation et de l'autre du méthanol pour le maritime. Deux carburants obtenus à partir de biomasse pour un investissement record de 2 milliards d'euros.

Un gigantisme dénoncé par des associations environnementales qui pointent l'arrachage de centaines de milliers de tonnes d'arbres nécessaires chaque année pour faire tourner la machine. Le consortium industriel veut également pomper de l'eau dans le gave de Pau pour produire son hydrogène. A la clé, 200 emplois directs et des retombées économiques majeures pour le bassin béarnais en voie de transition.

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Maxime Giraudeau

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