Avant de changer d'emploi, les trois tendances de l'évolution professionnelle à connaître

En quatre ans, les conseillers en évolution professionnelle ont vu le nombre de personnes accompagnées doubler en Nouvelle-Aquitaine. Les interrogations autour des mobilités et reconversions sont croissantes, avec des inquiétudes de chômage de longue durée dans certains secteurs faute d'accompagnement.
Maxime Giraudeau
Les locaux de l'entreprise Dedalus près de Bordeaux.
Les locaux de l'entreprise Dedalus près de Bordeaux. (Crédits : MG / La Tribune)

Une envie irrémédiable de changement au travail vous a pris ? Cette volonté n'est pas si incongrue. Un peu plus de la moitié des Français veulent changer de métier ou démissionner selon un sondage Ifop pour 365 Talents. Si la hiérarchie en entreprise freine parfois les mobilités professionnelles, les travailleurs sont bien plus volatiles qu'auparavant. Seuls 20 % d'entre eux accordent une place très importance au travail dans leur vie. C'était trois fois plus il y a 30 ans.

Une mobilité accrue que le Conseil en évolution professionnelle (CEP) observe en Nouvelle-Aquitaine. En quatre ans, le nombre de personnes accompagnées a doublé pour ce service public initié et encadré par la loi depuis 2014. Et trois tendances se dégagent.

Lire aussiGrande démission ? Les salariés veulent d'abord évoluer dans leur secteur professionnel

La recherche de la qualité de vie au travail

Une demande qui tombe sous le sens, et pourtant. De nombreuses organisations délaissent les questions de bien-être au travail et d'équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Avec pour conséquence un manque d'attractivité dans certaines filières et des pénuries de recrutement, comme dans l'hôtellerie-restauration, l'industrie ou la santé.

« Ce qui touche à la qualité managériale, la qualité de vie au travail sont des facteurs de plus en plus importants dans les choix professionnels, abonde Gérald Maury, directeur de projet du CEP Nouvelle-Aquitaine. L'attente se fait au niveau de l'intérêt général, le bien commun est en train d'émerger dans les éléments qui favorisent une prise de décision. Dans quelle mesure mon job participe au bien commun ? », relaie-t-il.

Une dimension de responsabilité sociétale que les entreprises doivent prendre en compte pour attirer, notamment les jeunes, a fortiori sur un marché de l'emploi où le taux de chômage est tombé à 7,5 %. « À condition qu'il y ait des réponses concrètes et en prise avec les besoins des salariés. Le green et le social washing ça ne passe pas ! Ça ne peut pas être qu'une question marketing », prévient cependant Hélène Ibanez, la secrétaire général de la fédération CFDT sur les questions d'emploi.

Des inquiétudes de chômage persistant dans les secteurs en tension

L'industrie et la construction en perte de repères. Un renouvellement encore balbutiant pour le premier secteur, une crise qui frappe durement pour le second. Et derrière, des salariés en quête d'une nouvelle dynamique. Dans tous les départements de Nouvelle-Aquitaine, le nombre de personnes accompagnées dans une évolution professionnelle et issues de ces deux secteurs sont en hausse par rapport à 2020.

Industrie et construction représentent dans certains département 20 % et jusqu'à 25 % des dossiers. C'est le cas en Charente, Corrèze, Creuse, Dordogne, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres et Haute-Vienne. Mais dans tous les départements, les personnes issues des secteurs du commerce et de la santé arrivent en tête des demandes d'évolution. « Le commerce, le bâtiment, la santé et le social aussi connaissent des difficultés endémiques au niveau de l'organisation en lien avec toute la période Covid et post-Covid qui a impacté ces salariés-là », relie Gérald Maury tout en précisant que « ce n'est pas parce qu'un salarié vient nous voir qu'il veut forcément quitter son emploi, les personnes veulent avant tout évoluer dans leur propre secteur voire dans leur propre entreprise ».

« Les services qui gèrent la prévention et l'accompagnement auprès de ces personnes ne doivent pas être sous dotés ! Aujourd'hui, les moyens alloués sont insuffisants, tance Hélène Ibanez, en pointant notamment la Carsat. Le risque c'est qu'en étant peu accompagnés, des gens peuvent s'enfermer dans une situation de chômage de longue durée. Cela entraîne des demandeurs d'emploi flexibles qui vont souvent changer d'emploi et, à côté, toute une catégorie qui va avoir beaucoup de mal à sortir d'une situation de chômage très précaire qui risque d'être renforcée par les nouvelles règles de l'assurance chômage », alerte-t-elle.

Lire aussi« Sortir de la privation d'emploi » : un quartier de Bordeaux devient Territoire zéro chômeur

Le modèle indépendant plébiscité

Le rêve de l'indépendance et la quête de l'autonomie animent de plus en plus. Une part croissante de salariés décide de s'émanciper de l'entreprise pour partir en électron libre. Une vague favorisée par le dispositif démission/reconversion qui permet aux démissionnaire de bénéficier d'une période d'ouverture de droits au chômage le temps de se lancer dans son nouveau projet.

« Il y a effectivement une augmentation du niveau d'appétence pour l'activité indépendante, c'est aussi en relation avec des questionnements autour de la qualité de vie au travail, de la recherche de sens et d'un meilleur équilibre entre vie pro et perso », observe le directeur de projet. La semaine de quatre jours expérimentée dans certaines entreprises, l'apparition de l'intérim dans des secteurs qui en sont traditionnellement éloignés comme la santé ou la percée du télétravail se développent. Mais ces pistes ne suffisent pas toujours selon la responsable CFDT. « Avoir des projets personnels, ce n'est pas du tout pris en compte dans l'organisation du travail donc oui l'indépendance pour certaines personnes est une réponse. »

Lire aussiMétiers, revenus, âges : qui sont les auto-entrepreneurs en Aquitaine ?

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 21/07/2024 à 8:15
Signaler
Un conseil quand même, les patrons compétents et intelligents sont tellement rares que je pense que souvent il vaut mieux que le salarié change d'orientation pour rester avec ce bon patron. Les chiffres sont sans appel pour un patronna complètement d...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.