La filière nautique néo-aquitaine sur le pont en vue des Assises de la mer à Bordeaux

Décarbonation, formation, attractivité : les contours de la feuille de route des industries nautiques et navales sont en train d'être dessinés en Nouvelle-Aquitaine. Votée l'an dernier par les élus régionaux, elle fixera le cap jusqu'en 2028. Le deuxième comité de pilotage s'est tenu le 27 juin dernier pour récolter les avis des parties prenantes en vue des Assises de l'économie de la mer qui se tiendront à Bordeaux en novembre 2024.
L'Hermione, de passage à Bordeaux, en 2018.
L'Hermione, de passage à Bordeaux, en 2018. (Crédits : Thibaud Moritz / IP3)

« Nous n'avons pas suffisamment développé nos espaces maritimes ! », constate l'élu Rémi Justinien, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine et vice-président du port de La Rochelle. La quarantaine d'acteurs réunis autour de la table à Bordeaux ce 28 juin ont pris note. Ils ont répondu à une sollicitation de la Région pour se positionner comme potentiels futurs partenaires de la feuille de route des industries nautiques et navales. Parmi eux, des collectivités, des clusters, des institutions, des services de l'État, des entreprises, des ports, des organismes de formation et bien d'autres acteurs. L'association Atlantic cluster, créée par la Région et la Communauté d'agglomération de La Rochelle en 2017, regroupe l'ensemble des acteurs nautiques et navals néo-aquitains afin de favoriser le développement de projets communs. Avec une centaine d'adhérents au compteur, elle souhaite devenir l'un des acteurs référents du projet.

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Décarboner la filière

« Certains acteurs ont fait part d'une forte volonté d'engagement dans leurs réponses », déclare Marjorie Gorge, chargée de mission filières nautique, navale et glisse de la région Nouvelle-Aquitaine. Parmi eux, on retrouve le cluster régional de la filière chimie ACD Nouvelle-Aquitaine et CANOE, le centre régional de transfert technologique des matériaux composites et avancés. Ces entités, qui accompagnent des groupes industriels dans les procédés de R&D et de fabrication de nouveaux produits, souhaitent travailler autour du cycle de vie des bateaux en proposant des solutions de recyclage des déchets nautiques lors des phases de déconstruction et de construction, dans une logique de décarbonation de l'industrie.

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Également investi dans le projet, le pôle de compétitivité spécialisé dans la gestion d'énergie, S2E2, souhaite présenter des réseaux énergétiques intelligents pour offrir une mobilité plus écologique aux navires. Cela se traduirait par le déploiement de l'énergie verte, notamment solaire et éolien, grâce à l'innovation technologique. Le rétrofit, l'utilisation de l'hydrogène ou de la cogénération ont notamment été évoqués. Des mesures séduisantes au premier abord, mais qui ont besoin de l'impulsion de la région. « Il faut prioriser des actions, aller vite sans non plus tout faire d'un coup. Nous savons faire quand il faut accélérer, alors avançons », insiste Gaëlle Pallu de La Barrière, directrice d'Atlantic cluster.

La formation à la peine

D'autres acteurs s'inquiètent aussi du manque d'attractivité de la filière nautique. « L'association Hermione-La Fayette cherche toujours plus de soutien pour promouvoir ses formations », déclare Yann Binot, responsable des formations. Si la célèbre association dédiée à la reconstruction du navire historique demande de l'aide, c'est parce que le métier manque d'attrait. Et son statut d'organisme reconnu, acquis en 2021, n'y change rien. « Nos métiers sont perçus comme des métiers peu brillants et nos lieux de formation n'attirent pas les vocations », pointe Gaëlle Pallu de La Barrière.

Les contours de la feuille de route sont définis. Prochaine étape aux alentours dans quatre mois, les 19 et 20 novembre lors des Assises de l'économie de la Mer qui se tiendront à Bordeaux. Et le temps presse : « Si nous n'avons pas avancé d'ici là, alors j'estimerai que l'on aura échoué », prévient d'ores-et-déjà Rémi Justinien. Le cap est fixé !

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