![Plusieurs structures régionales dédiées à la lutte contre les fractures numériques viennent de fermer.](https://static.latribune.fr/full_width/2388151/inclusion.jpg)
C'est avec « amertume, colère et tristesse » que le directeur général d'Hubikoop, Grégoire Prudhon a annoncé sur les réseaux sociaux la fermeture de la structure, tête de pont de l'écosystème de l'inclusion numérique en Nouvelle-Aquitaine. Dans le sillage de la stratégie nationale pour un numérique inclusif porté par le gouvernement, Hubikoop avait été créé il y a cinq ans comme d'autres « hubs » territoriaux de l'inclusion numérique.
Ses missions ? Être une courroie de transmission entre l'État et les structures locales de l'inclusion numérique et animer l'écosystème de façon à renforcer la coopération entre les acteurs à l'échelle régionale et professionnaliser le secteur largement porté par des associations.
Un modèle hybride difficile à tenir
À son lancement, Hubikoop avait bénéficié comme les autres hubs territoriaux d'un fonds d'amorçage financé par l'État de 440.000 euros pour deux ans. `À charge ensuite de trouver un modèle économique lui permettant de voler de ses propres ailes. « Dès le départ, le développement d'un chiffre d'affaires était donc un impératif, dans l'idée d'assurer un modèle économique hybride. Les financements provenaient donc essentiellement de la réponse à des appels d'offre, qui demandent du temps et de l'énergie, sans garantie de succès », explique Grégoire Prudhon.
Après une année 2023 sans subvention publique, l'agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) a proposé pour 2024 et 2025 une aide de 80.000 euros par an pour couvrir la prise en charge de deux postes.
La particularité de Hubikoop est que, contrairement à d'autres hubs territoriaux de l'inclusion numérique, la structure n'es pas intégrée à un consortium régional. « Partant du constat qu'il y a des besoins (30 % des Français sont considérés comme éloignés du numérique) et un accompagnement de l'État, nos prédécesseurs ont fait le choix en 2020 d'un hub à 100 % dédié à l'inclusion numérique, quand d'autres hubs équilibrent leur modèle en faisant partie d'un ensemble qui propose d'autres activités », commente Vincent Lhullier, responsable de la communication d'Hubikoop.
Assimilée à une structure étatique du fait de ses origines, le hub n'a pas non plus bénéficié d'accompagnement de la part de la Région Nouvelle-Aquitaine. Plutôt que de poursuivre l'activité de façon dégradée en diminuant ses effectifs de six à deux salariés, Hubikoop a donc décidé de fermer ses portes.
« Cette annonce commence à faire réagir, notamment les conseils départementaux les moins avancés dans le chantier de l'inclusion numérique, et ce alors que tous doivent rendre une feuille de route de leurs engagements d'ici le mois d'octobre. Beaucoup d'acteurs locaux se demandent aussi comment va s'organiser la coordination des actions d'inclusion numérique en Nouvelle-Aquitaine », constate Grégoire Prudhon.
Des acteurs de l'inclusion numérique très fragilisés Coopérative de design numérique basée à Paris et à Bordeaux, qui concevait des produits et interfaces favorisant le développement de l'autonomie des utilisateurs, la société Praticable a également fermé ses portes il y a quelques semaines. Autre acteur de l'inclusion numérique, le Bordelais Aptic a été liquidé en janvier 2024. Cette société coopérative d'intérêt collectif (Scic), concevant des outils en faveur de l'inclusion, portait notamment le dispositif du Pass numérique, destiné à financer des services pour favoriser la formation des personnes éloignées du numérique aux compétences de base. En août 2023, son fondateur Gérald Elbaze rappelait la fragilité du modèle économique des acteurs du secteur et la nécessité de trouver un schéma viable.
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