La lune de miel entre Easyjet et l'aéroport de Bordeaux-Mérignac

Alors que le divorce est consommé avec Ryanair, l'aéroport de Bordeaux met en scène sa bonne entente avec Easyjet, une autre compagnie à bas coût. Présente en Gironde depuis 18 ans, celle-ci annonce deux ouvertures de lignes au départ de Bordeaux et pourrait bien profiter du contexte pour y muscler encore son jeu. Sur le sujet de la piste secondaire et des nuisances sonores, l'aéroport attend les décisions de l'Etat et le plus tôt sera le mieux.
Déjà numéro un à Bordeaux, Easyjet ouvre deux nouvelles destinations et pourrait s’intéresser aux opportunités qui seront libérées par sa concurrente Ryanair dès 2025.
Déjà numéro un à Bordeaux, Easyjet ouvre deux nouvelles destinations et pourrait s’intéresser aux opportunités qui seront libérées par sa concurrente Ryanair dès 2025. (Crédits : SA ADBM)

« Un partenaire de marque, solide et ancien. Avec des lignes qui ont du sens pour le territoire, pour ses habitants comme pour ses entreprises. On a besoin de vous ! » Simon Dreschel, le président du directoire de l'aéroport de Bordeaux, ne s'adresse évidemment pas à Ryanair, qui vient d'annoncer la fermeture de sa base bordelaise, mais à Reginald Otten, le directeur adjoint d'Easyjet en France. Ce dernier était de passage en Gironde ce 11 juin pour marquer, en retour, son attachement à sa base bordelaise ouverte il y a six ans et qui compte quatre avions et 200 salariés.

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Près d'un tiers de parts de marché

« Nous avons transporté plus de 21 millions de passagers à Bordeaux depuis notre arrivée en 2006 ! L'ouverture de notre base en 2018 a tout changé et nous sommes aujourd'hui la première compagnie à l'aéroport de Bordeaux avec 31 % de parts de marché et 2,2 millions de passagers en 2023 », s'est félicité Reginald Otten. Ce dernier a le sourire des grands jours puisque la compagnie à bas coût britannique a renoué avec son trafic d'avant Covid depuis le début de l'année 2024. « Et le nombre de passagers va continuer à augmenter », ajoute-t-il aussitôt, annonçant de nouvelles dessertes vers Zurich et Rome Fiumicino pour porter à 33 le nombre de destinations desservies par Easyjet.

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Quant à savoir si la compagnie orange compte occuper les espaces laissés vacants après le départ de Ryanair cet automne, Reginald Otten laisse planer un faux mystère : « On verra bien ce qu'il se passe mais maintenant que nous avons renoué avec notre trafic pré-Covid, nous voulons continuer à progresser. » Du côté de l'aéroport bordelais, on n'est guère plus bavard tout en promettant des annonces pour la rentrée de septembre en vue de la saison estivale 2025. « Nous sommes très sollicités depuis quelques semaines ! Bordeaux attire beaucoup de compagnies de toutes sortes, certaines sont déjà présentes ici et d'autres non », souligne ainsi Cyrielle Clément, la directrice du développement des lignes. « Nous ne pouvons pas refuser d'accueillir des compagnies mais notre objectif c'est d'éviter d'ouvrir de nouvelles destinations où le seul intérêt serait d'avoir des prix cassés pour remplir les avions. »

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Et est-ce que cela suffira à compenser les 1,7 millions transportés par Ryanair en 2023 ?« C'est difficile à dire à ce stade mais nous n'avons pas d'inquiétudes particulières », assure Simon Dreschel, qui précise, par ailleurs, que les divergences avec Ryanair étaient commerciales et financières mais pas seulement : « Nous avons à l'aéroport un plan stratégique fort où il est question d'énergies renouvelables, de carburants aériens durables et d'investissements immobiliers. Il y a avait peu de répondant de la part de Ryanair sur ces sujets. » À l'inverse, Easyjet s'est empressée de mettre en avant son hypothétique objectif de réduction de -80 % son empreinte carbone en 2050 par rapport à 2019 et de captation des 20 % d'émissions restantes de CO2.

Easyjet soigne sa clientèle d'affaires

Si le trafic purement touristique reste nettement majoritaire au sein de la clientèle d'Easyjet, il est de moins en moins hégémonique. Au départ de Bordeaux, les voyages d'affaires pèsent désormais 36 % du total, contre 23 % en moyenne en France, et dépassent même les 40 % pour les liaisons domestiques vers Lyon et Marseille. « On avait des inquiétudes mais le voyage d'affaires est bien de retour après les années de crise sanitaire », constate Reginald Otten.

Les sujets chauds bientôt tranchés ?

D'autres sujets stratégiques secouent l'aéroport bordelais depuis plusieurs mois dont les nuisances sonores, les vols de nuits et l'avenir de la piste secondaire. Autant de sujets sur lesquels Christine Bost, la présidente de Bordeaux Métropole s'est récemment exprimée. « Sur la piste secondaire, notre position est claire : d'un point de vue technique et financier, il est préférable de la fermer, réagit Simon Dreschel. Sur l'arrêt des vols de nuit, nous y sommes favorables mais en plaçant le curseur au bon endroit pour éviter d'avoir un couvre-feu trop strict qui ferait fuir des compagnies. »

Mais sur ces deux sujets, c'est bien l'Etat qui est à la manœuvre et qui doit se prononcer dans les prochaines semaines à moins que les élections législatives des 30 juin et 7 juillet ne retardent le calendrier. Pour l'aéroport, quelle que soit la décision, le plus tôt sera le mieux.

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Commentaires 2
à écrit le 16/06/2024 à 16:21
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Mais que fait TRANSAVIA ? Mais que faire AIR FRANCE KLM ?

à écrit le 11/06/2024 à 20:49
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Il est oú Transavia la petite française le fleuron blah blah.

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