![L'un des trois avions Ryanair basés à Bordeaux sera retiré dès le mois de juillet 2024 avant la fermeture de la base et des 40 dessertes au mois de novembre.](https://static.latribune.fr/full_width/2376356/ryanair.jpg)
Une semaine après l'annonce fracassante par Ryanair de la fermeture de sa base bordelaise dès le mois de novembre prochain, Patrick Seguin sort de son silence pour donner le point de vue de la Chambre de commerce et d'industrie de Gironde. Avec 25 % du capital, l'instance consulaire est le deuxième actionnaire de l'aéroport de Bordeaux Mérignac après l'Etat (60 %) et devant les collectivités locales (15 %). Et son président n'exprime ni tristesse ni inquiétude de voir partir la compagnie low-cost irlandaise qui opérait en Gironde depuis 2009 avant d'y ouvrir une base en 2019.
« Les relations ont toujours été compliquées avec Ryanair qui a des pratiques commerciales un peu particulières », rappelle Patrick Seguin, qui évoque « un conflit pendant six ans devant le tribunal arbitral de Genève puis la volonté de Ryanair de renégocier ses conditions tarifaires en demandant une remise commerciale conséquente ». C'est face au refus de l'aéroport que la compagnie irlandaise a décidé de faire ses valises : « Nous n'avons pas du tout apprécié le chantage à l'emploi de Ryanair mais ces contrats low-cost faisaient perdre de l'argent à l'aéroport donc ce n'est pas une mauvaise nouvelle d'y mettre fin », poursuit Patrick Seguin. « Je ne vous dirai pas que je suis triste parce que je ne le suis pas. Je ne suis pas fan du low-cost qui n'est pas un modèle économique, écologique et sociétal durable », avait également déclaré Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, au micro de TV7.
Une clientèle « vite remplacée »
D'autant que Patrick Seguin, qui représente le tissu économique girondin, ne se montre pas inquiet quant à l'impact que pourrait avoir ce départ sur les flux touristiques : « Ryanair s'en va... Ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Nous avons déjà une quarantaine de compagnies aériennes intéressées pour reprendre les créneaux libérés. La clientèle de Ryanair sera vite remplacée, nous ne sommes pas inquiets ! » D'autant que le départ de la compagnie irlandaise devrait permettre à l'aéroport d'atteindre plus facilement son objectif de réduire la part du trafic à bas coût. De 72 % en 2023, le low-cost a vocation à être ramené à 60 % puis 50 % à l'horizon 2027. Easyjet et Volotea continuent à opérer depuis Bordeaux et pourraient récupérer des créneaux libérés par leur concurrente.
Mais le départ de Ryanair, qui pesait plus de 20 % du trafic bordelais l'an dernier, pourrait néanmoins pénaliser, au moins temporairement, l'économie touristique girondine qui traverse une conjoncture compliquée. « On constate une morosité ambiante en ce début d'année 2024 avec une conjoncture pas brillante, plutôt décevante. Les entreprises ont des problèmes de trésorerie, de carnets de commandes et de marge », égrène Patrick Seguin. 755 dossiers de procédures collectives ont ainsi été enregistrés en Gironde au premier trimestre 2024, en hausse de 55 % par rapport au dernier trimestre 2023 et à comparer aux 1.668 dossiers de l'ensemble de l'année dernière.
Ces difficultés se cristallisent dans trois secteurs : le bâtiment, les cafés-hôtels-restaurants et la filière viticole. « Nous sommes inquiets de cette multiplication des dossiers qui ne peuvent plus survivre avec l'effet de rattrapage du quoi qu'il en coûte, le remboursement des prêts garantis par l'Etat et des impayés de l'Urssaf et des impôts », contextualise Patrick Seguin, appelant à nouveau les chefs d'entreprise à anticiper davantage les difficultés en sollicitant le tribunal de commerce le plus tôt possible.
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