![L'incendie de Landiras, en Gironde, pendant l'été 2022 a marqué les esprits mais l'été 2024 devrait être moins inflammable.](https://static.latribune.fr/full_width/2397794/incendie-de-landiras-reprise-en-aout-2022.jpg)
LA TRIBUNE - Quel rôle joue Météo-France dans la lutte contre les feux de forêt ?
Charlotte COUTURE - Les prévisionnistes surveillent toutes les zones à risques, notamment en Nouvelle-Aquitaine. La région est divisée en cinquante zones, établissant un maillage territorial plus précis. J'effectue chaque jour des analyses météorologiques en m'appuyant sur plusieurs indicateurs, comme le taux d'humidité ou la rotation du vent, afin de prévenir les dangers. Ces données permettent d'actualiser la météo des forêts, informant ainsi le public sur les conditions météorologiques susceptibles de favoriser, ou non, les risques d'incendie.
Un autre dispositif, beaucoup plus important, coordonne un grand nombre d'institutions telles que la Sécurité civile, l'Office national des forêts, la préfecture et Météo-France. Les prévisionnistes en font partie en transmettant chaque jour leur expertise à la Sécurité civile. En cas de départ de feu, les pompiers peuvent nous appeler pour obtenir des bulletins météorologiques concernant la rotation des vents et l'évolution de l'humidité. Des informations cruciales pour permettre aux équipes sur le terrain de s'adapter efficacement et de mener à bien la lutte contre les incendies. Météo-France forme les pompiers à l'utilisation du site internet et à l'interprétation des cartographies mises à leur disposition.
Les nappes phréatiques sont-elles suffisamment rechargées en cas d'incendies cet été ?
La période de recharge des nappes, s'étalant de septembre à mars, a atteint son plus haut niveau depuis 1960 ! Les cumuls pluviométriques des dernières années indiquent que 949 millimètres de précipitations sont tombés pendant la période de recharge des nappes phréatiques entre 2023 et 2024. C'est presque le double par rapport à l'année précédente (565 millimètres de précipitations entre 2022 et 2023). Les huit derniers mois ont été marqués par des précipitations supérieures à la normale, avec des mois d'octobre, novembre, février, mars et mai enregistrant des quantités de pluie deux fois plus élevées que la moyenne. La végétation ne peut pas absorber autant d'eau et le surplus s'infiltre dans les sols. De cette façon, les nappes phréatiques se remplissent et humidifient les sols, ce qui limite ainsi le risque de sécheresse et de propagation des incendies. Mais nous restons vigilants, même si seul l'extrême sud de la région Nouvelle-Aquitaine reste aujourd'hui plus sec que les normales de saison.
Quelle tendance pouvez-vous dégager pour la saison des feux de cet été ?
On ne peut pas encore dégager de tendance précise pour cet été. Malgré tout, la forte quantité de précipitations que nous avons eu ces derniers mois, juin inclus, nous permet de repousser le début de la saison des feux jusqu'à la mi-juillet dans le Sud-Ouest, sauf en cas de grosse canicule. Si c'est le cas, cela assèchera une masse de végétation plus importante qui a poussé à cause des derniers épisodes de pluie. Il y aura donc plus de combustible disponible lors de potentiel départ de feux. Par contre, la saison des feux pourrait être gérable si l'été continue d'être marqué par des précipitations régulières.
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