Absorber le carbone émis pour contenir l'emballement climatique ? Rien de nouveau sur le principe puisque la Terre fait déjà le boulot. Loin des procédés innovants et encore incertains d'usines de captation du carbone, des startups proposent d'optimiser les couverts végétaux pour améliorer la capacité de séquestration du gaz à effet de serre.
Ces jeunes entreprises utilisent l'imagerie satellite disponible en accès libre ou payant pour qualifier la nature des sols et estimer leur potentiel de captation. Le dynamisme du secteur fait déjà apparaître des poids lourds puisque la Britannique Sylvera a levé 57 millions de dollars l'an passé et Planet Labs aux États-Unis, propriétaire de ses propres satellites, en a levé 100 de plus. Dans leur ombre, la Française Netcarbon, jeune pousse et petit poucet, a rassemblé un million d'euros auprès du fonds public européen 4elements.
Monétiser le carbone capté
Modeste mais reconnue. En 2022, la structure basée à Bordeaux a été incubée au sein de l'agence spatiale européenne (ESA) pour améliorer l'utilisation de la donnée satellite et les performances de son outil. « L'enjeu pour nous c'est de faire évoluer notre technologie, il faut améliorer la précision de notre algorithme, présente Adrien Mazeau, cofondateur de Netcarbon. L'ESA a vu passer énormément de startups dans le domaine spatial et elle nous a permis d'éviter de faire des erreurs dans notre logique de commercialisation. »
Les clients potentiels de la startup créée en 2022 se trouvent dans le monde de l'agriculture, des collectivités ou des entreprises. Autant de structures qui peuvent tirer un bénéfice du stockage de gaz à effet de serre, puisque chaque tonne captée peut être convertie sous forme de crédits carbone mis en vente sur une marketplace développée par Netcarbon. Grâce à l'outil de simulation basé sur les images satellites, ses clients peuvent « mesurer l'impact d'un changement de pratique sur le stockage carbone en fonction du type de sol et de plantation ».
Les villes se bougent
Une expertise qui se décline dans un logiciel Saas (Software as a service) proposé à l'abonnement. Le service est facturé en fonction du nombre d'hectares que possède la coopérative agricole, l'entreprise ou la collectivité intéressée. Les clients de Netcarbon déboursent en moyenne 30.000 euros par an pour des emprises foncières qui tournent autour de 15.000 hectares. Bordeaux Métropole a notamment souscrit à la démarche dans le cadre de son programme de plantation d'un million d'arbres, tout comme la SNCF ou Vinci.
« L'enjeu pour une telle métropole, c'est de voir comment on déploie la végétalisation à grande échelle. Il ne faut pas se contenter de planter des arbres isolés, la végétation basse permet aussi de récréer un écosystème et de maximiser le stockage. Il faut aussi une vision à long terme, à horizon 2050 voire au-delà », avertit Adrien Mazeau. Le sujet intéresse partout. « Il y a un énorme dynamisme en Europe, 100 villes européennes se sont engagées à contribuer à l'objectif de neutralité carbone en intégrant une dimension d'augmentation du stockage carbone », observe-t-il. Et côté entreprises, il y a déjà du monde dans les rangs.
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