Logistique : Midipile lève des fonds pour fabriquer les premiers exemplaires de son véhicule léger

La startup charentaise Midipile Mobility annonce une levée de deux millions d'euros pour lancer une ligne de fabrication de son véhicule électrique dédié à la micro-logistique. Un tour de table bouclé alors que le marché du véhicule intermédiaire explose mais que les startups aux ambitions industrielles peinent aussi à financer leur projet.
Maxime Giraudeau
En 2023, Midipile a présenté son prototype le plus abouti : un véhicule léger, électrique, capable de se faufiler en ville ou sur zone d'activités.
En 2023, Midipile a présenté son prototype le plus abouti : un véhicule léger, électrique, capable de se faufiler en ville ou sur zone d'activités. (Crédits : MG / La Tribune)

La route est longue mais aussi sinueuse pour fabriquer un petit véhicule à grande échelle. Le dirigeant de Midipile Mobility, Benoît Trouvé, un ancien de l'automobile devenu concepteur de véhicule léger, le constate parmi ses pairs. « Sur les 50 équipes de l'Extrême défi organisé par l'Ademe, quinze équipes ont réalisé un prototype et trois seulement ont réussi à lever des fonds pour aller jusqu'au modèle de série. » Dans ce trio, il y a donc la startup charentaise Midipile qui annonce un tour de table ce 5 juin de deux millions d'euros.

L'équipe qui conçoit un véhicule léger dédié à la logistique et à la mobilité décarbonée s'est attirée les faveurs de plusieurs structures d'investissement. La moitié de la levée concerne de l'equity avec la participation du fonds citoyen Team for the planet, de business angels, Welike Startups et la chaudronnerie Lespinasse en Charente qui va accueillir la ligne pilote. L'autre moitié est abondée par des subventions de Bpifrance, la Région Nouvelle-Aquitaine, l'Ademe à travers un concours et l'Europe.

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Un tour de table bouclé non sans difficultés dans un domaine où les barrières à l'entrée sont gigantesques. « Le modèle de la startup industrielle est très risqué, il y a très peu de fonds en capacité d'y répondre. Ça se compte presque sur les doigts d'une main en France. L'automobile est un secteur qui aujourd'hui bouge énormément et très vite avec une concurrence internationale très forte. On se sent un peu miraculé par rapport à notre secteur », réagit pour La Tribune Benoît Trouvé.

L'adossement industriel

Pour clore la phase d'incubation débutée en 2020, la dizaine de salariés a investi les murs de la chaudronnerie Lespinasse, à quelques kilomètres d'Angoulême. Et ce, dans le but de déployer une ligne pilote de fabrication et d'assemblage du véhicule doté d'une autonomie de 100 km et capable d'embarquer 300 kg de charge utile. L'aspirant constructeur veut fabriquer cinq modèles de pré-série en 2025 puis une soixantaine l'année suivante.

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Avec ses manettes et ses pédales, le système de pilotage du véhicule léger est à mi-chemin entre la voiture et le vélo. (crédit photos : MG / La Tribune)

Des synergies certaines vont émerger de ce nouveau départ, alors que le site regorge de compétences en découpe laser, soudure et peinture. « On échange un bail locatif sur un peu plus de deux ans contre des parts sociales dans la société. L'avantage pour nous c'est d'éviter d'investir dans des machines. Si on se crash, on n'aura pas payé de loyers pendant deux ans et demi. C'est hyper intéressant car derrière, tout le monde a envie que ça réussisse. En plus de cet échange financier, il y a un mentorat stratégique et entrepreneurial intéressant », déroule Benoît Trouvé.

Une façon aussi de faciliter l'amorçage industriel sans avoir besoin de construire une usine ou de réhabiliter une friche. Dans les Deux-Sèvres, les entrepreneurs de la startup Kate ont par exemple choisi de racheter le site du constructeur Nosmoke pour démarrer la fabrication d'une micro-voiture électrique cette année. Ou quand la réindustrialisation des territoires passe aussi par l'adossement des startups montantes aux industries existantes.

« Entre le vélo et la voiture, il y a de la place »

Face aux investissements colossaux nécessaires dans le domaine de l'automobile, les jeunes pousses françaises se battent avec peu de moyens. C'est le cas dans la région d'Avatar Mobilité qui compte sur des financements de l'Europe pour valider son prototype ou de Gazelle Tech qui court après une troisième levée de fonds et l'homologation de son véhicule léger et éco-conçu depuis plusieurs années.

Midipile va pouvoir quant à elle bénéficier de l'appui du Moove Lab à Paris, un incubateur de la mobilité qui l'a sélectionnée au côté d'une dizaine d'autres startups du secteur pour intégrer ses rangs jusqu'à l'automne. « Ce qu'on a apprécié chez Midipile, c'est qu'ils se différencient sur un marché où il n'est justement pas facile de se différencier, évoque Clément Guillemot, directeur des programmes startups pour Via ID au sein du Moove Lab. L'équipe a des connaissances dans l'automobile et elle est relativement jeune. Elle est capable de créer un véhicule qui correspond totalement à un besoin. »

Si les projets industriels sont difficiles à financer, le marché lui est bien en train de s'ouvrir pour les véhicules intermédiaires. « Entre le vélo et la voiture, il y a de la place pour des véhicules qui correspondent mieux aux nouveaux usages, fait valoir Clément Guillemot. Le marché devrait s'ouvrir pour ce type de véhicule car il est en phase avec l'évolution des réglementations : les ZFE arrivent, les véhicules thermiques seront interdits en 2035 et la notion de frugalité des matériaux apparaît. On voit beaucoup de projets fleurir, il y a un vrai momentum. »

Un mouvement issu des attentes du grand public à rendre plus accessible la mobilité électrique. Dans ce défi, l'Asie se trouve en position hégémonique avec ses petits modèles à bas coût produits en grandes séries. Les grands constructeurs européens comme les startups auront du mal à rivaliser sans une certaine dose de protectionnisme aux frontières du continent.

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Maxime Giraudeau

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