Une pluie de financements citoyens pour quatre startups à impact en Gironde

Plus de sept millions d'euros rassemblés pour des startups girondines. La coalition citoyenne pour le climat Team for the Planet annonce, coup sur coup, des projets de financement pour les entreprises Air Booster, Beyond the Sea, Geev et Seaturns. Avec une option aussi sur Midipile Mobility. Une aubaine pour ces pépites précurseures sur leurs marchés et qui peinent à mobiliser des fonds.
Maxime Giraudeau
Beyond the Sea vient de recevoir 4,5 millions d'euros de Team for the Planet.
Beyond the Sea vient de recevoir 4,5 millions d'euros de Team for the Planet. (Crédits : Beyond the Sea)

Ne comptez plus six mais dix-huit mois. Tel est l'avertissement désormais adressé aux jeunes entreprises innovantes pour leur quête de fonds. La conjoncture difficile rattrape tout le monde, des figures les plus expérimentées jusqu'aux startups à impact. Alors quand un collectif citoyen annonce une flopée de financements pour cinq greentech innovantes et implantées en Gironde, l'écosystème a de quoi jubiler.

Team for the Planet a ainsi validé des nouveaux apports pour trois startups : Air Booster en février et son système de chauffage renouvelable des bâtiments métalliques (1,5 million d'euros), après Seaturns qui conçoit un flotteur pour produire de l'électricité avec l'énergie houlomotrice de la mer (800.000 euros) et Geev en décembre avec son application de don d'objets entre particuliers et professionnels (500 000 euros).

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Trois entreprises pas encore sereines sur leurs marchés, par nature émergents, et qui ont ainsi été lauréates d'un long processus de sélection. Avec ses 120.000 sociétaires, Team for the Planet étudie les dossiers des entreprises candidates au financement via des analyses de potentiel de réduction des émissions carbone, de modèle économique et de débouché, seulement pour des innovations en open source. Le fonds à impact ne promet pas de retour financier à long terme mais une contribution à diminuer les émissions carbone émises sur la planète. Ses comités citoyen et scientifique ont été convaincus par les dossiers girondins.

Repli de la finance participative

Les investisseurs ont également choisi de réinjecter des fonds dans Beyond the Sea, avec un montant record de 4,5 millions d'euros. Une entreprise soutenue par le collectif depuis janvier 2022 et qui conçoit des ailes de kitesurf géantes pour décarboner les paquebots de la marine marchande. Les équipes sont basées sur la Bassin d'Arcachon et s'apprêtent à tester leurs ailes sur de premiers cargos.

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Autre représentante régionale, la startup Midipile Mobility, basée à Angoulême et présente à Bordeaux, pourrait également être financée dans les prochaines semaines. Son véhicule éco-conçu et bas-carbone dédié à la logistique urbaine bénéficie d'un potentiel commercial important auprès des collectivités notamment, mais cherche comment passer à l'échelle industrielle. Les membres du collectif décideront de l'investissement en assemblée générale.

Une pluie d'argent frais d'autant plus bienvenue qu'en 2023 la finance participative a connu un léger repli pour la première fois en dix ans. Pour les lauréats, les fonds reçus donnent du crédit à la viabilité du projet mais viennent aussi palier un manque d'intérêt de la finance privée. « On est sur un projet deeptech avec un marché lointain, des études longues à aboutir. Les fonds d'investissement ont du mal à se positionner dans cette phase-là, déplore Vincent Tournerie, fondateur de Seaturns. Jusqu'ici on passait pas mal de temps à chercher des financements, l'arrivée de Team va nous permettre de nous consacrer pleinement à l'évolution technique et commerciale du produit », salue-t-il.

Forte demande, faibles capacités

Avec deux salariés, le dirigeant travaille à la conception d'un prototype de son flotteur à l'échelle 1/4, avant des essais à l'échelle 1 pour l'année prochaine. Ensuite seulement interviendra la phase de pré-commercialisation des turbines, sur un marché des fermes houlomotrices pour l'heure seulement soutenu par des appels à projet publics, comme celui porté par la Région Nouvelle-Aquitaine au large de Biarritz. « Les technologies d'énergies renouvelables ont de l'écho auprès des fonds publics, mais les fonds privés ont un peu plus de mal à s'y mettre », observe Vincent Tournerie.

Même frustration pour les dirigeants d'Air Booster, basés au Haillan, dont les carnets de commande sont bien remplis. La société développe un dispositif breveté en tôle capable de réchauffer l'air des bâtiments métalliques lorsqu'ils sont exposés au soleil. Puis de diffuser cet air chaud dans l'enceinte de la structure. Un système de chaleur renouvelable qui intéresse de nombreux acquéreurs, mais beaucoup moins les investisseurs. « Notre objectif pour 2024 c'est 600.000 euros de chiffre d'affaires mais notre pipe commercial s'élève à 6,5 millions d'euros. On a eu du mal jusqu'ici à transformer l'essai mais Team for the Planet va nous y aider », espère Christophe Fourcaud, qui a fondé la startup en 2019.

Le crowdfunding, plan B des startups

En plus du million et demi, Air Booster est allé chercher un million supplémentaire en financement non-dilutif. De quoi lui permettre de se doter d'outils industriels pour honorer davantage de commandes cette année, à destination des entrepôts professionnels, d'écoles ou des actifs immobiliers de grands groupes comme la RATP ou La Poste.

Chercher des fonds directement auprès des citoyens est une pratique qui se développe de plus en plus chez les jeunes pousses, pour des questions idéologiques mais aussi face aux nouvelles exigences du capital-risque. C'est le cas de Geev qui a bouclé une levée de fonds participative sur Tudigo d'1,6 million d'euros, mais aussi de Rematch dans le domaine du sport. Pas de quoi pour autant faire perdre de vue les exigences de rentabilité, car les entreprises promettent des tickets de sortie pouvant être de deux à cinq fois supérieurs à la mise de départ. Ce que certaines figures de la première génération French Tech n'ont pas réussi à tenir.

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Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 19/02/2024 à 8:17
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Nous ne pouvons que regretter que cet argent public, utilisé là vertueusement, soit à 90% pompé par ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant. Hélas j'ai bien peur qu'avec nos 10% de vertueux contre 90% de pognon vicieux la guerre soit dé...

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