Avec Vela, François Gabart se lance dans la course à la décarbonation du transport maritime

Créée il y a un an par François Gabart et quatre associés, la startup Vela implantée à Bayonne et Paris prévoit de lever dix millions d'euros d'ici fin 2023. Pour ensuite armer ses premiers bateaux dès 2025 pour transporter des marchandises entre la France et les Etats-Unis. Les explications de Pierre-Arnaud Vallon, le PDG.
Le skipper François Gabart, au centre, et les quatre associés derrière Vela.
Le skipper François Gabart, au centre, et les quatre associés derrière Vela. (Crédits : Julien Vallon)

Le top départ a été donné mardi à la maison de la Nouvelle-Aquitaine à Paris, puis ce mercredi à Bayonne. Créée en 2022 par cinq cofondateurs - le vainqueur du Vendée Globe en 2013 François Gabart, Pierre-Arnaud Vallon, Thibault Charles, Michaël Fernandez Ferri et Pascal Galacteros - Vela se lance à son tour dans la course à la décarbonation du transport maritime, qui représente à lui seul 3 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales.

Puisque 90 % des marchandises transitent par les océans et que les prix du pétrole son structurellement en hausse, des armateurs tels que Bolloré Logistics et CMA CGM, ainsi qu'une armada de startups - dont Beyond the Sea, Wisamo (spinoff de Michelin), Seawing (spinoff d'Airbus), Airseas ou encore Neoline, Towt et Les Frères de la Cote - se sont attaqués au défi de la décarbonation. En convertissant les cargos à l'électrique, à l'hydrogène ou à l'énergie gratuite et illimitée du vent en les équipant de différents types de voiles. Voire en les remplaçant par d'autres bateaux, comme le prévoit Vela avec ses trimarans de 66 mètres de long sur 25 de large capables de charger 560 palettes, soit 51 conteneurs, transportés 100 % à la voile.

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Axe transatlantique

« Nous nous concentrons sur l'axe transatlantique car on peut y faire de la voile toute l'année et parce que les Etats-Unis constituent le second pays d'export pour les fabricants de produits à haute valeur ajoutée (maroquinerie, vins, cosmétiques, art ..) », expose Pierre-Arnaud Vallon, le PDG de Vela. Après avoir réussi une première traversée en décembre dernier, la startup prévoit de commencer au second semestre la construction de ses trois premiers bateaux, qui devraient hisser les voiles en 2025. «
Nous avons trouvé des partenaires bancaires qui financeront 75% de la construction et nous prévoyons d'apporter le solde grâce à des investisseurs que nous commençons à solliciter », poursuit le dirigeant. L'objectif est de lever dix millions d'euros d'ici la fin de l'année et de démarrer, en parallèle, le recrutement des équipes et la recherche du constructeur. Vela est en discussion avec les différents acteurs français, mais regarde aussi de l'autre côté des Pyrénées.

Vela

Le catamaran conçu par Vela pour le transport de marchandises (crédits : Vela).

« Nous nous sommes installés à Bayonne, où nous avons été formidablement bien accueillis, car nous sommes trois à être originaires de la région Nouvelle-Aquitaine. Nous estimons que la partie Sud de la cote atlantique a le plus fort potentiel », détaille Pierre-Arnaud Vallon. Et d'énumérer les points forts de la ville, dont sa situation géographique - proche de l'Espagne et de la plateforme logistique multimodale de Mouguerre reliée notamment à l'Italie en train- mais aussi la possibilité de créer des infrastructures sur mesure dans ce port dit secondaire.

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« Nous sommes aussi présents à Paris, car nos futurs clients et investisseurs s'y trouvent, et nous prévoyons d'avoir un bureau à New York où l'un de nous s'installera pour recruter une équipe de skippeurs et développer notre clientèle américaine exportant en Europe », poursuit le cofondateur. Des traversées pourraient être opérées depuis Bayonn mais aussi Bordeaux, Rochefort et La Rochelle. Parmi les premiers cas d'usages évoqués figurent le transport de Cognac depuis ces ports vers la côte Est des Etats-Unis, le premier pays consommateur.

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Le nom Vela, qui veut dire « voile » en latin, a été choisi en vue de l'internalisation, mais aussi car elle fait référence à une constellation bien connue des marins avec cinq étoiles brillantes, autant que les membres de l'équipe de Vela qui ont décidé de s'unir sur le plan professionnel durant la crise sanitaire qui avait tant perturbé les chaines logistiques.

Des prix de plus en plus compétitifs

« Notre solution offre à la fois de la sécurité - les bateaux sont suivis et leur arrivée est annoncée à l'heure près, de la flexibilité -les départs et arrivées se font de plus petits ports au plus près des entrepôts -, de la rapidité - un délai de traversée de moins de 15 jours, inférieure aux cargos- et une empreinte très réduite, alors que le transport est pour les entreprises souvent le poste d'émission le plus important », explique Pierre-Arnaud Vallon.

Pour ce qui est du prix, la startup souligne le fait qu'il soit fixe et ce sur plusieurs années. « Les prix du transport par cargo sont très fluctuants et dépendent de la taille du client, mais nous pouvons dire que nos prix ont déjà été équivalents et sont d'ores et déjà deux à quatre moins importants que ceux du fret aérien. Pour les produits avec lesquels nous souhaitons débuter, le transport sur nos bateaux ne représentera que quelques centimes », plaide le cofondateur.

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Un tiers du marché mondial

D'après l'association professionnelle Wind Ship, à laquelle appartient Vela, la « filière française des navires propulsés par le vent est prête à fournir un tiers du marché mondial, mais elle doit avoir équipé cent navires d'ici 2025 pour tenir cette ambition ». La filière estime que près de 300 emplois ont déjà été créées, au sein d'une dizaine d'entreprises développant des systèmes de propulsion, de quatre compagnies d'armement et dans les services annexes, et que dix fois plus de postes directs peuvent être créés d'ici 2030, à condition de trouver des financements. Un argument que la filière ne manquera pas de rappeler au secrétaire d'Etat de la Mer, Hervé Berville, qui retrouvera les acteurs de la filière lors de l'évènement « Wind for Goods », dont la deuxième édition se déroulera à Saint-Nazaire les 1er et 2 juin prochains.

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