La biotech Baas aide les viticulteurs à traiter mieux et moins grâce à l'ADN des spores

La startup Baas, pour Biology as a solution, aide les viticulteurs à allier performance économique et environnementale. À partir de pièges à spores positionnés dans les vignes, l'entreprise girondine détecte les pathogènes avant même l'apparition des symptômes ! Une anticipation qui doit permettre d'appliquer des traitements raisonnés et ciblés pour agir au bon moment avec la bonne molécule.
Biology as a Solution (Baas) est une entreprise créée en 2019 par Jérémie Brusini, titulaire d'un master en Parasitologie et d'un doctorat en Pathologie Végétale (INRA de Bordeaux).
Biology as a Solution (Baas) est une entreprise créée en 2019 par Jérémie Brusini, titulaire d'un master en Parasitologie et d'un doctorat en Pathologie Végétale (INRA de Bordeaux). (Crédits : Hélène Lerivrain)

Un biologiste, un mathématicien et un informaticien ont associé leurs compétences pour créer Biology as a solution (Baas) qui a recours au diagnostic ADN pour lutter contre les pathogènes de la vigne. « Les maladies fongiques, du fait de leurs capacités à produire rapidement des quantités gigantesques de spores, sont de redoutables ennemies des cultures », rappelle Jérémie Brusini, fondateur de Baas. En partant de là, l'entreprise implantée à Martillac (Gironde), a développé des pièges à spores qui permettent de détecter de manière précoce la présence de mildiou notamment dans les vignes, avant l'apparition des symptômes.

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Aider à prendre la bonne décision

Les pièges sont récupérés, envoyés en laboratoire où Baas se charge d'extraire l'ADN contenu dans les échantillons et de l'analyser. Puis, les résultats sont restitués au viticulteur en fin de journée via une application développée par Baas. Et ainsi, deux fois par semaine. Le principe ? Donner un temps d'avance aux viticulteurs pour lutter contre le mildiou et les autres maladies cryptogamiques de la vigne et surtout leur permettre de traiter au bon moment avec la bonne molécule ! « Nous les aidons à prendre les bonnes décisions », explique Jérémie Brusini. En utilisant ces pièges et en ayant eu accès à une information en temps réel, l'un de ses clients a pu décaler son traitement d'un mois. Il a économisé 800 grammes de cuivre à l'hectare. « L'idée est vraiment d'allier performance économique et environnementale », explique Jérémie Brusini.

Car le problème est le suivant. « Plus on traite, plus on a de résistance, et plus on a de résistance, plus on a de mildiou donc plus on traite, et ainsi de suite. Pour casser ce cercle et avoir une approche raisonnée et ciblée, nous apportons de la donnée scientifique. » Au-delà de voir le début des pics infectieux en temps réel grâce aux relevés, Baas fait d'ailleurs aussi de la prédiction en utilisant les données météo.

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Des laboratoires de proximité

À ce stade, Baas compte une vingtaine de clients en Gironde, dans le Gers et en Charente notamment, plus particulièrement en agriculture biologique. Mais l'entreprise cible aussi les syndicats viticoles et les caves coopératives. « L'intérêt est d'avoir une vision sur un territoire donné mais aussi, pour eux, de mutualiser les coûts. Il faut compter 400 euros par mois de suivi. » Pour se développer, Baas envisage la création de laboratoires de proximité, idéalement dans chaque AOC, pour optimiser les temps de livraison et la délivrance des résultats. Le premier pourrait être lancé en Gironde dans le Médoc, où l'entreprise a déjà plusieurs clients, ou en Charente.

Mais le nerf de la guerre étant l'argent, l'entreprise est en recherche de financements. « C'est typiquement le type de projet qui pourrait bénéficier du fonds VitiRev Innovation, géré par Demeter, et doté de 70 millions d'euros », souligne Mathieu Hazouard, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué aux enjeux numériques qui s'est rendu dans l'entreprise ce vendredi 12 avril. La Région Nouvelle-Aquitaine a déjà accompagné l'entreprise à hauteur de 50.000 euros en 2023 via son dispositif « soutien à l'innovation numérique ». Cette aide a permis le développement de l'application.

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