ESS : en plein dynamisme, La Ruche fête ses dix ans à Bordeaux

Arrivée en ville aux balbutiements de l'économie sociale et solidaire à Bordeaux, l'incubateur La Ruche vient de fêter ses dix ans. De quoi annoncer le lancement d'un programme dédié à l'emploi en insertion puis l'ouverture d'un tiers-lieu pour 2025, dans un secteur qui cherche la clé de l'accès au financement.
Maxime Giraudeau
Le lieu de coworking et d'incubation de La Ruche se déploie sur 170 m2 d'espaces partagés dans le centre-ville de Bordeaux.
Le lieu de coworking et d'incubation de La Ruche se déploie sur 170 m2 d'espaces partagés dans le centre-ville de Bordeaux. (Crédits : La Ruche)

Dix ans d'existence. Dans la nouvelle vague urbaine de l'économie sociale et solidaire à Bordeaux, elles sont peu, les structures qui peuvent déjà fêter leur décade. La Ruche, incubateur dédié aux projets d'innovation sociale originaire de Paris, est de ces initiatrices qui ont cru et lancé le mouvement dans le renouveau urbain des années 2010 à Bordeaux. Une arrivée girondine en 2014, la même année que l'ouverture du campement d'entreprises de l'écosystème Darwin sur la rive droite.

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Depuis, le secteur bouillonne avec l'émergence de nombreux lieux d'accompagnement. « Le terreau est assez propice à Bordeaux et en Nouvelle-Aquitaine. L'écosystème est très dense, avec une belle collaboration entre toutes les structures, pas seulement celles issues de l'ESS d'ailleurs », observe Nathalie Le Roux, directrice de La Ruche Bordeaux. Au-delà de l'accueil des équipes via la location de bureaux en centre-ville, la structure a accompagné plus de 550 projets à impact en six ans, depuis la création de son programme d'émergence. Trois ans après avoir suivi le parcours, 75 % des entreprises sont toujours en activité. Le tout pour 160 emplois créés.

Vers un tiers-lieu grand public

« Quand La Ruche est arrivée à Bordeaux, ça avait fait bruisser dans l'écosystème local car elle venait de Paris, se remémore Elise Depecker, directrice de l'incubateur d'innovation sociale Atis. Aujourd'hui, la multitude d'offres montre l'intérêt à accompagner l'innovation sociale. La Ruche s'est démarquée sur la question de l'inclusivité, au début en s'adressant aux femmes puis aux personnes éloignées de l'entrepreneuriat. »

Un petite pierre dans le modeste édifice de l'ESS qui, à Bordeaux Métropole comme en France, pèse pour 10 à 12 % de l'économie globale en valeur. D'où l'importance pour les porteurs de projets d'être spécifiquement accompagnés. Si la présence d'acteurs complémentaires permet de se structurer à chaque étape, La Ruche veut aller plus loin sur deux maillons. Elle va lancer un programme d'événements dédié à des personnes éloignées de l'emploi mais porteuses d'idées pour leur présenter les dispositifs d'accompagnement existants dans l'ESS. Cette « Raffinerie des possibles » ainsi qu'elle est appelée prendra place à la Cité Bleue, nouveau lieu alternatif émergent au nord du centre-ville. Autre résolution, s'ouvrir davantage au grand public avec l'ouverture d'un tiers-lieu pour 2025 dans le quartier Saint-Michel.

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Trop petits financements

Malgré le dynamisme du secteur, beaucoup pointent un plafond de verre à aller encore plus loin à cause des difficultés d'accès au financement. « Il y a une complexité pour une structure comme la nôtre à lever des fonds chaque année. Je mobilise beaucoup de partenaires à chaque fois et c'est fatiguant car on devrait passer beaucoup plus de temps à travailler sur l'impact de nos projets », adresse Nathalie Le Roux. Telle la doléance pour des financements sécurisés et à long terme exprimée sur le forum national de l'ESS à Niort fin janvier.

« Le financement c'est le premier besoin pour les projets accompagnés. Soit ils craquent le code de leur modèle économique rapidement, soit ils doivent aller vers du micro-crédit », montre la responsable. Les acteurs classiques de l'investissement, banques ou fonds privés, sont souvent frileux à soutenir les modèles coopératifs quand il s'agit de projets aux besoins importants. En témoigne la récente liquidation de Railcoop qui, entre autres insuffisances, n'a jamais réussi à convaincre un acteur de poids pour l'accompagner.

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Maxime Giraudeau

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