Vols de nuit, trafic, nuisances sonores : l'aéroport de Bordeaux rappelé à l'ordre par la Métropole

Christine Bost, la nouvelle présidente de Bordeaux Métropole, fixe le cap vis-à-vis du développement de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. Encadrement des vols de nuit, nuisances sonores, trafic low cost, vols militaires et avenir de la piste sécante : les sujets d'inquiétude voire d'agacement sont nombreux pour les riverains et certains divisent le territoire.
La piste secondaire, ou piste sécante, dont l'avenir est en question accueille entre 10 % et 15 % du trafic de l'aéroport de Bordeaux Mérignac.
La piste secondaire, ou piste sécante, dont l'avenir est en question accueille entre 10 % et 15 % du trafic de l'aéroport de Bordeaux Mérignac. (Crédits : SA ADBM/Arnaud Bouissou)

« L'aéroport de Bordeaux est un outil indispensable, précieux et pourvoyeur d'activité économique et d'emplois pour le territoire [...] Mais il convient de le maîtriser et d'en mesurer l'impact sur l'environnement et les habitants », a prévenu Christine Bost, ce mardi 28 mai. La présidente (PS) de Bordeaux Métropole, qui est également maire d'Eysines, tient à clarifier ses positions alors que l'actualité de l'aéroport est marquée par le départ annoncé de Ryanair, par une étude sur l'impact des vols de nuit et par une série de réunions publiques liées aux nuisances sonores de la plateforme.

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Vers un encadrement des vols de nuit

Alors que l'aéroport bordelais est l'un des seuls en France à ne pas faire l'objet de restrictions sur les vols nocturnes, « les élus métropolitains demandent collégialement une interdiction des vols de 22h à 6h », annonce ainsi Christine Bost. Bordeaux Métropole n'est qu'un actionnaire minoritaire de la plateforme aéroportuaire derrière l'Etat (60 %) et la Chambre de commerce et d'industrie (25 %). Le préfet doit présenter fin juin les résultats d'une étude sur le sujet avant la tenue d'une enquête publique.

« Sur les vols de nuit, nous n'avons pas de restrictions mais ce n'est pas de notre responsabilité, c'est l'État qui décide. De notre côté, nous avons augmenté les tarifs la nuit : un avion qui se pose entre minuit et 5h paie deux fois plus cher sa redevance d'atterrissage », expliquait l'an dernier Simon Dreschel, le président du directoire de l'aéroport, qui évoquait « entre six et sept vols par nuit en moyenne ».

L'avenir incertain de la piste sécante

L'autre sujet brûlant pour les dizaines de milliers de riverains c'est l'avenir de la piste sécante, ou piste secondaire, qui accueille entre 10 % et 15 % du trafic de l'aéroport. Là encore c'est l'Etat, via la DGAC (direction générale de l'aviation civile), qui décidera a priori d'ici la fin de l'année 2024. La direction de l'aéroport privilégie sa fermeture à l'horizon 2026 pour pouvoir développer le trafic de la piste principale mais aussi de nouvelles activités. Cela entraînerait mécaniquement une redistribution géographique des nuisances sonores de l'aéroport. Mais la position de Christine Bost est sensiblement différente : « Les communes d'Eysines, du Haillan, Saint-Jean-d'Illac, Bruges, Blanquefort et Parempuyre, qui subissent déjà 85 % du trafic, ne peuvent pas accepter la conjonction de la suppression de cette piste et d'une augmentation du trafic, ce serait intolérable ! »

Et celle qui est aussi maire d'Eysines d'appeler à « la solidarité » et au « maintien de la piste sécante dont l'utilisation doit rester raisonnable. » Une position qui ne plaira pas aux maires de Pessac, Talence et Martignas-sur-Jalle. Ces derniers militent ouvertement depuis plusieurs années pour la fermeture de la piste et chaque camp organise actuellement des réunions publiques pour mobiliser ses habitants.

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La croissance du trafic aérien pointée du doigt

Mais plus largement, c'est bien l'impact global du trafic aérien qui est questionné par la patronne de la Métropole :

« Les habitants ont goûté au calme pendant la crise sanitaire lorsque le trafic aérien a fortement diminué après le record de 2019. Aujourd'hui la population est assez à cran, il faut bien le dire. Une multiplication par 1,5 ou deux du trafic serait inacceptable ! Tout cela doit être maîtrisé ou contenu. »

Les vols d'entraînement sur les Rafale de Dassault Aviation, qui se multiplient à l'aéroport de Bordeaux, sont également dans le collimateur de la Métropole.

Pour autant, il n'est pas question pour Christine Bost, à la tête d'une majorité PS-EELV-PCF, de plaider pour un plafonnement ou une décroissance du trafic commercial bordelais. « Une telle décision doit bien mesurer l'impact économique et ne pourrait être prise que par le législateur à l'échelle nationale », évacue Christine Bost. « L'aéroport a toujours un objectif de croissance et c'est normal mais il ne s'agit plus d'atteindre 12 ou 16 millions de passagers. » Avec 6,6 millions de voyageurs en 2023, l'aéroport de Bordeaux-Mérignac a retrouvé 85 % de ses passagers de 2019, soit une reprise moins forte que la tendance enregistrée au niveau national qui frôle les 95 %.

Et Christine Bost ne se fait d'ailleurs pas d'illusion après l'annonce du départ de Ryanair, qualifiée de « compagnie sans foi ni loi. » : « Je crois que le trafic de Ryanair sera remplacé et que les destinations attireront d'autres compagnies, pas nécessairement que des low cost. D'autant qu'il serait bon de mettre un peu de cohérence pour éviter de desservir depuis Bordeaux des destinations distantes de seulement quelques kilomètres comme Vérone et Venise... » Mais, là encore, ni la Métropole ni l'aéroport ne peut interdire à une compagnie d'opérer depuis le tarmac bordelais.

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Commentaire 1
à écrit le 29/05/2024 à 8:23
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Ah tout cet espace gaspillé pour rien ! Enfin si pour polluer et rendre les gens encore plus idiots.

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