Ryanair quitte Bordeaux « après avoir vampirisé les aides publiques »

Ryanair fermera sa base de Bordeaux et y supprimera tous ses vols à compter du mois de novembre. L'un de ses trois avions quittera même le tarmac bordelais dès juillet après l'échec des négociations sur les ristournes commerciales accordées par l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. Le syndicat SNPNC-FO demande un plan de sauvegarde de la centaine de salariés girondins et dénonce l'attitude de Ryanair qui ferme sa base « après s'être bien gavée d'aides financières faramineuses ».
L'un des trois avions Ryanair basés à Bordeaux sera retiré dès le mois de juillet 2024 avant la fermeture de la base et des 40 dessertes au mois de novembre.
L'un des trois avions Ryanair basés à Bordeaux sera retiré dès le mois de juillet 2024 avant la fermeture de la base et des 40 dessertes au mois de novembre. (Crédits : SA ADBM / Appa)

« Dès que Ryanair a fini de vampiriser les aides publiques, ils s'en vont vers un autre aéroport français ou européen. C'est sur cette concurrence stérile entre les territoires qu'est fondé leur modèle de billets par chers », dénonce Damien Mourgues, le délégué syndical SNPNC-FO de la compagnie à bas coût à Bordeaux. La centaine de salariés girondins de Ryanair a pris un coup sur la tête ce lundi 13 mai lors de l'annonce de la fermeture de la base et de ses 40 dessertes d'ici novembre et du retrait d'un de ses trois avions dès le mois de juillet. « On sentait malgré tout venir cette décision après les déclarations de la direction mi-mars mais l'enjeu c'est d'obtenir un plan de sauvegarde de l'emploi et des garanties », poursuit le délégué syndical.

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Les salariés de la compagnie irlandaise, dont une partie sont étrangers, seront invités à des mobilités vers les bases de Beauvais et Marseille ou dans « des bases moins coûteuses situées ailleurs dans le vaste réseau d'aéroports du groupe en Europe », indique la direction. C'est un coup dur pour l'aéroport de Bordeaux-Mérignac qui se voit amputé de plus de 20 % de son trafic de 2023, qui reste encore nettement inférieur à celui de l'avant Covid notamment à cause de la fermeture de la navette vers Orly.

Les professionnels du tourisme regrettent « cet impact négatif » sur l'activité des hôtels et restaurant de la région bordelaise mais sans s'inquiéter outre mesure. « Ce n'est pas agréable de perdre des clients potentiels mais ce n'est pas non plus catastrophique, les touristes trouveront d'autres moyens de venir à Bordeaux, y compris par le train même si celui-ci est souvent cher et complet », relativise Franck Chaumès, le président de l'Umih de Gironde. Le restaurateur invite surtout les pouvoirs publics à exiger le remboursement des aides publiques perçues. De leur côté, les élus locaux, à la Métropole, à la ville de Mérignac et à la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux Gironde n'ont pas souhaité réagir à cette annonce.

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« L'ampleur des aides accordées est considérable »

Car c'est bien là la raison du départ soudain de Ryanair qui le justifie par « l'augmentation des coûts ». Un différend commercial confirmé par l'aéroport : « Nous avons posé des limites aux exigences de Ryanair. Nous ne souhaitions pas son départ et ils sont toujours les bienvenus. » Concrètement, la compagnie irlandaise souhaitait pousser son avantage en obtenant de nouvelles ristournes commerciales quand, dans le même temps, la Chambre régionale des comptes a expressément demandé à la plateforme girondine de réduire ce type d'incitations financières. Depuis des années, le 8e aéroport français a en effet massivement soutenu l'essor du trafic low-cost avec des redevances inférieures de 30 % au sein du terminal Billi dédié aux compagnies à bas coût et mis en service en 2010 et une palette de ristournes commerciales. Comme l'explique la Cour des comptes, dans son rapport d'octobre 2023, les contrats avec ces compagnies « prévoient une aide financière par passager versée par l'aéroport conditionnée à une certaine croissance de trafic ou à l'ouverture de lignes, ainsi qu'un soutien marketing [...] L'ampleur des aides accordées est considérable, le montant versé par passager amené (au départ) étant sans commune mesure avec les mesures incitatives générales. »

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Il est question de plusieurs millions d'euros par an, jusqu'à représenter 55 % de l'excédent brut d'exploitation de la plateforme en 2021, selon la Cour des comptes qui alertait à l'époque sur « le caractère non transparent, potentiellement discriminatoire et disproportionné des aides incitatives perçues par certaines compagnies dans le cadre des contrats spéciaux ». L'an dernier, le low-cost pesait 71 % du trafic de l'aéroport de Bordeaux qui souhaite désormais ramener cette part autour de 60 %, soit le niveau moyen des grands aéroports régionaux. « « C'est avec un tapis rouge déroulé par les autorités aéroportuaires locales (soutenues par les collectivités territoriales et l'Etat) sous formes d'aides financières que Ryanair s'est implantée en Gironde [...] La compagnie quitte Bordeaux après s'être bien gavée d'aides publiques », appuie également le SNPNC-FO.

Pour mémoire, pour des problèmes de trafic, de tarifications et/ou de poursuites juridiques, Ryanair a déjà fermé brutalement ses opérations à Marseille en 2011, à Montpellier en 2019, aux Canaries début 2020 ou encore à Bruxelles-Zaventem en 2023. La compagnie low-cost est revenue à Marseille quelques mois plus tard et aux Canaries au printemps 2023. « La perte de Bordeaux sera un gain pour d'autres aéroports à travers l'Europe », ajoute Ryanair. « Cet été, nous ouvrirons cinq nouvelles bases aériennes à Copenhague, Dubrovnik, Reggio Calabre, Tanger et Trieste. »

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Commentaires 26
à écrit le 17/05/2024 à 8:38
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Nos dirigeant sont faibles.

à écrit le 16/05/2024 à 23:20
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Bon débarras de l exploiteur! l archétype de l ´anglo-saxon 19eme siècle … j ai jamais pris ses avions par conviction . Quand au commentaire « réponse de 0 » pauvre petit chat mais comment faisait t on dans les années 80-90 quand il n y avait pas d...

le 17/05/2024 à 12:00
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Je ne sais pas qui écrit quoi dans cette affaire, mais 2500 F pour un aller simple pour Marseille me paraît exagéré (par exemple, 2000 F pour un aller-retour sur la Corse). Bon, dans ces années 80-90 l'avion était beaucoup plus cher qu'aujourd'hui, c...

à écrit le 16/05/2024 à 23:18
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Bon débarras de l exploiteur! l archétype de l ´anglo-saxon 19eme siècle … j ai jamais pris ses avions par conviction . Quand au commentaire « réponse de 0 » pauvre petit chat mais comment faisait t on dans les années 80-90 quand il n y avait pas d...

à écrit le 16/05/2024 à 20:39
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[ Ryanair quitte Bordeaux "après avoir vampirisé les aides publiques" ] Comme si les entreprises françaises ne vampirisaient par les finances publiques entre subventions et zones franches notamment en banlieue sans contre-partie sur l'emploi loc...

à écrit le 16/05/2024 à 19:08
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On se goinfre d'argent publique à tous les niveaux du mammouth étatique. À les lire, aucun contrat n'est passé ni supervisé par des batteries d'avocats. A la fin d'un bon repas, on se crache dans la main et voilà le contrat de quelques dizaines de mi...

à écrit le 16/05/2024 à 16:42
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🤢 Ce n'est pas "choose France", mais comme d'habitude "Fool France" (Dupe la France) 🤓📉🤪📉💀 ‼️ Les responsables des distributions délirantes d'argent public, donc de NOTRE ARGENT, aux entreprises sont les élus locaux 🤓 et le ministre de l'économie 🤪 ...

à écrit le 16/05/2024 à 15:56
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Ils peuvent pas prendre le train les bordelais ??!

le 16/05/2024 à 17:20
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Ben si, mais l'article semble dire qu'ils sont saturés (si la SNCF ajoute un train, qui dit qu'il sera rentable, autant rester comme ça, et le yield managment fait gonfler les profits quand vous avez peu de places disponibles, vendues très chères aux...

à écrit le 16/05/2024 à 15:29
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Bon débarras ! Volotea ou Easyjet reprendront le relai !

à écrit le 16/05/2024 à 14:52
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Ils font ce que le gouvernement permet ! c'est assez simple ! qui pense un instant que des entreprises qui n'ont aucun lien, aucune forme d'étique hormis l'argent a prendre ne le fait pas? c'est juste le monde que l'europe et macron souhaite, non? ...

le 16/05/2024 à 20:33
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........qui pense un instant que des entreprises qui n'ont aucun lien, aucune forme d'étique hormis l'argent a prendre ne le fait pas....... C'est comme les agriculteurs, les grevistrs, les manifestants etc etc. Meme ideologie.

à écrit le 16/05/2024 à 14:48
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Est-ce normal que pour des voyages le cout par passager soit ridiculement bas quand ce sont des aides publiques qui financent le surplus. Il me semble urgent de mieux contrôler l'argent public en particulier les subventions délivrées par le fait du P...

le 16/05/2024 à 15:28
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chercher plutot du cote des CCI et regions

le 16/05/2024 à 15:37
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Les aides sectorielles, on est dans les 150 milliards, c'est le troisième poste de dépenses majeur après les pensions et les soins des retraités...

à écrit le 16/05/2024 à 14:30
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Le capital de la Société Aéroportuaire est détenu par plusieurs actionnaires. Outre l'État, actionnaire majoritaire, on retrouve la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux (CCIB), le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine et le conseil général...

à écrit le 16/05/2024 à 13:46
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y a t il un rapport entre le vrai prix et celui payé autrement dit combien le contribuable paye a la place du voyageur ? a force d exonérer y a pas que les canards qui se gavent .

le 16/05/2024 à 17:22
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Pour le TGV c'est zéro je crois, y a que les billets de TER qui sont en partie payés par les régions. C'est pour ça que c'est si cher, les péages de SNCF Réseaux devraient encore augmenter (fortement), le réseau ça coûte à entretenir, moderniser, etc...

à écrit le 16/05/2024 à 13:43
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Tous ces systèmes de subventions sont inadaptés a la réalité. Le gouvernement français est l'unique fautif

à écrit le 16/05/2024 à 13:26
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Ce n'est pas étonnant, Ryanair ayant fermé des liaisons quand on leur a dit d'arrêter d'employer des Français en France avec des contrats Irlandais, un peu comme nos retraités à 5000€ par mois se plaisant à dire qu'un smicard est surpayé (dit autreme...

à écrit le 16/05/2024 à 13:21
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En tant que Lorrain, nous avons nous aussi subi ces entreprises étrangères "vampires" durant les années 90... En effet, la Lorraine avait facilité l'implantation de nombreuwes entreprise étrangères surtout asiatiques à venir s'installer dans la régio...

le 16/05/2024 à 15:35
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Voilà, et dans le même temps, les profils bien formés vont travailler de l'autre côté de la frontière belge, allemande ou suisse ou reprennent des études pour intégrer la bureaucratie d'entreprise à laquelle aspirent deux élèves ingénieurs sur trois....

à écrit le 16/05/2024 à 12:51
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Bof l'aéroport de Bordeaux est le 8ème en France donc secondaire. Les usagers radins de Ryanair trouveront un autre transporteur ou cesseront de voyager en avion s'ils ne veulent pas payer le prix. Et si la situation de Bordeaux pouvait servir d'a...

le 16/05/2024 à 13:27
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Vu ce qui est prélevé pour payer les retraites, les jeunes n'ont parfois les moyens que de voler avec Ryanair...

à écrit le 16/05/2024 à 12:31
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"vampiriser" j'aurais du déposer un copirigh. :>))

à écrit le 16/05/2024 à 12:18
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Il faut apprendre à connaître O'Leary. Pourtant c'est clair. Irlandais, basé en Irlande paradis fiscal, et grand amateur (pas de Bordeaux), mais de subventions et avantages divers.

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