Synapse Medicine injecte l'IA générative de Mistral dans son outil d'aide à la prescription médicale

La startup bordelaise Synapse Medicine lance un projet de R&D en intelligence artificielle générative doté de 14 millions d'euros, dont la moitié provenant du plan France 2030. L'enjeu ? Utiliser la technologie du Français Mistral AI pour améliorer son outil d'aide à la prescription médicale qui sera utilisé par 30.000 médecins de ville d'ici la fin de l'année.
L'équipe de Synapse Medicine en septembre 2022.
L'équipe de Synapse Medicine en septembre 2022. (Crédits : Synapse)

« On ne sera jamais meilleur qu'une équipe de deux médecins qui ont passé beaucoup de temps sur un patient. Mais la réalité, c'est justement qu'on manque de médecins et que les médecins manquent de temps », tranche d'entrée Clément Goehrs, le CEO et cofondateur de Synapse Medicine. « Notre enjeu c'est d'amener une médecine personnalisée dans tous les hôpitaux et cabinets pour qu'elle bénéficie à tout le monde », poursuit celui qui est également médecin. Depuis sa création en 2017, à Bordeaux, Synapse Medicine développe un outil d'aide à la décision thérapeutique. Concrètement, ce logiciel d'intelligence artificielle analyse et synthétise les recommandations de la Haute autorité de santé et de l'abondante littérature scientifique pour alerte les médecins et pharmaciens sur d'éventuelles contre-indications voire formuler des recommandations de gestes complémentaires.

« Le cas d'usage typique c'est un patient de 70 ans qui souffre de plusieurs pathologies et prend une dizaine de médicaments en même temps. Ce sont les patients les plus chronophages et les plus coûteux et leur nombre augmente avec le vieillissement de la population », illustre Clément Goehrs. Synapse est déjà déployé dans 300 hôpitaux français et vise un tiers des médecins de ville d'ici la fin de l'année. Mais la startup, qui avait levé 25 millions d'euros début 2022, annonce à La Tribune vouloir désormais accélérer dans l'IA générative en se fondant sur le grand modèle de langage de l'entreprise tricolore Mistral AI.

Un projet de R&D de 14,3 millions d'euros

« L'enjeu est de pousser encore plus loin la qualité de nos recommandations personnalisées et de nos prédictions des besoins des patients grâce à la puissance de l'IA générative pour analyser finement les grandes quantités de texte. La performance de l'outil change de dimension », explique Clément Goehrs. Ce programme de recherche appliquée, retenu dans le cadre de l'appel à projets « i-Démo » du plan France 2030, est doté de 14,33 millions d'euros sur cinq ans, financés pour moitié par Bpifrance et par Synapse.

L'entreprise assure faire le tri dans les données entrantes et sortantes pour éliminer les risques d'hallucination de son outil qui se fonde à la fois sur la littérature scientifique et sur l'analyse de données anonymisées des patients. Synapse a choisi de s'appuyer sur le savoir-faire de Mistral AI pour « la qualité de ses modèles de langage et son pavillon français qui permet de développer une solution de santé 100 % souveraine ».

L'outil de Synapse Medicine, reconnu comme dispositif médical, reste toutefois une aide à la décision. « C'est le médecin, dont l'expertise et l'analyse sont irremplaçables, qui demeure responsable de la décision qu'il prend. Mais nous menons actuellement une étude clinique avec le CHU de Bordeaux pour démontrer la plus-value liée à l'utilisation de Synapse », ajoute Clément Goehrs.

Une centaine de salariés en France et aux États-Unis

Si le projet est prévu pour durer cinq ans, les premiers modules d'aide à la prescription médicale sont en cours de validation pour être déployés dès le mois d'octobre chez les milliers de professionnels de santé utilisant Synapse. La startup bordelaise, qui génère quelques millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et indique avoir quintuplé ses revenus en deux ans, se rémunère par des abonnements payés par les éditeurs de logiciels dans lesquels elle intègre directement sa solution.

Synapse emploie une centaine de salariés, dont les deux tiers à Bordeaux et une équipe de quatre personnes aux Etats-Unis où Clément Goehrs vient de passer deux ans avant de rentrer en Gironde. « Nous ciblons le marché français et les Etats-Unis où nous avons structuré une équipe avec des clients et de belles perspectives de marché », sourit le dirigeant.

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