E-santé : Orange signe deux nouveaux rachats et ne compte pas s'arrêter là

Sur un marché de la e-santé en pleine consolidation, Enovacom complète son offre en rachetant coup sur coup deux entreprises bordelaises : Nehs Digital et Xperis. Et la filiale e-santé d'Orange business, qui double de taille avec ces opérations, anticipe une croissance tant organique qu'externe en misant notamment sur le marché émergent de la valorisation des données médicales.
Xavier Maurin est le directeur de la télémédecine chez Enovacom.
Xavier Maurin est le directeur de la télémédecine chez Enovacom. (Crédits : Appa)

La Nouvelle-Aquitaine fait figure à la fois de pionnier et de bastion de la santé numérique, les acteurs régionaux revendiquant volontiers « la moitié du PIB français de la e-santé ». Mais ce dynamisme historique ne l'exonère pas des logiques de consolidation du marché qui se concrétisent depuis quelques temps par une série de rachats : il y a eu Betterise Healthtech par Resilience, fin 2021, SimforHealth par SFP Expansion et Exelus par Enovacom au printemps 2022, puis Maincare par Docaposte, début 2023. Et cet automne c'est à nouveau Enovacom, la filiale e-santé d'Orange business, qui est à la manœuvre avec l'acquisition de deux entreprises bordelaises : Nehs digital, en septembre, puis Xperis en novembre.

« De la concentration et des liquidations »

« On sort d'une période où l'argent était gratuit et où il y a eu beaucoup de créations de startups, en particulier dans la e-santé, avec une fragmentation importante du marché et des modèles économiques parfois hasardeux compte tenu des temps d'accès au marché dans la santé. Cela entraîne deux phénomènes : de la concentration et des liquidations », observe Xavier Maurin, le fondateur d'Exelus devenu directeur de la télémédecine chez Enovacom l'an dernier. « Et dans ce paysage, la standardisation des processus tend à favoriser les acteurs déjà bien en place comme nos trois entreprises. » En l'occurrence, l'acquisition de Nhes et Xperis, deux filiales du groupe Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), répond d'abord à la volonté d'Enovacom de compléter l'offre de services.

Basée à Marseille, Enovacom est devenue en 2018 la filiale santé numérique d'Orange business. Elle fournit des services à deux tiers des établissements de santé français et développe des métiers autour de la numérisation du parcours patient et des entrepôts de données de santé. « On part d'une logique de services supports pour développer des innovations d'usage et devenir un éditeur global de services de santé », fait valoir Xavier Maurin. Figurant aujourd'hui dans le top 10, Enovacom veut s'inviter demain sur le podium tricolore actuellement composé de Equasens (ex Pharmagest),  Dedalus et Maincare Solutions.

Lire aussiE-santé : Dedalus inaugure son siège très « monde d'après » à côté de Bordeaux

Enovacom mise sur Bordeaux

Avec Nehs et Xperis, Enovacom ajoute donc deux cordes à son arc. La première est active dans la e-santé, la radiologie et télé-radiologie, à l'instar du concurrent lyonnais Imadis, et la numérisation du parcours patient. La seconde est spécialisée dans l'interopérabilité et la sécurité des systèmes d'information de santé. De quoi désormais être présent dans la quasi-totalité des hôpitaux et deux tiers des radiologues.

« De 35 millions d'euros de chiffre d'affaires et 300 salariés actuellement, Enovacom passe à 70 millions d'euros et vise désormais 100 millions d'euros à l'horizon 2027 avec de la croissance organique mais aussi de la croissance externe », ajoute Jean-Baptiste Dubuisson, le fondateur d'Experis.

La Gironde, où Enovacom, Xperis et Nehs comptent déjà 50 salariés, a vocation à devenir le second pôle d'Enovacom après Marseille, avec une dizaine de recrutements programmés par an jusqu'à 2026 dans les locaux de Bordeaux Euratlantique.

Lire aussiBordeaux Euratlantique acte le prolongement de ses chantiers jusqu'à 2040

Valoriser les données de santé

Et en plus de l'interopérabilité, de la télé-médecine et de la radiologie, Enovacom affiche désormais des ambitions sur le marché émergent de la valorisation des données médicales auprès des hôpitaux, des laboratoires et des industriels. Un sujet aussi sensible que juteux puisqu'il devrait peser « autour de 130 milliards de dollars dans le monde d'ici quelques années », précise Jean-Baptiste Dubuisson, qui ajoute aussitôt : « Nous ne vendons pas des données de santé, c'est interdit ! ».

Concrètement, il s'agit, avec l'accord des patients, de compiler des données anonymisées pour en faire des bases de données nettoyées, qualifiées et exploitables pour la recherche scientifique. « On est le seul acteur français, souverain, à pouvoir faire cela sur tout la chaîne avec des garanties fortes de sécurité. L'objectif est aussi de venir nourrir des algorithmes d'intelligence artificielle pour construire des services qui, à leur tour, bénéficieront aux patients », illustre Xavier Maurin.

Lire aussiSanté : le défi de relocaliser en France la pharmacie de demain

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 11/12/2023 à 8:49
Signaler
Curieux mélange de genres quand même !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.