« J'espère que vous prévoyez une double-page car j'ai plein de choses à vous raconter ! » D'emblée, on sent qu'Axelle Bonnemaison, 27 ans, ne manque pas d'assurance, sans doute l'expérience de ses défilés sur les podiums. Elle explique avoir eu un coup de cœur pour Dubaï lors d'un voyage là-bas pour son anniversaire pendant le Covid, au point de s'y installer définitivement. Elle est employée depuis deux ans et demi comme manager dans une petite agence immobilière de l'Émirat qui emploie une dizaine de personnes. « À Dubaï, 90 % de la population vient de l'étranger, témoigne-t-elle. Le patron de l'agence est égyptien et dans mon équipe, il y a une Française, un Canadien et un Italien ! »
Et sans surprise, c'est la clientèle francophone européenne et canadienne qu'elle a mission de développer. « Depuis quelques années, il y a une demande incroyable, assure-t-elle. À Dubaï, tout s'achète sur plan et plus c'est cher, plus c'est recherché ! Les meilleurs projets se vendent même avant d'être officiellement lancés, plus vite que le pain le dimanche à la boulangerie. » Des tirages au sort sont même organisés pour les biens les plus convoités. Depuis la fin de la crise Covid, les prix de l'immobilier ont été multipliés par deux et demi à Dubaï. Comptez aujourd'hui 3.000 à 4.000 euros le m2 pour un appartement moyen de gamme.
Les investisseurs affluent du monde entier
Ici, la croissance est chauffée à blanc. Les autorités souhaitent passer de quatre à dix millions d'habitants en 2030. Dubaï fait tout pour attirer une population fortunée, avec par exemple un visa en or de résident valable dix ans en échange de 500.000 euros d'investissement dans l'immobilier dans l'Émirat.
Résultat : les investisseurs affluent du monde entier, et notamment de Russie puisqu'ils sont persona non grata dans une bonne partie de l'Occident à cause de la guerre en Ukraine. « En général, les gens achètent une première fois à Dubaï pour investir, observe la jeune femme, puis au vu de toutes les incertitudes géopolitiques dans le monde, ils viennent eux-mêmes s'y installer pour y vivre en sécurité avec leur famille. »
Conscience écolo
Le grand projet que tout le monde s'arrache aujourd'hui, c'est Palm Jebel Ali, un nouvel archipel artificiel baigné par les eaux du golfe Persique. Axelle Bonnemaison assure que les 460 villas de luxe avec piscine et plage privées proposées sur plan à quatre millions d'euros minimum se sont vendues en 48 heures chrono ! Malgré les milliers de tonnes de ciment englouties, l'un des matériaux les plus polluants au monde (7 % des émissions de Co2 de la planète), le dessalement de l'eau de mer, autre gouffre énergétique, Dubaï tente de s'acheter une conscience écolo à grand renfort de panneaux solaires et de recyclage d'eau.
À une heure de route, dans la périphérie d'Abu Dhabi, la capitale des Émirats, on tombe ainsi sur Masdar City, devenue une sorte de ville-témoin post-COP28 (organisée à Dubaï en décembre 2023, NDLR), soi-disant écologique et fierté des autorités émiraties. Mais quinze ans après son ouverture et huit milliards de dollars investis, force est de constater qu'on est encore loin des promesses d'une cité zéro carbone.
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