Emploi : des stratégies de recrutements qui se heurtent à la crise de l'hôtellerie-restauration

La Tribune revient sur le StartEmploi organisé à la mairie de Bordeaux par notre titre, avec plus de 9.000 emplois à pourvoir en 2021 à la clé. Si le rebond de l'économie tend à se confirmer certains secteurs sont fortement fragilisés par la crise pandémique, à commencer par l'hôtellerie-restauration où les salariés d'avant le Covid ont massivement disparu. Vont-ils revenir ? C'est le souhait des professionnels du secteur. Réellement inquiets, ils craignent de rater le train de la reprise faute de troupes.
Le replay du Startemploi organisé par La Tribune à Bordeaux le 8 juillet 2021

Lors de la dernière édition du StartEmploi, organisée par La Tribune, qui s'est tenue ce jeudi 8 juillet à la mairie de Bordeaux, plusieurs recruteurs représentant des secteurs très différents issus de l'économie classique ou sociale et solidaire sont intervenus pour détailler leur stratégie face au public venu en nombre au palais Rohan.

Le hors-série édité par La Tribune, qui liste plus de 9.000 emplois en attente de leurs titulaires, a aussi ouvert les portes à de grands recruteurs comme BNP Paribas, qui recruter 100 personnes à Bordeaux Métropole en 2021 notamment dans son centre de relation-client à Mérignac, des précurseurs à l'instar de la startup Ethypik, des structures de l'économie sociale et solidaire telles que le Relais Gironde et le Geiq BTP Bordeaux Océan, mais aussi des petits employeurs en mal de salariés, comme le restaurant Le Simone, à Bordeaux.

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L'emploi ne va pas bien dans la restauration

Le tout avec l'appui que leur apporte Pôle emploi en Gironde. Il en ressort que les tensions sur l'emploi provoquées par l'actuel "choc de reprise" sont lourdes en particulier dans l'hôtellerie-restauration, en première ligne de ces difficultés provoquées par la crise sanitaire. Les entreprises de ce secteur étant encore dans l'incapacité de reconstituer leurs effectifs d'avant la crise, parce qu'en Gironde (et ailleurs) les salariés expérimentés ont disparu pour aller voir ailleurs.

"J'ai ouvert mon affaire en décembre 2018 (et donc un peu avant le Covid) et j'ai actuellement 9 salariés, 8 salariés à plein temps et une sommelière en contrat d'apprentissage, et on travaille du lundi au dimanche, de 16 h à 1 h du matin, donc ça fait quand même des amplitudes horaires assez conséquentes. La reprise du 19 mai 2021 s'est très bien passée", rembobine Jérémy Banier, fondateur et dirigeant de Simone Cocktailerie et Cuisine, à Bordeaux.

Ce professionnel de la restauration ex- responsable des ressources humaines au restaurant bordelais Le Petit commerce (50 salariés) a bien anticipé la remontée de la fréquentation des restaurants avec la fin du confinement, mais aucun de ses relais habituels chez les professionnels n'a fonctionné cette année !

"Aucun ne m'a répondu de façon positive, m'expliquant qu'ils avaient quitté la restauration ou que s'ils revenaient bosser dans notre métier ce serait pas avant la fin de l'été, fin septembre-début octobre..." confirme Jérémy Banier. "Du coup, poursuit-il, j'ai suivi le Bistrot de l'emploi... toute les personnes voulaient faire de la plonge et ce n'est pas ce que je cherchais... Alors  je réduit mes ambitions.. La plus belle salle. je ne la fais travailler qu'à moitié : je ne peux pas aller plus loin..."

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400 postes de serveurs et 800 postes de cuisiniers à pourvoir

Cette tension n'échappe pas à Pôle emploi où Nicolas Moreau, le directeur en Gironde, est très impliqué dans ce dossier au côté de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) du département.

"Nous avons une situation compliquée mais il y a aussi  beaucoup de profils inscrits à Pôle emploi, qui vont retourner dans l'hôtellerie-restauration. C'est ce que nous espérons. Et puis il y a aussi des publics qui ne sont pas sur ces métiers-là et qu'il faut massivement réorienter dessus. Parce qu'en Gironde à ce jour, nous avons encore 400 postes de serveurs à pourvoir immédiatement et 800 postes de cuisiniers, soit plus de 1.200 postes ouverts.

Les contrats d'insertion, une chance pour beaucoup

De son côté, Ethypik innove en allant au contact des futur ses salariés de ses entreprises clientes, dans la rue ou les supermarchés, le Relais Gironde donne quant à lui un coup de pouce aux salariés loin de l'emploi.

"Le Relais Gironde est une entreprise de l'insertion par l'activité économique basée à Bordeaux Bacalan. Nous collectons des textiles,dans des petites bornes blanches que l'on peut trouver un peu partout. Notre objectif est de les ramener au centre de tri de Bacalan, de les réemployer au maximum ou de le recycler, pour qu'il y ait le moins de déchets possible. Nous sommes une équipe de 120 personnes, constituée à 60 % de contrats d'insertion, destinés au chômeurs de longue durée ou encore aux bénéficiaires du RSA. Nous prévoyons de recruter 80 personnes en 2021", déroule ainsi Damien Maury chargé des ressources humaines à Relais Gironde.

Le groupement d'employeurs peut être aussi une opportunité

Les salariés à la recherche d'un nouveau métier peuvent quant à eux s'appuyer sur une structure qui a eu le temps de prouver son efficacité, notamment dans le secteur du BTP. Il s'agit du Groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq) BTP  Bordeaux Océan, dirigé par Anne Queyreix.

"Un Geiq c'est une association d'entrepreneurs du bâtiment ou des travaux publics, qui rencontraient des difficultés de recrutement et  qui se sont réunies en association, ont constitué une équipe permanente compétente sur le recrutement pour palier leurs besoins de main d'oeuvre. Le principe du Geiq c'est de prendre des gens éloignés de l'emploi ou en reconversion, de leur faire découvrir un métier, puis de les embaucher en contrat en alternance, le plus souvent en contrat de professionnalisation", recadre la directrice.

Le Geiq propose de nombreuses formations dans le BTP (du CAP au diplôme d'ingénieur) et accueille ses stagiaires en recherche d'emploi pendant deux ou quatre ans, le temps de les qualifier. Labélisé et contrôlé chaque année par une commission nationale, le Geiq BTP Bordeaux Océan affiche un taux de qualification de 98 %. Comme le précise Anne Queyreix, l'idée est de démarrer avec les stagiaires dans l'état où ils se trouvent en arrivant et de les amener exactement où les entreprises attendent qu'ils soient, en termes de formation et de savoir-être.

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