Après avoir déjà créé une société dans le secteur des microalgues, Hugo Valentin s'est lancé dans un projet plus ambitieux avec pour objectif d'opérer un changement d'usage autour de la micro-algue. « Nous voulons en faire un aliment et non plus un complément alimentaire. » C'est tout l'objet du projet Edonia. L'entreprise, créée en mars 2023, prévoit de s'approvisionner en spiruline et chlorelle auprès de producteurs de micro-algues et de transformer la biomasse brute en un ingrédient texturé qui sera vendu à des agro-industriels et à des restaurateurs sous forme d'émincés.
« En d'autres termes, des grains moelleux que les industriels de l'agroalimentaires travailleront comme du boeuf haché notamment et intégreront dans leurs recettes », explique Hugo Valentin, co-fondateur d'Edonia. Et de citer la possibilité de faire des tomates farcies, des parmentiers, de la sauce bolognaise du chili sin carne ou encore des galettes et boulettes.
Une technologie brevetée
A ce stade, le processus de transformation des micro-algues a été mis au point dans le cadre d'un partenariat avec AgroParisTech. La technologie baptisée « édonisation » a été brevetée. L'entreprise cherche désormais à lancer son premier pilote industriel, idéalement en Nouvelle-Aquitaine où sont installés les deux co-fondateurs. C'est dans ce contexte qu'elle annonce, ce jeudi 25 avril, avoir levé deux millions d'euros auprès d'Asterion Ventures. Une somme qui va lui permettre d'industrialiser sa technologie et de prolonger sa R&D.
L'équipe de sept personnes sera ainsi renforcée avec prioritairement des profils d'ingénieurs et d'experts industriels puis des commerciaux. Un ingénieur R&D vient précisément d'être embauché tandis que le recrutement d'un chef de projet industrialisation est en cours. « Un recrutement clé », souligne Hugo Valentin. Dans ses prévisions, Edonia prévoit un lancement de la commercialisation entre 2024 et début 2025. « La spiruline et la chlorelle sont déjà présentes sur le marché. Nous ne rentrons donc pas dans la catégorie des aliments Novel Food qui nécessitent une autorisation pour leur mise sur le marché. La commercialisation sera possible très rapidement. »
Des intentions d'achat
En phase de R&D, Edonia a co-développé son produit avec des prospects. « Les industriels avec qui nous avons travaillé ont été convaincus par l'aromatique et la texture. Nous avons obtenu des intentions d'achats ce qui a permis de rassurer les investisseurs », reconnait Hugo Valentin qui précise qu'il y a une vraie attente du côté des industriels comme des consommateurs. « Dans un contexte d'urgence climatique, où 34 % des émissions de gaz à effet de serre sont générées par notre alimentation, la végétalisation de nos assiettes doit accélérer. A ce titre, les micro-algues, connues pour leurs vertus nutritionnelles et écologiques, peuvent être un vrai outil pour les professionnels de l'agroalimentaire », explique Hugo Valentin. Une analyse de cycle de vie, avec AgroParisTech, démontre que le produit pourrait émettre 40 fois moins de CO2 que son équivalent en viande haché et 3 fois moins que son équivalent à base de soja texturé.
Si le siège de la société est administrativement basée dans les locaux AgroParisTech en région parisienne, les deux co-fondateurs prévoient de créer un bureau commercial et opérationnel dans les prochains mois à Bordeaux. Edonia vise la douzaine de salariés à la fin de l'année, une vingtaine l'année suivante.
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