Un droit universel à l'alimentation : 400 personnes se mettent à table en Gironde

Dès le mois d'avril, 400 personnes vont recevoir une allocation en Gironde pour garantir l'accès à un droit universel à une alimentation saine et locale. L'aboutissement d'un long travail de concertation citoyenne et politique pour le collectif Acclimat'action, dont l'expérimentation servira à nourrir un plaidoyer national pour une sécurité sociale de l'alimentation.
Maxime Giraudeau
(Crédits : MG / La Tribune)

Bien manger est-il un devoir du consommateur... ou un droit citoyen ? C'est pour expérimenter un accès universel à l'alimentation locale et de qualité que le collectif Acclimat'action lance son expérimentation en Gironde. À partir du mois d'avril, une allocation va être versée à 400 personnes cotisantes à une caisse locale sur quatre territoires girondins. Et ce afin de s'approvisionner en denrées produites localement via des réseaux de distribution en circuit-court. « Manger de façon saine et durable, avec l'idée de rémunérer décemment les agriculteurs et agricultrices », visent les porteurs de projet.

Les foyers inscrits et tirés au sort recevront ainsi 150 euros par mois ainsi que 75 euros par personne supplémentaire composant le foyer. Pour accéder au dispositif, les ménages participants doivent résider sur les quatre territoires concernés (Bordeaux Nord/Benauge, Bègles, Pays Foyen et Sud Gironde). Toutes les tranches de revenu peuvent prétendre à rejoindre le programme car l'un des principes de base d'une sécurité sociale de l'alimentation est l'universalité. Au total, 700 personnes se sont ainsi inscrites et 100 ont été tirées au sort pour chaque territoire. Une poignée de lieux d'approvisionnement, entre trois et dix par territoire, sont référencés pour une expérimentation prévue pour douze mois.

Lire aussiRevenus des agriculteurs : ces éleveurs bio qui contrôlent la fixation des prix du lait

Le lancement est ainsi finalisé après quatre ans de préparation dans un Département qui milite aussi pour le revenu universel.

« C'était un travail de longue haleine, mais on n'aurait pas pu prendre moins de temps, rejoue David Fimat, coordinateur d'Acclimat'action. Si on avait voulu aller vite, on n'aurait pas une centaine de citoyens, des collectivités et des associations qui portent le projet. »

Vers un plaidoyer national

Les contours du dispositif ont été discutés dans les quatre caisses locales créées pour l'expérimentation. Les membres ont ainsi pu définir le niveau d'allocation, son mode de versement - qui se fera sur une application dédiée - ou encore le conventionnement des producteurs partenaires. Des agriculteurs conventionnés de 50 à 100 % selon leur niveau d'engagement sur la rémunération, la durabilité des pratiques et le bien-être au travail notamment. Pour cette première année, l'expérimentation est dotée d'un budget de 500.000 euros, abondé par les cotisations (10 euros minimum par foyer) et les collectivités partenaires à savoir le Département de la Gironde, les villes de Bordeaux et Bègles, la Région Nouvelle-Aquitaine et l'Ademe.

Une solution co-construite qui arrive à maturité au moment de l'expression inédite d'une colère agricole profonde. Pour les forces vives du projet, l'expérimentation tombe à pic. « On a peu vu de solutions, de propositions à l'occasion de cette crise agricole. J'espère qu'on pourra rendre visible dans le débat public une proposition concrète et qui résonne avec la problématique de juste rémunération des paysannes et des paysans », vise David Fimat.

Lire aussiPrécarité alimentaire : l'aide aux étudiants « cible les consommateurs de demain »

Et au-delà, il y a l'idée d'inspirer d'autres territoires. La réalisation girondine constitue un cas inédit à une telle échelle mais d'autres projets sont en préparation dans les villes de Toulouse, Lyon ou Nantes, et dans des départements comme le Puy-de-Dôme ou le Vaucluse. « Cette aide alimentaire n'est pas qu'une réponse à l'urgence. Le vrai sujet, c'est d'en faire un plaidoyer global pour ouvrir un droit à l'alimentation durable pour tous, au même titre que le droit à se soigner », ambitionne Corinne Martinez, conseillère départementale de Gironde.

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 19/03/2024 à 10:24
Signaler
C'est peu 400 mais on se doute qu'au sein de cette dictature financière c'est déjà énorme. Bravo d'essayer en tout cas. Nous vivons dans un monde de déments fait par les déments pour les déments dans lequel des dizaines de milliers de milliards sont ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.