Face au Covid, la Gironde expérimente une forme de revenu de base pour les 18-29 ans

Le conseil départemental de Gironde a voté l'expérimentation d'une forme de revenu de base pour 300 à 500 Girondins de 18 à 29 ans. Ce premier test modeste, qui élargit un dispositif existant, marque néanmoins une étape de plus dans le combat mené depuis 2016 par Jean-Luc Gleyze, le président (PS) de la collectivité. Une enveloppe de 820.000 euros est prévue sur 18 mois.
(Crédits : Agence APPA)

Après les écologistes du Grand Lyon au mois de mars, c'est au tour de la majorité socialiste de Gironde de voter une expérimentation liée à une forme de revenu de base, ou revenu universel. Lors de la dernière séance plénière de la mandature, le conseil départemental a voté ce lundi 12 avril le lancement d'un test en conditions réelles, mais à la portée limitée, d'un dispositif d'allocation universelle versée à des Girondins âgés de 18 à 29 ans pendant six à douze mois sur la base d'une contractualisation.

"La précarité de la jeunesse, qui était déjà un fait préoccupant avant le Covid, l'est encore plus aujourd'hui avec des jeunes toujours plus nombreux à se trouver en grandes difficultés pour faire face à leurs besoins de base en matière de logement, d'alimentation et d'accès aux soins", souligne Jean-Luc Gleyze, lors de la présentation de ce dispositif baptisé "Cap'J crise", pour Contrat d'accompagnement personnalisé pour les jeunes.

Lire aussi : Revenu de base : "la question d'une protection sociale plus efficace se pose plus que jamais"

Entre 250 et 500 euros par mois

L'enveloppe de 820.000 euros votée ce 12 avril viendra en effet abonder et étendre le dispositif "Cap'J" créé par le Département en 2010 pour lutter contre les ruptures de parcours et le décrochage social et professionnel. Il concerne actuellement une centaine de jeunes de 18 à 25 ans pour 240 allocations versées par an. Le nouveau programme qui débutera dès le début du mois de mai ciblera entre 300 et 500 jeunes sélectionnés par les Missions locales et le programme "Cap'J" qu'ils soient étudiants, en formation, sans emploi ou en emploi précaire. Chacun pourra bénéficier d'une allocation de 3.000 euros versée mensuellement pendant six à douze mois, soit 250 à 500 euros par mois avec une modulation en fonction de leurs ressources financières.

"Ce dispositif exceptionnel cible les jeunes en très grandes difficultés, notamment car leur famille ne peut pas les aider et parce qu'ils n'arrivent plus à trouver de petits boulots à cause de la crise sanitaire", précise Jean-Luc Gleyze, qui est par ailleurs officiellement candidat à un second mandat lors du scrutin départemental du mois du juin. Contrairement au principe du revenu de base, qui se veut inconditionnel, cette expérimentation prévoit une contrepartie : les bénéficiaires s'engageront en effet à suivre un accompagnement renforcé dans leurs parcours d'étude, de formation professionnelle et d'insertion sociale.

Le long combat du revenu de base

Et si le président (PS) de la collectivité met davantage en avant "l'urgence de la situation face à la détresse de la jeunesse de France et de Gironde" pour la justifier, cette expérimentation s'inscrit néanmoins dans la démarche pionnière et volontariste menée par la collectivité départementale. L'expérimentation d'un revenu de base inconditionnel - fusionnant tout ou partie du RSA, de la prime d'activité et des aides au logement - est en effet défendue par Jean-Luc Gleyze et sa majorité depuis 2016, avant même l'échec cuisant de Benoît Hamon à l'élection présidentielle de 2017. Une démarche consolidée sur le plan scientifique en 2018 avec l'Institut des politiques publiques puis sur le plan politique en 2019 avec soutien de 17 autres départements de gauche avant d'être balayée d'un revers de main par le gouvernement au profit de son propre projet de revenu universel d'activité, resté lettre morte depuis.

Mais pour l'élu girondin, le Covid-19 justifie de rouvrir ce débat avant même la prochaine élection présidentielle. "La crise sanitaire est devenu une crise sociale. Cette casse sociale produit des effets négatifs beaucoup plus importants que la somme nécessaire à la mise en place d'un revenu de base", considère-t-il. Et s'il n'a pas réussi à convaincre le gouvernement de Jean Castex de faire bouger les lignes, malgré une rencontre la semaine dernière, il vient de recevoir le soutien clair du comité national d'évaluation de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté :

"Le comité propose une mesure pour accorder un revenu minimal aux jeunes de 18 à 24 ans. Il suggère que ce régime soit rendu cohérent avec le régime des étudiants. Le dispositif doit s'appliquer autant aux étudiants qu'aux jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation et à ceux qui ont de très faibles ressources issues du travail. Il s'agit d'un système unique applicable aux jeunes. Ce système prendrait en compte le soutien familial quand celui-ci peut s'exercer. La proposition du comité est d'avoir un régime homogène, cohérent pour toutes les catégories des jeunes de 18 à 24 ans", explique ainsi à La Tribune Louis Schweitzer, le président de ce comité, mettant en avant l'existence de tels dispositifs dans plusieurs pays européens.

Lire aussi : « Chez beaucoup de nos voisins, les jeunes bénéficient d'un revenu minimum », Louis Schweitzer

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