Galeries Lafayette : le feu vert pour le plan de Michel Ohayon ne rassure pas les salariés

Le risque de fermeture s'éloigne pour les 26 magasins Galeries Lafayette détenus par Michel Ohayon. Le tribunal de commerce de Bordeaux a validé le plan de sauvegarde présenté par l'homme d'affaires bordelais mais les représentants du millier de salariés restent particulièrement inquiets pour la suite.
(Crédits : Objectif Aquitaine / Appa)

Après de longs mois d'attente d'une décision reportée à plusieurs reprises, les mille salariés des 26 magasins Galeries Lafayette détenus par Michel Ohayon sont désormais fixés sur leur sort à moyen terme. Le tribunal de commerce de Bordeaux confirme à La Tribune avoir validé, ce mercredi 20 mars dans la soirée, le plan de sauvegarde présenté par l'homme d'affaires bordelais évacuant ainsi le spectre d'une cessation d'activité. Il y a un mois Michel Ohayon avait réussi à convaincre son principal créancier, le groupe Galeries Lafayette, de renoncer à près de 70 % de sa dette de 38 millions d'euros. Un point décisif pour la suite obtenu en contrepartie d'un étalement des remboursements sur dix ans et d'une révision du taux de commissionnement perçu par les Galeries d'ici deux ans.

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« L'inquiétude reste bien réelle »

Pour convaincre le tribunal de commerce, les dirigeants des sociétés Hermione Retail, Hermione Outlet et Hermione TPR, propriétaires des 26 magasins achetés en 2018 et 2021, ont abaissé de 11 % à 4 % leur objectif de croissance du chiffre d'affaires en 2024 et prévoient d'injecter neuf millions d'euros, dont 3,5 millions à court terme, tout en conservant la très grande majorité du millier de salariés. Néanmoins, les pertes du prochain exercice sont estimées à 5,7 millions d'euros.

Malgré ce feu vert pour la poursuite de l'activité, Véronique Guichenay, la représentante des salariés chez Hermione Retail, reste fermement sur ses gardes : « L'inquiétude est encore très présente : les salariés sont épuisés, ils mettent déjà les bouchées doubles, voire quadruples, et nous craignons une nouvelle dégradation de nos conditions de travail... » Même alerte chez Muriel Scanzi, la déléguée syndicale CFDT : « c'est un petit soulagement à court terme mais l'inquiétude reste bien réelle. La crainte principale c'est que nous fournisseurs renoncent à travailler avec nous et aillent voir ailleurs... Et qu'on finisse comme Camaïeu. » L'enseigne de prêt-à-porter, détenue par Michel Ohayon, a été liquidée en septembre 2022.

Une trentaine de suppression de postes

Selon les salariés, une trentaine de postes seront supprimés au siège et au sein des directions régionales du réseau. Quant à l'injection de neuf millions d'euros, les représentants des salariés attendent toujours d'en voir la couleur : « Ce n'est pas de l'argent frais, ce sont les revenus des loyers de nos magasins qui ont été placés sur un compte spécifique. Aujourd'hui, pas un euro n'a été versé et il ne s'agit pas d'investir mais de payer les factures... Depuis 2018, on attend toujours les investissements promis par Michel Ohayon », déplore Véronique Guichenay

Les 26 magasins détenus par Michel Ohayon emploient environ 1.000 salariés à Agen, Amiens, Angoulême, Bayonne, Beauvais, Belfort, Besançon, Caen, Cannes, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dax, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Libourne, Lorient, Montauban, Niort, Rouen, Saintes, Tarbes et Toulon, ainsi qu'à Tours, Pau, Rosny-sous-Bois et dans un outlet à Coquelles près de Calais. Les Galeries Lafayette exploitent en propre 19 magasins en France dont l'historique du boulevard Haussmann à Paris ; outre les 26 de Michel Ohayon, 13 autres sont exploités par la Société des Grands Magasins ou des entrepreneurs locaux.

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Michel Ohayon face à d'autres difficultés

Parallèlement, Michel Ohayon a obtenu, le 4 mars dernier, la validation de son plan de redressement de ses trois hôtels de luxe malgré l'opposition du principal créancier Bank of China. Il s'agit du Grand Hôtel de Bordeaux, actuellement exploité par le groupe InterContinental, l'hôtel Sheraton de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et le Trianon Palace de Versailles, exploité par Waldorf Astoria (groupe Hilton). Valorisés à plus de 500 millions d'euros au total, les murs sont détenus par la Financière immobilière bordelaise (FIB), holding de Michel Ohayon, via des filiales qui avaient été placées en redressement judiciaire fin janvier 2023. La holding reste placée en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce a prolongé en février, pour la deuxième fois, sa période d'observation pour une durée de six mois.

L'homme d'affaires bordelais reste par ailleurs visé par une enquête à Paris pour une possible escroquerie en bande organisée au sein de ses sociétés et a fait l'objet de perquisitions début février. Michel Ohayon a racheté de nombreuses enseignes de textile ces dernières années, dont Camaïeu, liquidée en septembre 2022. L'homme d'affaires, en proie à de grosses difficultés financières, a dû céder ensuite Go Sport et Gap France.

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