Gardes d'enfants, aides au séniors : les services à la personne en manque de candidats

Qui n'a pas entendu des spots radios pour des campagnes de recrutement d'aide aux personnes âgées ? Ou aperçu sur Instagram des campagnes publicitaires ciblé étudiant pour du baby sitting ? Aujourd'hui, les entreprises des services à la personne et de la petite enfance s'invitent sur les ondes, sur les réseaux sociaux, dans la presse, le digital, la TV, en passant par Instagram, ... Le recrutement fait aujourd'hui du marketing pour dénicher des candidats qui se font rares alors même que les besoins s'amplifient.
Que ce soir pour s'occuper des plus jeunes ou des plus âgées, le secteur des services à la personne peine à attirer suffisamment de candidats.
Que ce soir pour s'occuper des plus jeunes ou des plus âgées, le secteur des services à la personne peine à attirer suffisamment de candidats. (Crédits : CC Pixabay by 89275)

D'après l'Insee, la France comptera en 2050 quatre millions de personnes âgées en perte d'autonomie : 3,1 millions d'entre eux vivront à domicile, soit une hausse de +62 %, selon le souhait de 85 % des français de vieillir chez eux. Cette filière des services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD) est donc un enjeu crucial pour les années à venir. Ce secteur nécessitera une augmentation du nombre d'infirmiers, d'aides-soignants, d'auxiliaires de vie sociale, les besoins sont estimés à 350.000 emplois d'ici à 2030...

Au niveau régional, l'enquête 2021 "Besoin en main- d'œuvre" (BMO) de Pôle emploi Nouvelle-Aquitaine, qui mesure les intentions de recrutement des employeurs pour l'année, a recensé les trois premiers secteurs qui recrutent : les agents d'entretien de locaux ( y compris les Atsem) pour 9.700 intentions, les aides-soignants pour 8.200 projets et les aides à domicile et aide ménagères pour 7.400.

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La tendance n'est pas nouvelle, le secteur des services à domicile peine à recruter mais la pénurie s'accentue autour de cette profession indispensable, essentielle, qui allie le savoir-faire, le dévouement et de belles valeurs humaines. Sur l'aide aux personnes âgées et /ou dépendantes, plusieurs facteurs seraient en cause : conditions de travail, horaires fragmentés, piètres rémunérations, manque de reconnaissance.

"Nous souffrons d'une image négative"

"J'ai créé mon entreprise de service à la personne en 2010, la situation se complique d'année en année et devient difficile à gérer. Nous souffrons d'une image négative : pénibilité du travail, horaires morcelés, temps partiels subis, temps de trajets lié aux inter-mission... La réalité est différente. Nous proposons des CDI en temps complet, avec des horaires à la carte suivant la situation des salariés. Il est vrai que nous avons des amplitudes horaires larges, de 7 heures à 20 heures, mais si l'un de nos salariés a des enfants à charge, nous adaptons son planning en fonction de ses souhaits. Aujourd'hui, nous construisons des emplois du temps à la carte, plus compacts, en faisant attention aux temps de trajet", explique Laurent Tourret, gérant d'Adomiservices qui cherche à recruter 50 personnes en 2021.

En terme de compétence, là aussi, la souplesse est de mise : "Nous recevons toute personne motivée et nous l'intégrons dans nos outils de formation : l'alternance, la POE (préparation opérationnelle à l'emploi), ou encore la formation au diplôme d'Etat d'auxiliaire de vie sociale (DEAVS). Si les personnes ne souhaitent pas être formées aux gestes techniques de change ou toilette, nous adaptons les plannings en fonction. Malgré tout cela, le turnover reste important, le métier est dur", souligne t-il.

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Face à la pénurie de candidat, les entreprises d'aide à domicile entreprennent des démarches de recrutements parfois inhabituelles. "Nous avons les réseaux traditionnels, Pôle emploi qui nous épaule avec des forums, des jobs dating, les réseaux sociaux. Et aujourd'hui, nous diffusons des spots à la radio, nous avons communiqué sur des sacs à pain à Bordeaux... Le plan "Un jeune, une solution" n'a malheureusement pas boosté les candidatures si ce n'est que cela nous a permis de mettre en place des tutorats plus approfondis, essentiels pour lutter contre le turnover.. Le métier est difficile physiquement, moralement, et mal rémunéré. Le nerf de la guerre, pour nous, ce sont les conditions de travail et surtout le salaire. C'est tout le travail de la Fedesap, dont je suis le délégué en région Nouvelle-Aquitaine, il nous faut une reconnaissance qui passe par une revalorisation du salaire à travers le "tarif socle" que nous souhaiterions augmenter pour que l'on puisse décoller nos intervenants du Smic. C'est notre revendication principale dans notre bataille politique de la réforme du grand âge et de l'autonomie", détaille Alexandre Tourret.

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La recommandation plus efficace que certains réseaux

Dans le secteur de la garde d'enfants, les difficultés de recrutement sont également palpables, une pénurie d'autant plus problématique que la demande en 2021 a été particulièrement accrue avec la multiplication de Covid chez les enfants, les fermetures de classes et l'attente de la vaccination pour les grands-parents. Côté crèches, les places dans les structures d'accueil sont rares et la quête d'une nounou est un véritable casse tête pour les parents. La rentrée s'annonce complexe pour 2021, les étudiantes, mamies occasionnelles et professionnelles de la petite enfance sont toujours autant recherchées.

La municipalité de Bordeaux va recruter 200 assistantes maternelles pour la gestion des huit nouvelles crèches à venir. Les établissements d'accueil des jeunes enfants (EAJE) font face à des difficultés de recrutement, notamment pour le métier d'auxiliaire de puériculture ainsi que pour les éducateurs de jeunes enfants. D'autant que pour répondre à une forte demande, de nouvelles solutions d'accueil des tout-petits voient le jour, avec la multiplication de structures porteuses de nouveaux concepts, telles que les crèches écologiques ou encore les crèches bilingues (cette dernière nécessitant une compétence supplémentaire pour le candidat).

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Les micro-crèches de dix enfants maximum sont un mode de garde privé en plein essor. On en trouve huit fois plus qu'en 2010. Helène Jany est co-gérante de « Sweet 4U », un réseau de six micro-crèches éco-citoyenne inspiré de la méthode Montessori, créé et développé depuis six ans :

"Sur des postes de direction ou d'éducatrice, nous recevons 4/5 CV, et parfois rien... là, c'est compliqué même si pour l'instant, nous arrivons encore à recruter. Nos arguments, c'est la forme de notre structure, à taille humaine, nous avons un vrai projet d'établissement de qualité, avec à la clé des propositions innovantes, un travail d'éducation, qui attire les candidats passionnés par leur métier, cela correspond à leurs attentes et nous permet de fidéliser nos équipes. Pour le recrutement, nous utilisons tous les réseaux, Pôle emploi, Facebook, Linkedin, et j'ai même essayé Le Bon Coin mais sans succès ! Finalement, le réseau qui fonctionne le mieux est celui de la recommandation. Les professionnelles se connaissent et communiquent sur leur environnement de travail, c'est notre atout. Nous avons récemment ouvert un poste de directrice et c'est une infirmière puéricultrice qui nous a rejoint, dont les motivations étaient claires, revenir à l'essence même de son métier centré sur l'épanouissement de l'enfant... »

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