« Sur six millions de personnes atteintes de la maladie de Parkinson dans le monde, 10 % vont développer une forme sévère de la maladie qui résiste à toute forme de médicaments ou de thérapies physiologiques. Par ailleurs, de plus en plus de personnes sont touchées, la maladie augmente de 4 % par an », alerte le Dr Emmanuel Cuny professeur de neurochirurgie au CHU de Bordeaux. « Mais, parallèlement, aucune solution médicamenteuse ne fonctionne sur les personnes qui souffrent de tremblement essentiel. Cela représente cinq millions de personnes également éligibles à la chirurgie, en l'occurrence la stimulation cérébrale profonde », poursuit le praticien qui a confondé la startup RebrAIn en 2021 pour développer une solution ad hoc.
La stimulation cérébrale profonde consiste à placer dans le cerveau des électrodes connectées à une boîtier placé sous la peau. « Pour faire simple, c'est une sorte de pacemaker du cerveau », résume Emmanuel Cuny.
Un dispositif pour lever les freins de l'opération
Cette technique chirurgicale s'est imposée comme une solution très efficace pour aider les patients à retrouver leur indépendance, en leur permettant d'effectuer des mouvements quotidiens. Mais du point de vue du praticien, l'opération est complexe. « Il n'y a pas de cerveau standard. Pour savoir où placer précisément les électrodes, nous avions besoin de réveiller le patient », explique Emmanuel Cuny.
Il a donc imaginé et développé, aux côtés de Nejib Zemzemi chercheur à l'Inria, une plateforme qui, grâce à un algorithme fondé sur l'intelligence artificielle et à un registre collaboratif de données de santé, aide les neurochirurgiens à identifier les zones du cerveau à opérer. « Le neurologue dépose son IRM qui lui revient marqué », explique Emmanuel Cuny, cofondateur et directeur médical de RebrAIn.
« Le but est de simplifier le travail du neurochirurgien. Nous ne réveillons plus le patient pendant l'opération pour vérifier que l'électrode est au bon endroit. Nous simplifions le process qui fait passer une intervention de six heures à moins de trois heures. Enfin, nous rendons cette chirurgie plus répétitive, basique et simple , explique Emmanuel Cuny qui précise ainsi traiter les symptômes et non la maladie. Il s'agit de diminuer le handicap. »
Un nouveau directeur général au profil business
À ce stade, la solution Saas (logiciel sur abonnement, NDLR) de RebrAIn, marquée CE et autorisée par la Food and Drug Administration, l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments, a permis, en trois ans, la réalisation de 450 chirurgies dans 55 centres à travers le monde, essentiellement pour de la recherche, des tests. Il s'agit désormais d'accélérer son développement commercial à l'échelle mondiale, prioritairement en Europe et aux Etats-Unis.
C'est dans cette perspective que RebrAIn a finalisé ce tour de table de 3,7 millions d'euros mené par Karista, avec la participation du fonds régional Naco (Nouvelle-Aquitaine co-investissement) et d'investisseurs existants. Elle a déjà permis de recruter, en janvier, un directeur général, David Caumartin, qui a plusieurs années d'expérience à la direction de medtechs.
Il a, entre autres, occupé le poste de directeur général de Theraclion, où il a levé plus de 50 millions d'euros en huit ans. L'entreprise qui emploie actuellement 13 personnes recrute également des profils scientifiques (ingénieurs logiciels, mathématiciens) pour poursuivre les développements technologiques et commerciaux.
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