Ollow cherche des fonds pour massifier sa production de matériaux composites

De 3DiTex à Ollow, c'est un changement de nom qui reflète les nouvelles ambitions de cette startup industrielle basée à Canéjan, au sud de Bordeaux. Son objectif, massifier la production de pièces composites valorisables et françaises en passant de 30 à 200 salariés d'ici 2028. L'entreprise vise une levée d'une dizaine de millions d'euros.
Maxime Giraudeau
Bertrand Laine, le CEO de 3Ditex devenue Ollow.
Bertrand Laine, le CEO de 3Ditex devenue Ollow. (Crédits : Agence APPA)

« Notre objectif initial c'était de faire de l'industrie. Et pas seulement de revendre des technologies. » C'est pour le matérialiser que Bertrand Laine, à la tête de l'entreprise girondine, est passé d'une appellation technique à un nom de marque. Ainsi 3DiTex est devenue fin février Ollow, pour augurer le lancement de la production de pièces composites creuses à Canéjan.

Le fabricant qui emploie 30 salariés débute avec 1.000 cadres de vélo à livrer cette année pour le compte de la marque Caminade, basée dans les Pyrénées-Orientales. De quoi permettre à la société de passer « de la preuve de concept à la maturité industrielle », comme le voit Bertrand Laine. « On a une stratégie en deux phases : d'abord identifier les marchés existants, sur les loisirs et le vélo donc, où on vient proposer une alternative à des pièces fabriquées en Asie, et ensuite on veut contribuer à démocratiser l'usage des composites creux tubulaires, sur les véhicules ou dans le secteur de l'énergie », vise-t-il.

Startup se rêve ETI

Pour y arriver, le passage à l'échelle industrielle est obligatoire. « Aujourd'hui dans l'automobile, on n'est pas capable d'acheter des composites haute performance à un coût élevé, explique le fondateur. Pour réduire les coûts, il faut des gros volumes. Notre modèle ne fonctionnera pas avec 50 personnes. » Aujourd'hui cantonnée à un site de 2.000 m2 dans le cadre d'une colocation avec les bras robotisés de Nimbl'Bot et les drones terrestres de Lynxdrone, Ollow a lancé la construction d'un premier bâtiment de 3.000 m2 au Haillan, au nord ouest de la métropole bordelaise. La livraison est prévue pour fin 2025. Suivra un second bâtiment en 2028, l'année où l'entreprise veut compter 200 personnes dans ses rangs.

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De la startup deeptech à l'ETI industrielle, il y a plus d'un pas. Créée en 2018, elle porte un procédé innovant de bobinage de couches textile qui lui permet - en comptant les économies de transport - de rivaliser avec les prix de la concurrence asiatique. Le panel des matières est vaste : du carbone au verre en passant par des matières végétales comme le lin ou le chanvre. Elle vise un million d'euros de chiffre d'affaires pour 2024, avec la fabrication de bâtons de marche et accessoires de piscine et avant de s'attaquer aux raquettes de tennis et cadres de vélo en très gros volumes. En fabriquant sur le sol français, Ollow surfe sur la politique de souveraineté industrielle portée par l'État.

Les composites cherchent à convaincre

Un vent favorable mais loin d'être suffisant, alors que l'équipe va s'engager dans une levée d'une dizaine de millions d'euros à boucler en moins d'un an. « Il n'y a qu'une petite dizaine de fonds positionnés sur le domaine industriel en France. Ça reste un combat difficile, d'autant plus qu'aujourd'hui on souhaiterait que la compétition soit moins biaisée entre les différentes régions du monde », pointe Bertand Laine. Dix millions d'euros pour une levée de fonds industrielle, un « cas de figure idéal » et très ambitieux.

D'autant plus que le domaine des matériaux composites n'a pas encore résolu l'équation de la production de masse. La startup de l'automobile Gazelle Tech en fait les frais jusqu'ici puisqu'elle peine depuis plusieurs années à accomplir sa recherche de fonds pour sa voiture dotée d'un châssis composite. Bertrand Laine a lui conscience des difficultés mais temporise : « La levée, ce sera la conséquence de ce qu'on aura prouvé sur l'année 2024. »

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Maxime Giraudeau

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