Gazelle Tech retourne dans l'arène pour financer sa voiture électrique composite

Près de dix ans après sa création, l'entreprise bordelaise Gazelle Tech cherche toujours à lever plusieurs millions d'euros pour financer la production de sa voiture électrique légère et brevetée. Son dirigeant multiplie les sollicitations mais se heurte à la réticence des investisseurs privés à financer un projet industriel.
Maxime Giraudeau
Presque dix ans après sa création, la société Gazelle Tech ne parvient toujours pas à lancer la production de son véhicule.
Presque dix ans après sa création, la société Gazelle Tech ne parvient toujours pas à lancer la production de son véhicule. (Crédits : PC / La Tribune)

« Tout le monde nous dit que que c'est impossible de construire un véhicule électrique en France à moins de 20.000 euros. Gazelle Tech nous offre un démenti cinglant. » Sophie Binet veut y croire. La secrétaire générale de le CGT, en visite en Gironde le 20 octobre dernier, a affiché son soutien au projet défendu par la startup Gazelle Tech basée à Blanquefort, au nord-ouest de Bordeaux. Des encouragements bienvenus à l'heure où l'aspirant constructeur automobile cherche, depuis un an et demi, à financer son destin industriel.

Alors qu'il disait être en difficulté avant l'été, le fondateur, Gaël Lavaud retourne au combat en cette fin d'année et multiplie les appels devant les investisseurs potentiels. Un rebond permis par des financements trouvés cet été qui viennent sécuriser les dix emplois de la startup et relancer la levée de fonds. Objectif : trouver plusieurs millions d'euros pour financer l'homologation du véhicule et les premières micro-usines d'assemblage.

Gazelle Tech participe notamment ce mercredi au Meet'up Greentech à Paris pour présenter la voiture de 900 kilos, électrique, moins gourmande en matériaux mais aussi en énergie que les modèles des grands constructeurs. Avec une technologie unique et brevetée : un châssis léger tout en composite de seulement dix pièces. Mais quand on est une jeune pousse de l'automobile, l'innovation et le financement public ne suffisent pas.

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« Boucler une levée de fonds industrielle, c'est une vraie galère en France, les acteurs classiques de l'investissement dans les startups sont tous orientés vers le digital », observe Gaël Lavaud.

« Et pourtant, les grands constructeurs nous ont approché, ils se sont montrés assez curieux. Mais ils n'ont jamais souhaité aller plus loin. Leurs fonds d'investissement et ceux de leurs équipementiers excluent de soutenir le projet parce qu'ils recherchent plutôt des accessoires qui viennent en supplément de leur véhicule. On est trop en rupture », reconnaît-il tout en restant persuadé du potentiel de la Gazelle.

Un véhicule trop ambitieux ?

En 2019, lors de sa première et seule levée de fonds à ce jour, le dirigeant annonçait vouloir lancer la production sous deux ans, grâce au déploiement des premières micro-usines. Des sites d'assemblage d'au moins deux personnes répartis sur le territoire, comme ce pourrait être le cas à plus grande échelle sur l'ancien site de Ford à Blanquefort. Un fleuron déchu où plus de 300 salariés, repris début 2023 par Mutares, un fonds allemand, sont toujours dans l'attente d'un projet industriel qui leur redonnerait du souffle. Gazelle Tech dit être en négociation avec les dirigeants quand, en parallèle, elle revendique une quarantaine de demandes d'implantation de micro-usines, notamment en France et en Europe.

Combien de temps reste-t-il pour trouver la manne financière ? « J'ai tout mon temps », promet Gaël Lavaud. Ses partenaires bancaires et son incubateur, Bordeaux Technowest, ont maintenu leur soutien ces derniers mois dans un contexte globalement compliqué pour les levées de fonds. Et, comme la dizaine de salariés, ils s'accrochent à l'espoir d'un déblocage alors que les projets de micro-mobilité fleurissent à l'instar des réussites annoncées de Midipile et Avatar dans la région. La différence, et peut-être la faille de Gazelle Tech jusqu'ici, est de proposer une voiture dont les coûts d'homologation et de développement sont bien plus élevés. « Mais on n'aura pas d'autre choix pour répondre aux besoins de déplacements quotidiens », rembraye Gaël Lavaud, à la recherche d'un itinéraire bis.

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Maxime Giraudeau

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