Ce qu'il faut savoir sur le livret d'épargne durable régionale imaginé par la Caisse d'épargne

Avoir la certitude que votre épargne liquide sert bien à financer les transitions environnementales de l'économie régionale : c'est la promesse du nouveau livret transition territoire lancé par la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes. Quelles sont les contraintes pour les épargnants et pour projets financés ? Comment sont-ils sélectionnés ? Quels sont les objectifs de la banque régionale ? Les explications de Frédérique Destailleur, sa présidente du directoire.
Sébastien Tessier, membre du directoire de la CEAPC en charge du pôle Banque de Détail, Francis Stéphan, directeur général Domofrance, Frédérique Destailleur, présidente du directoire de la CEAPC, Sylvain Téranian, directeur exécutif Domofrance, Marina Rivière, 1ère souscriptrice côté particulier, et Ludovic Renaud, membre du directoire en charge du pôle Banque de Développement Régional de la CEAPC
Sébastien Tessier, membre du directoire de la CEAPC en charge du pôle Banque de Détail, Francis Stéphan, directeur général Domofrance, Frédérique Destailleur, présidente du directoire de la CEAPC, Sylvain Téranian, directeur exécutif Domofrance, Marina Rivière, 1ère souscriptrice côté particulier, et Ludovic Renaud, membre du directoire en charge du pôle Banque de Développement Régional de la CEAPC (Crédits : CEAPC)

Financer l'économie réelle à côté de chez soi et savoir précisément où va son argent. C'est à la fois une vieille promesse des banques et un vieux débat politique sur lequel s'était d'ailleurs affrontés les candidats aux dernières élections régionales en 2021. L'enjeu était alors de mobiliser les épargnants néo-aquitains pour entrer au capital des TPE, PME et ETI régionales et renforcer leurs fonds propres trop souvent insuffisants. Une mécanique financière complexe puisqu'elle implique nécessairement une immobilisation de l'épargne et un risque de perte.

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Séduire les petits porteurs

C'est donc une stratégie différente et plus simple qu'adopte la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charente avec son livret transition territoire (LTT) lancé le 2 mai dernier : il ne s'agit pas d'entrer au capital mais de distribuer des prêts classiques aux entreprises, associations et bailleurs sociaux pour financer des projets vertueux sur le plan environnemental. « Chaque euro déposé servira à financer exclusivement des projets de transition environnementale, en proximité, assure ainsi Frédérique Destailleur, la présidente du directoire de la banque régionale. On s'est mis à la place du client épargnant qui souhaite accompagner les efforts de décarbonation de l'économie mais qui n'identifie pas de produit pour le faire. »

Pour les épargnants - particuliers, professionnels à titre privé, associations et institutionnels - les sommes peuvent aller de dix à 30.000 euros et restent entièrement liquides. Le taux du LTT est de 3 % jusqu'au 31 juillet puis de 1 % ensuite, soit une rémunération inférieure à celle du Livret A, fixée à 3 % jusqu'en janvier 2025, mais comparable à celle d'autres livrets non réglementés. La CEAPC mise donc d'abord sur l'engagement militant pour convaincre les petits porteurs d'ouvrir puis d'abonder des LTT pour réunir suffisamment de sommes et garantir ainsi la liquidités dépôts. Parmi les premiers souscripteurs institutionnels figurent les bailleurs sociaux Domofrance et l'Office de l'habitat de La Rochelle.

La promesse de la transparence

Et pour la banque à l'écureuil, le LTT jouera son attractivité sur la notion de transparence. D'un côté, les épargnants seront informés périodiquement de l'utilisation de leur épargne pour savoir à qui elle bénéficie et pour quels projets. Il s'agit de projets de mobilité verte, de rénovation énergétique, d'énergies renouvelables, de décarbonation des activités, etc.

De l'autre, les organisations qui auront souscrit un prêt - TPE, PME, ETI, bailleurs sociaux, associations ou collectivités - s'engagent à présenter leurs actions, y compris par le biais de rencontres en direct avec les épargnants pour expliquer leur démarche. « Cette notion est déterminante pour garantir de la confiance aux épargnants. Les porteurs de projets qui ne souhaiteront pas s'engager sur cette transparence ne pourront pas être financés par le LTT même s'ils pourront bien sûr solliciter d'autres financements de la CEAPC », précise Frédérique Destailleur.

La banque CEAPC n'a cependant pas choisi de recourir à un tiers pour mesurer et certifier la réalité des impacts environnementaux des projets qui seront financés par le LTT alors qu'il s'agit d'un élément clé pour éviter le green washing ou impact washing. « Cela aurait été trop lourd dans le cadre de l'octroi d'un crédit bancaire qui suppose une certaine réactivité. Nous avons nos propres critères pour définir ce qui est durable mais les engagements seront bien évalués a posteriori dans le cadre de l'audit CSRD [reporting de durabilité lié à la règlementation européenne, NDLR] qui viendra vérifier le fléchage des sommes vers des investissements durables », répond la présidente du directoire.

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Quelques centaines de millions d'euros

« Nous finançons aujourd'hui 110 à 130 millions d'euros de projets qui répondent aux critères du LTT alors qu'en face les besoins identifiés de financements ont doublé en trois ans et progressent de 40 % par an », ajoute Frédérique Destailleur. « Nous espérons donc collecter quelques centaines de millions d'euros via le LTT dans nos neuf départements pour répondre à cette demande. L'enjeu sera de collecter de nouveaux fonds dans la durée. » Cela restera un premier pas en comparaison des 21 milliards d'euros d'encours intermédiés mobilisables par la CEAPC.

Selon le rapport Pisani Mahfouz, publié en 2022 puis repris par France Stratégie l'an dernier, les objectifs de neutralité climatique en France nécessitent « une action d'envergure » en particulier sur le plan financier en mobilisant environ 70 milliards d'euros supplémentaires pour des investissements durables. En ramenant cette somme au poids du PIB de la Nouvelle-Aquitaine, cela suppose d'y mobiliser près de cinq milliards d'euros par an.

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Selon le site Changedebanque.org, avec plus de 51 milliards de dollars alloués au secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), la banque de financement et d'investissement du groupe BPCE (Banque populaire Caisse d'épargne), Natixis, est la quatrième banque la plus active dans ce secteur depuis l'Accord de Paris, derrière BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole.

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Commentaire 1
à écrit le 07/05/2024 à 11:52
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Avant cette grande destruction les politiciens nationaux ont massivement arrosé les politiciens locaux afin de mieux calmer la population, les banques feraient elles de même avec leurs agences régionales du coup ? Bah au moins vous vous en occupez au...

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