Mesurer l'impact, première difficulté des entreprises à mission selon une étude

Une étude menée auprès de 24 entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine présente les raisons de leur engagement et les enjeux rencontrés dans leur démarche. Derrière la nécessité d'embarquer tous les collaborateurs se pose celle de la mesure de l'impact, pas toujours évidente.
Maxime Giraudeau
71 % des répondants jugent que la rédaction du rapport de mission annuel n'est plutôt pas facile voire pas facile du tout.
71 % des répondants jugent que la rédaction du rapport de mission annuel n'est plutôt pas facile voire pas facile du tout. (Crédits : DR)

Comment passer de la parole aux actes ? C'est la limite qui s'impose aux sociétés à missions, ces organisations qui ont décidé d'inscrire une raison d'être sociale ou environnementale, voire les deux, dans leurs objectifs de développement. Une étude menée auprès de 24 entreprises à mission de Nouvelle-Aquitaine par Cohda pour Skultur* montre comment elles s'engagent et accomplissent ce processus.

En initiant la démarche, les sociétés interrogées ont prioritairement souhaité mobiliser leur politique RSE à 88 %, donner du sens à leur activité à 83 % et impliquer les collaborateurs dans une démarche collective à 79 %. En revanche, pour 54 %, la qualité d'entreprise à mission ne constitue pas un élément d'amélioration de la performance économique. Un quart y voit même un risque de perte de compétitivité ou de croissance et pour les deux tiers cela ne permet pas d'aller chercher de nouveaux marchés.

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« Au-delà d'un changement de statut et d'un audit tous les 24 mois, il n'y a aucun risque économique ou financier mais plutôt des opportunités », rebondit Franck Morisse, dirigeant du cabinet de conseil en stratégie d'entreprise Skultur. « C'est une qualité qui permet de donner de l'utilité à son activité, de contribuer à la marque employeur et d'acquérir un pouvoir d'attractivité », liste-t-il. Un élément de différenciation d'autant plus important à l'heure où le monde du travail est traversé par de grandes attentes sur la transition écologique et l'intelligence artificielle notamment.

Nouveaux outils de mesure à acquérir

Si l'engagement des sociétés part généralement d'une démarche sincère, certaines se heurtent à quelques contrariétés. La principale difficulté est la rédaction du rapport de mission annuel. 71 % des répondants jugent que cette tâche n'est plutôt pas facile voire pas facile du tout. 53 % a du mal à dégager du temps pour faire vivre la mission au quotidien. Seules les entreprises de plus de 50 salariés ont pour obligation de constituer un comité de mission afin d'animer et suivre les objectifs de la raison d'être. Mais les nouveaux statuts ne sont pas toujours faciles à décliner dans l'activité réelle.

« Chacun des objectifs statutaires est décliné en objectifs opérationnels. Il faut les identifier et se doter d'outil de traçabilité, de calcul et d'avancée pour chaque domaine. Devenir société à mission c'est passer d'une équipe concernée à une équipe impliquée », illustre Franck Morisse. Avec deux chiffres à mettre en regard : 65 % des répondants parviennent facilement à mobiliser leurs équipes, quant, en amont, 42 % déclare ne pas avoir fait participer ses salariés à l'initiation de la démarche.

Un processus pourtant simple puisque la qualité de société à mission s'obtient par une modification des statuts de l'entreprise par l'inscription d'une raison d'être. Une étiquette permise par la loi Pacte depuis 2019 et qui rassemble aujourd'hui plus de 1.300 organisations en France, dont seulement 87 en Nouvelle-Aquitaine avec Maïf, Léa Nature ou Camif par exemple. La société à mission n'est qu'une possibilité parmi de nombreux labels ou éléments différenciant (B-Corp, RSE, ISO 26.000, Convention des entreprises pour le climat...). Et rassemble aussi bien des acteurs de l'ESS que de grands industriels.

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*Étude menée par l'institut d'études quantitatives Cohda du 12 septembre au 2 octobre 2023. Questionnaire rempli par 24 entreprises à mission sur 70 sollicitées.

Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 23/11/2023 à 8:32
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Surtout avec la pression financière imposée aux petits et moyens afin de compenser les cadeaux aux plus gros. l'équation semble impossible.

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