Un véhicule électrique, léger et fabriqué en France : le pari idéaliste d'Avatar Mobilité

REPORTAGE. Aujourd'hui, il faut choisir entre rouler sobre et rouler français. Demain il y aura Avatar. La jeune pousse rochelaise présente un prototype de véhicule quadricycle électrique à quatre places léger, éco-conçu et d'une autonomie de 150 kilomètres. Il pourrait être produit dès 2025 et à terme dans plusieurs micro-usines, avec une logique d'industrialisation raisonnée.
Le dirigeant d'Avatar Mobilité, Frédéric Mourier, présente le prototype de son véhicule électrique.
Le dirigeant d'Avatar Mobilité, Frédéric Mourier, présente le prototype de son véhicule électrique. (Crédits : MG / La Tribune)

Avec un secteur automobile agonisant, c'est une région qui avait fini dans le décor. Définitivement croyait-on. L'industrie du véhicule auto laisse des sueurs froides dans l'ancien Poitou-Charentes : liquidation d'Heuliez à la fin des années 2000, échec cuisant de la Mia Electric ensuite et, plus récemment, fermeture finale des Fonderies du Poitou. Rien qui n'empêche d'intrépides aspirants constructeurs d'apparaître pour répondre au besoin de transition de la filière. C'est le cas de Midipile à Angoulême qui va s'attaquer en fin d'année à la fabrication de son petit véhicule dédié à la logistique urbaine ou de Kate dans les Deux-Sèvres. Et du plus jeune Avatar Mobilité qui va en faire de même pour les particuliers depuis La Rochelle.

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Cette dernière société a bien des points communs avec sa consœur angoumoisine. Tellement qu'elles ont chacune pris des participations chez l'autre. « Là où Benoît [Trouvé, le dirigeant de Midipile, ndlr] s'est intéressé plutôt à la logistique, on s'attache plus à changer les usages de la voiture », cadre Frédéric Mourier, fondateur d'Avatar. C'est ainsi que le dirigeant de l'entreprise créée en 2021 planche, non pas sur un vélo amélioré, mais plutôt une voiture simplifiée à l'extrême. On parle d'ailleurs de véhicule quadricycle puisque l'homologation visée est équivalente à celle délivrée pour un quad. Et pourtant, le bolide à l'état de prototype dispose bien d'un habitacle, de quatre places avec un poste de pilotage et de tout ce qu'il faut connaître pour conduire une automobile. Mais ici, la motorisation est électrique, alimentée entre batteries et solaire, la masse légère, avec 350 kilos à la pesée, et l'impact environnemental vertigineusement bas avec moins de 20 grammes de CO2 par kilomètre. Construction comprise.

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Le prototype du véhicule d'Avatar, et son allure atypique. (crédits : MG / La Tribune)

« On nous prenait pour des fous avant les crises »

L'armature en acier et thermoplastique, un matériau recyclable, est capable de transporter l'équivalent de son poids. En refusant d'intégrer des composites, le futur constructeur a pris la voie de la circularité des pièces. « On a poussé le bouchon du moindre impact le plus loin possible, peut-être qu'on devra faire quelques concessions », reconnaît le dirigeant qui anticipe le futur des mobilités depuis la fin des années 2000. La promesse vertueuse semble convaincre investisseurs et clients. « A notre petite échelle, on a déjà 200 intentions d'achat, alors que nous n'avions pas vraiment lancé la prospection commerciale. »

Le prototype dispose de bien des atouts en terme de maniabilité. Au volant la conduite est douce et fluide. Le volant est de petite taille et les pédales en bois. L'accélération se fait très tranquillement. On pourrait presque dire la même chose d'un jouet. De quoi créer une rupture totale dans un monde automobile où les véhicules n'ont cessé de grossir depuis les années 2000, consacrant l'âge d'or des SUV. Le design porté par Avatar est surprenant, d'apparence allongée et cubique. Mais au-delà des considérations esthétiques, le quadricycle veut répondre à un besoin de mobilité légère pour l'environnement et pour le porte-monnaie. Avec un coût de série qui tomberait à 12.000 euros TTC, le constructeur rochelais se positionne en faveur d'un véhicule (enfin) accessible et bas carbone.

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Au volant, le conducteur est à mi-chemin entre la position assise et couchée. Sous son siège, des batteries interchangeables. (crédits : MG / La Tribune)

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Mais comment ne pas craindre les mêmes désillusions que celles subies par la Mia Electric dans les Deux-Sèvres qui, entre un outil industriel surdimensionné et un marché pas mature, a sombré définitivement en 2014. Ou comme Gazelle Tech qui, année après année, ne parvient à réunir les fonds nécessaires pour lancer sa voiture électrique à Bordeaux. Midipile et Avatar arrivent justement dans un moment particulièrement propice. « On nous prenait un peu pour des fous quand la société n'avait pas encore vécu la crise des gilets jaunes, celle du Covid ou du climat », rétropédale Frédéric Mourier, rappelant une demande de financement auprès de la Région qui n'avait pas abouti en 2019. Les deux sociétés avancent aussi avec des modèles industriels raisonnés. Alors que Midipile va s'adosser à une chaudronnerie charentaise pour développer un site de production, Avatar veut quant à lui essaimer.

La voiture électrique à 100 euros par mois

L'idée du dirigeant est de monter des micro-usines d'environ 1.000 m2, sur un modèle de franchise, employant chacune une trentaine de personnes afin de procéder à l'assemblage de 2.000 à 3.000 véhicules par an. Avec un calendrier ambitieux en tête : lancer le site pilote en 2025 sur le territoire de La Rochelle, où le foncier manque pourtant cruellement. Le futur constructeur doit investir 3,5 millions d'euros pour cette première étape. Une levée de fonds est en préparation et une dizaine de personnes doivent être recrutées d'ici la fin de l'année. « Nous voulons lancer deux à trois sites de ce genre pour montrer l'interconnexion entre eux et la rentabilité par les volumes », déclare-t-il.

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L'équipe de Frédéric Mourier, qui pose ici, est composée de quatre personnes. (crédits : MG / La Tribune)

Côté commercialisation, Avatar vise en priorité les entreprises qui souhaitent décarboner leur flotte de véhicules. Puis les particuliers, via la vente ou la location. Un objectif évident alors qu'Emmanuel Macron souhaite rendre accessible la voiture électrique pour 100 euros par mois. Mais pour l'instant, ce sont principalement les voitures chinoises du constructeur Toyota qui vont en profiter. Malgré des désavantages concurrentiels en France, Frédéric Mourier observe une coopération inattendue pour développer les nouvelles mobilités. « Demain, on aura peut-être des composants en commun avec les grands constructeurs, voire des sites mutualisés. Je pense que ça ne s'est jamais vu dans le monde automobile, en ce moment il y a un esprit lié à la création de valeur et à l'économie circulaire », se satisfait-il.

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Faudra-t-il encore trouver la main d'œuvre nécessaire, la bonne formule commerciale et les financements. Car il y a quand même une différence de taille entre Avatar et les grands constructeurs : les ressources financières disponibles. Le nerf de la guerre qui empêche pour l'instant le Rochelais de se lancer dans la production. Mais son agilité devrait s'avérer rapidement payante alors que l'homologation du véhicule est prévue pour l'an prochain.

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Commentaires 9
à écrit le 25/07/2023 à 16:21
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Voilà les véhicules qui joueront les intermédiaires avant leur disparition ! Il va falloir revenir sur terre ! :-)

à écrit le 25/07/2023 à 6:38
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On aime le segolene dans le Poitou. Aujourd'hui, cette derniere pavoise, sans vergogne. C'est ca la France.

à écrit le 24/07/2023 à 20:18
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L'électrique, ça marchera quand il y aura de vraies technos de rupture qui permettent de faire 1000 km sans l'angoisse de recharger. Et encore, car à moins de couvrir le pays d'éoliennes, je vois pas comment le bilan énergétique (durable) est tenable...

à écrit le 24/07/2023 à 15:05
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Pour aller faire les courses, ça fait caddie couvert. :-) S'il y avait des parking à l'entrée des ZFE, ça permettrait d'échanger, temporairement, la voiture à pétrole par cet engin pour circuler sans pollution puis la déposer au retour. "alimentée ...

à écrit le 24/07/2023 à 14:39
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On va bien finir par épuiser les ressources à force de se donner autant de mal pour les économiser ! Et dans économiser ya... miser !

à écrit le 24/07/2023 à 14:32
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L'avenir de la voiture électrique, c'est le Kit. 2 ou 3 plates-formes de differentes puissances sur lesquelles tout un chacun montera sa "carrosserie " et les accessoires qu'il juge indispensables à son confort!.Viable, à condition de ne pas em...d...

à écrit le 24/07/2023 à 8:54
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Le marché qui ne tient plus qu'entre quelques mains ne permet plus cette incroyable époque de l'automobile quand de nombreux constructeurs naissaient dans leurs ateliers persos à concevoir leurs fabrications. Les mégas riches possèdent et décident do...

à écrit le 24/07/2023 à 8:10
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Une telle naïveté c'est touchant Ce projet est mort né ... ça me rappelle la start up hopium

le 24/07/2023 à 11:01
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Moi, ca me rapelle a Sergoline Royal et sa deblacle de voitures MIO et Heuliez.

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