L'usine MMT-B (ex-Magna Bordeaux) se diversifie dans les bornes pour véhicules électriques

L'entreprise MMT-B annonce le lancement de sa première activité de diversification industrielle avec la mise en production de bornes de recharge « Made in France » de nouvelle génération pour les voitures électriques. Dans l'immédiat, cet accord passé avec la société francilienne Wattpark n'offre des perspectives que pour 10 à 15 % de l'effectif de l'usine de Blanquefort (Bordeaux Métropole). Les présidents de MMT-B et de Wattpark s'en expliquent dans La Tribune.
Bornes de recharges électriques développées par Wattpark.
Bornes de recharges électriques développées par Wattpark. (Crédits : Wattpark)

Évoquée à plusieurs reprises, la création au sein de l'usine MMT-B (ex-Magna Powertrain Bordeaux / ex-Getrag Ford Transmissions), de Blanquefort, d'une ligne de production industrielle dédiée à la fabrication de bornes de recharge pour les voitures électriques est désormais officielle. Le fonds de retournement allemand Mutares, propriétaire de MMT-B (Manufacturing the mobility of tomorrow in Bordeaux), la direction de l'usine girondine et Marc Lepage, cofondateur et dirigeant de la société Wattpark, confirment conjointement le lancement imminent de cette nouvelle production. Basée à Saclas (Essonne), Wattpark développe des bornes de recharge de nouvelle génération pour les voitures électriques.

Lire aussiMutares boucle le rachat de l'usine Magna Bordeaux

« L'objectif est de commencer à produire dès cette année. Avec une première série, hors prototypes, de 5.000 unités en 2023. La production industrielle démarrera de son côté à la fin du 1er trimestre 2024. Nous allons investir cinq millions d'euros au global dans la mise en place de cette unité d'assemblage qui va employer jusqu'à 70 personnes. On retiendra qu'avec une capacité de production de 100.000 bornes par an nous partons sur un objectif très élevé. Puisque c'est à peu de choses près le nombre de bornes qui sont installées actuellement en France », détaille à La Tribune Olivier Boidin, président de MMT-B.

Entre 500 et 550 salariés d'ici fin 2023 à MMT-B

« Cette production sera « Made in France » contrairement au concurrents actuels (essentiellement Chinois -Ndr). Et une partie des bornes va partir à l'export, aussi bien en Europe qu'au Moyen-Orient, par exemple », ajoute le dirigeant de l'usine qui emploie aujourd'hui 612 salariés actifs en CDI, auxquels s'ajoutent quelques dizaines d'intérimaires, de contrats à durée déterminée et d'apprentis, contre 780 salariés lors du rachat par Magna en 2021.

« Nous serons 500 à 550 d'ici la fin de l'année puisque, dans le cadre du plan de cession d'activité, qui est très apprécié : 80 salariés à durée indéterminée vont quitter l'entreprise », complète Olivier Boidin.

Rachetée en 2021 à Ford par Magna, le destin de cette usine reprise ensuite par Mutares début 2023 semblait jusqu'ici à peu près sans issue puisque toujours dépendante des achats par le groupe Ford des boites de vitesses manuelles MX65 qu'elle fabrique. La production de ces boites, qui équipent les petits et moyens modèles à moteur thermique (comme la Ford Fiesta), va chuter en 2024 pour s'achever en 2025, et aucun nouveau projet industriel d'ampleur n'a été proposé par la firme de Détroit à MMT-B. Dans un scénario noir qui rappelle celui de l'usine sœur Ford Aquitaine Industries (FAI) fermée en 2019 à quelques centaines de mètres de là. Ainsi, dans ce contexte déprimé, la confirmation de la mise en place à MMT-B d'une nouvelle ligne de production industrielle liée à la motorisation électrique prend beaucoup de sens.

Comme fonctionne l'Airbnb de la recharge électrique

« Je suis mécatronicien, avec des compétences en mécanique, informatique et électronique. Nous étions en contact avec Magna Powertrain Bordeaux depuis plusieurs mois et c'est ainsi que nous avons pu nous allier à Mutares, qui est aussi entré au capital de Wattpark. Ils fabriquent des boites de vitesse, mais avec l'électrification ces dernières vont disparaitre. Notre accord prévoit la mise en place d'une ligne de production avec une capacité de produire jusqu'à 100.000 boites par an », confirme Marc Lepage pour La Tribune.

L'idée de base est de permettre à tout un chacun de se transformer « en pompiste électrique » en fonction de la demande. C'est l'idée de Wattpark, qualifié parfois de « Airbnb de la recharge », qui depuis sa création en 2017 a levé un peu plus de quatre millions d'euros.

« Nous fournissons la borne électrique aux particuliers, à partir de 600 euros, et le système de monétisation, grâce à l'application que nous avons développé sur smartphone. Avec cette application les gens viennent recharger leurs voitures, en fonction d'un tableau de bord qui indique les lieux et les horaires de recharge disponibles. Les propriétaires de la borne sont rémunérés et nous, nous prenons 10 % », déroule Marc Lepage.

Ce dispositif est au cœur du service proposé par Wattpark.

Primé par la fondation Solar Impulse de Bertrand Picard

Comme le souligne Olivier Boidin, ces bornes de recharges « Made in France » pourront être installées chez des particuliers mais aussi dans des entreprises, puisque nombre d'entre elles ont d'importantes flottes de véhicules. Avec des installations qui vont parfois nécessiter de tirer des câbles à plus forte capacité électrique que ce que l'on trouve dans les foyers, comme du 380 volts. En plus de ce service, Marc Lepage explique qu'il compte développer une activité de récupération et de reconditionnement des bornes.

Lire aussiBornes de recharge : malgré le manque de rentabilité, le secteur continue de séduire les investisseurs

Cet ancien ingénieur de l'armement, qui souligne avoir travaillé dans l'industrie en Allemagne, explique qu'il s'appuie sur de nombreux sous-traitants pour développer et tester les innovations de Wattpark. Avec un écosystème industriel conforme à celui qu'il a vu fonctionner outre-Rhin, où les PME sous-traitantes des groupes sont « greffées » au périmètre de ces derniers et, pour ainsi dire, placées sous leur protection.

« Cela n'a rien à voir avec la façon dont fonctionne l'industrie en France, mais j'ai vu à quel point ça pouvait être efficace et je tenais absolument à reproduire ce module », commente Marc Lepage.

Soutenu par de nombreux acteurs privés mais aussi la Région Ile-de-France, Wattpark s'est notamment vu décerner le prix "Solar Impulse efficient solution" par la fondation Solar Impulse de l'innovateur et aventurier helvétique Bertrand Picard. Et le patron de Wattpark annonce qu'il propose également une architecture cybernétique très solide, qui met ses bornes électriques à l'abri de tout arrêt de fonctionnement inopiné, grâce à un protocole nouveau permettant à son réseau de bornes de recharges de fonctionner y compris « off line ».

Lire aussiEVBox Bordeaux dans la course mondiale du marché des bornes de recharge rapide

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.