Un nouveau logo mais pas de nouvelles commandes pour l'ex-usine Magna Bordeaux

Le changement d'identité de l'ex Magna Powertrain Bordeaux se confirme sur les panneaux plantés à l'entrée ou accrochés aux murs de l'usine de Blanquefort. Après la vente du site à Mutares, le désormais bien connu Magna a cédé la place au plus mystérieux MMT. Rien de nouveau, en revanche, du côte du carnet de commandes de ce site de 740 emplois.
Nouveau panneau à l'entrée de l'usine de Blanquefort.
Nouveau panneau à l'entrée de l'usine de Blanquefort. (Crédits : V.T.)

Ce 10 mars Olivier Boidin a officiellement été nommé président de New Magna PT Bordeaux, la société (selon la base de données Infogreffe) qui a pris la suite de Magna Powertrain Bordeaux (MPB), depuis décembre 2022 dans la perspective de la vente de cette usine (ex-Getrag Ford Transmissions) au fonds de retournement allemand Mutares.

« Olivier Boidin était notre ancien DRH avec Magna mais il conserve aujourd'hui cette fonction en plus de sa casquette de président », souligne Vincent Teyssonneau, délégué syndical CGT.

Le mouvement s'est accéléré depuis le 1er mars 2023, date à laquelle Mutares est réellement devenu propriétaire de cette usine de 740 salariés, toujours spécialisée dans la fabrication de boites de vitesses MX65 destinées aux modèles Ford de petites cylindrées, en particulier les Fiesta et Focus produites pour le marché européen.

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MMT le sigle mystérieux accroché à l'usine

Avec la conclusion de la vente à Mutares, de nouveaux panneaux cryptiques logotés MMT viennent de remplacer ceux griffés Magna. MMT ne peut que correspondre à l'accroche coup de poing choisie (en anglais) par Mutares : « Manufacturing the Mobility of Tomorrow in Bordeaux », que l'on peut traduire par « la fabrication de la mobilité de demain à Bordeaux ».

MMT ex Magna Bordeaux

Des panneaux devenus omniprésents (photo VT).

Mais au-delà du nouvel affichage déployé par le nouveau propriétaire, Ford reste pour le moment l'unique client de l'usine de Blanquefort et le repreneur, qui va restructurer l'entreprise pour ensuite la revendre, semble avoir préféré conserver la visibilité internationale apportée par le nom de Magna (au moins sur leurs documents officiels), deuxième plus gros équipementier automobile au monde.

« Il nous reste 450.000 boites de vitesses à fabriquer d'ici 2026, année officielle de fin de production. Mais comme ce volume ne représente qu'une année de production, il a été entendu de le faire durer deux ans, jusqu'à fin 2024 en réduisant la production. Ce qui va nous amener à passer de 3.000 boites par jour à environ 680 », éclaire pour La Tribune Vincent Teyssonneau.

Concrètement, comme le souligne le syndicaliste, l'usine va arrêter de tourner en trois équipes (matin/après-midi/soir soit 24h sur 24) à compter du 1er avril prochain pour passer à deux équipes (matin/après-midi). Avant sans aucun doute de descendre à une seule équipe, ce qui va générer du chômage technique, comme c'est déjà arrivé par le passé.

Impossible de fabriquer en même temps du thermique et de l'électrique

Le choc de l'électrification des voitures et de la fin annoncée des moteurs thermiques poussent Ford Motor Company a poursuivre la réduction drastique du nombre de ses usines en Europe, qui tombent comme des châteaux de cartes les unes après les autres, que ce soit en Allemagne (où se trouve son siège Europe) ou même en Espagne, à Valence, où le constructeur avait lourdement investi il y a quelques années. Quand Ford Aquitaine Industries (FAI) a été fermée en 2019, beaucoup de machines et toute la production girondine des boites de vitesses automatiques haut de gamme 6F35 de Ford ont été rapatriées au siège de Ford, à Dearborn (banlieue de Détroit).

Aujourd'hui, le constructeur automobile poursuit sa politique à tendance protectionniste : aux 3.800 suppressions d'emplois annoncées en Europe en 2023 vont répondre 2.500 créations de postes aux Etats-Unis pour l'électrification des véhicules.

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« Ford va arrêter la production des Fiesta en juin prochain, en avance d'un an, et des Focus en fin 2024, là aussi beaucoup plus tôt que prévu. Parce que, pour passer à l'électrique, ils doivent démanteler les lignes de production en thermique : il n'est pas possible de faire les deux à la fois, les coûts de production seraient trop élevés », explique Vincent Teyssonneau.

Conscients du danger que représente cette transition énergétique accélérée dans l'automobile, qui semble devoir profiter en priorité aux constructeurs automobiles chinois, jusque-là ralentis par la complexité des moteurs thermiques, les firmes allemandes essaient désormais de donner un coup de frein à cette électrification tous azimuts des voitures. Un dernier baroud ?

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