Ce 22 décembre le fonds de retournement allemand Mutares, qui est seul en lice pour la reprise de l'usine Magna Powertrain Bordeaux (ex-Getrag Ford Transmissions), à Blanquefort (Bordeaux Métropole), a annoncé avoir signé un « accord pour acquérir » cette usine qui appartient au groupe canadien Magna, deuxième plus gros équipementier automobile mondial.
Mutares a de cette façon voulu réagir aussi vite que possible à l'annonce faite ce 21 décembre par les syndicats de l'usine sur le report de l'acte de vente de Magna Bordeaux au fonds de retournement allemand. Contre-temps qui s'est manifesté ce même 21 décembre pas l'absence des représentants de Mutares, qui étaient pourtant attendus par l'intersyndicale à la réunion extraordinaire du conseil social et économique (CSE). Mais au ministère de l'Economie et des Finances, où l'on suit ce dossier sensible de près, on confirme ce jeudi après-midi à La Tribune que la signature de l'acte de vente de Magna Bordeaux à Mutares a bien été retardée et qu'elle devrait être conclue à la fin de ce mois de janvier 2023.
Un dossier suivi de près au ministère de l'Economie
Magna Bordeaux fabrique des boites de vitesses MX65 destinées à l'équipement des véhicules Ford de petite ou moyenne cylindrée vendus sur le marché européen, comme la Fiesta. Une production qui arrive en bout de course. Prévue pour s'arrêter en 2026 au départ, la production de Magna Bordeaux devrait en réalité s'arrêter dès 2024. Structuré comme un conglomérat, le fonds de retournement Mutares détient plus d'une dizaine d'entreprises organisées par secteurs d'activité et s'est doté d'un segment Automobile & Mobilité.
Le propos de la direction de Mutares est justement de faire valoir cette proximité industrielle en passant toutefois sur les détails de cette vente qui ne rassure pas les salariés ni les élus. Ce à quoi à Bercy, on souligne que, même si cette transaction engage deux parties privées, les enjeux industriels qu'elle implique sont surveillés de près par le ministre Bruno Le Maire et qu'aucune forme de spoliation ne sera acceptée par le gouvernement.
Mutares n'est pas encore parvenu à rassurer
Le groupe Magna, à Aurora (banlieue de Toronto), n'a jamais fait mystère de son absence totale de confiance pour le segment de marché des boites de vitesses manuelles ou semi-automatiques. Dépréciant pour 59 millions de dollars canadiens d'actifs dans sa filiale GFT en 2019. De nombreux observateurs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de Magna Bordeaux, ont fait valoir qu'il existait encore un espoir avec les boites de vitesses à double embrayage mais Magna n'a jamais mis ce petit virage technologique au programme de Magna Bordeaux.
Une filiale jusqu'ici entièrement liée au bon vouloir de son unique client et propriétaire des terrains : le groupe Ford, à Détroit. Dans son dernier communiqué, Mutares fait valoir que Magna Bordeaux pourra bénéficier de synergies avec les entreprises de son propre pôle Automobile & Mobilité. Mais en l'absence de la présentation de tout projet industriel cohérent par ce repreneur, il est inévitable que le scepticisme l'emporte.
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