Gironde : Sophie Binet (CGT) milite pour la fabrication d’une voiture électrique à Blanquefort

La secrétaire générale de la CGT était à Bordeaux ce vendredi pour promouvoir un projet industriel de véhicule électrique léger et à bas coût. Sophie Binet alerte sur le sort de deux entreprises bordelaises en sursis, la startup Gazelle Tech et les 540 salariés de MMT-B. Une alliance de la mobilité verte plus simple à nouer sur le papier que dans la réalité.
Maxime Giraudeau
Au côté des représentants de la CGT Gironde et de Greenpeace, Sophie Binet a appelé depuis Bordeaux à la mobilisation pour convertir la filière automobile au véhicule électrique.
Au côté des représentants de la CGT Gironde et de Greenpeace, Sophie Binet a appelé depuis Bordeaux à la mobilisation pour convertir la filière automobile au véhicule électrique. (Crédits : MG / La Tribune)

Alors que le Président de la République défend « la bagnole » qu'il aime tant et tente de préparer le renouveau de l'industrie française, la CGT y va aussi de sa mobilisation pour impulser une filière tricolore du véhicule électrique. Présente ce vendredi 20 octobre à Bordeaux, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet est allée à la rencontre des salariés de l'usine MMT-B (ex-Magna) et a été reçue par le maire écologiste Pierre Hurmic. Alors que Renault prévoit la délocalisation de la fabrication du modèle Zoé au profit d'un centre de recyclage automobile, c'est l'occasion pour le syndicat de défendre le retour du véhicule électrique en France. Et aussi de concilier social et transition écologique.

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Dans la tête de la syndicaliste et des salariés de MMT-B, il y a la startup Gazelle Tech, qui porte depuis des années un prototype de véhicule léger et éco-conçu. « Gazelle Tech offre un démenti cinglant à ce que nous expliquent les grands constructeurs automobiles et le gouvernement nous disant qu'il ne peut pas y avoir de véhicule électrique à bas coût produit en France. Nous croyons en ce projet qui permet de lier le social et l'environnemental », raccorde Sophie Binet en y opposant le « non-sens environnemental du SUV électrique ».

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540 salariés sans projet industriel

Le syndicat et la startup s'opposent tous deux au taylorisme, ce modèle de production de véhicules à la chaîne qui a largement écrit l'histoire de l'industrie automobile. Gazelle Tech veut s'orienter vers des micro-usines de deux personnes, déployées sur le territoire, pour assembler les composants du véhicule. Ce n'est pour l'instant qu'un mirage puisque la startup est au bord du gouffre après des échecs répétés à trouver des financements pour l'homologation de son véhicule électrique de 900 kilos. En 2019, elle avait levé 1,1 million d'euros et se donnait alors deux ans pour lancer la production. Mais elle doit désormais trouver près de dix millions d'euros, sans quoi elle mettra la clé sous la porte. La faute à un projet que certains jugent trop ambitieux face à la puissance des constructeurs automobiles, et d'autres pas assez soutenu par la force publique. Quoi qu'il en soit, son fondateur Gaël Lavaud n'est plus très loin d'abandonner.

Le temps commence aussi à être pressant pour les salariés de l'usine MMT-B à Blanquefort. Le site qui fabrique des boîtes de vitesse pour Ford a été repris au printemps par le fonds allemand Mutares, mais sans l'annonce d'un projet industriel d'envergure qui sécuriserait son avenir. Les commandes pour les moteurs hybrides de Ford doivent s'arrêter au plus tard en 2025. Le personnel, qui se montre volontariste depuis plusieurs mois, croit en la transition vers l'électrique.

S'appuyer sur le tissu régional

« C'est un projet qu'on essaye d'amener auprès de la direction afin de diversifier l'activité du site. Il y a urgence car on va se retrouver peut-être dès l'année prochaine avec une rentabilité négative », alerte Lionel Gaillard, élu CGT de MMT-B, tout en reconnaissant la nécessité d'évaluer en profondeur la viabilité de la stratégie de Gazelle Tech. Le fonds d'investissement Mutares, propriétaire de MMT-B, a jusqu'ici assuré vouloir conserver le savoir-faire automobile du site. Le deux seuls projets annoncés concernent pourtant la fabrication de bornes de recharge électriques qui doit débuter en novembre et de robots tondeurs.

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Au-delà, la secrétaire générale de la CGT veut mobiliser tout un tissu industriel régional. « L'intérêt de la région bordelaise c'est qu'elle concentre en circuit-court toutes les technologies dont on a besoin pour produire la Gazelle à échelle industrielle : MMT-B, l'industrie aéronautique spécialiste des matériaux composites, l'industrie spatiale pour répondre aux caractéristiques de véhicule connecté et l'usine Saft qui pourrait produire les batteries », liste Sophie Binet. Auxquels on peut ajouter les projets de véhicules légers des startups Midipile Mobility à Angoulême et Avatar à La Rochelle, mieux dotées en financements que la Gazelle.

La CGT sera reçue prochainement par le ministre de l'Industrie pour évoquer ses revendications et l'inciter à mettre au pot. « Le gouvernement doit mettre toute son énergie pour que ce projet voit le jour et le financer afin d'en garder la maîtrise sociale et environnementale », vise-t-elle encore, en appelant au soutien de Bpifrance. Un son de cloche qui fait écho aux nouvelles ambitions du gouvernement sur l'industrie verte et montre que si la nécessité de la transition écologique est devenue indiscutable, son application va faire l'objet de nouvelles luttes.

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Maxime Giraudeau

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Commentaires 9
à écrit le 21/10/2023 à 16:35
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C'est gentil de pousser à la roue : les voitures électriques coûtent moins cher à fabriquer et se vendent plus cher que les autres, et sont une véritable aubaine pour les constructeurs. Mme Binet travaille pour le grand capital, il faut lui rendre ce...

à écrit le 21/10/2023 à 10:36
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On attend avec impatience l’efficacité industrielle et économique d’un syndicat, en particulier un syndicat gauchiste, pour construire une voiture fiable et de qualité, pouvant être vendue avec des salaires décents et des conditions de travail optima...

à écrit le 21/10/2023 à 8:30
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Il faut que la CGT s’investisse et investisse ses fonds dans ces usines pour nous montrer la voie

le 21/10/2023 à 10:02
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mme binet au lieu de critiquer le patronat montrer nous que vous etes autre chose que la critique gerer une entreprise pas une unite a subvention mais une veritable usine de production

à écrit le 20/10/2023 à 22:49
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Je croyais qu'à la CGT, on choisissait des gens sérieux. Elle ne va pas jouer sa Ségolène Royal!

à écrit le 20/10/2023 à 20:37
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excellent!!!! qu'on oblige la CGT a financer les projets pour qu'il y ait de la souverainete et de l'emploi!!!!!!!!!!!! pour les pauvres!!! elle en a les moyens, elle a plein de pogon avec le 1%CE et les 30 milliards de la formation, en plus de ses c...

le 20/10/2023 à 23:45
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Vous êtes en Retard de 3 générations… les ce? Lesquels?… ils sont minoritaires chez edf , Air France … la sncf ayant été éclatée en 5 sa ils n’ont plus qu un seul ce . Et le plus petit .. La formation professionnelle n est plus gérée par les sy...

à écrit le 20/10/2023 à 19:35
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Mme CGT qui ne connait rien à l'industrie et qui n'a comme tout bon cegetiste aucun bon sens économique veut nous refaire le coup de Mme Royal avec Heuliez, Mia. Ces projets coopératifs sont des non sens économiques, il faut passer à autre chose. ...

à écrit le 20/10/2023 à 18:28
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Le dumping social est vaincu ! Au moins on rigole.

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