Vitirover confie à MMT-B la production industrielle de ses robots tondeurs

Les petits robots tondeurs de Vitirover vont sortir de l'univers des prototypes et des petites séries pour faire leur entrée dans le monde industriel grâce à MMT-B (ex-Magna Powertrain Bordeaux), à Blanquefort. Si la vigne est toujours à l'ordre du jour, c'est la demande chez les énergéticiens, en particulier avec l'explosion des besoins pour l'entretien écoresponsable des parcs photovoltaïques qui donne le tempo.
Les petits robots de Vitirover peuvent aussi bien intervenir dans les vignes, que les vergers, les parcs photovoltaïques, les bordures d'autoroutes ou de voies ferrées...
Les petits robots de Vitirover peuvent aussi bien intervenir dans les vignes, que les vergers, les parcs photovoltaïques, les bordures d'autoroutes ou de voies ferrées... (Crédits : Vitirover)

Entreprise innovante cofondée à Saint-Emilion, en 2007, par Arnaud de la Fouchardière et Xavier David-Beaulieu (château Coutet à Saint-Emilion), Vitirover, est spécialisée dans la conception et la fabrication de petits robots tondeurs autonomes destinés aux professionnels et fonctionnant à l'énergie solaire. La société, qui vient de s'implanter à Libourne (Gironde), semble en pleine phase de décollage si l'on en juge par la multiplication des surfaces qui lui sont désormais confiées pour être tondues.

Parce que les flottes intelligentes de petites tondeuses électriques Vitirover, bien coordonnées entre elles et suffisamment robustes, ont commencé à convaincre qu'elles sont moins nocives que les herbicides et sans doute plus rapides et précises pour la coupe que les herbivores. Aussi, rien de surprenant à voir les petits robots tondeurs de Saint-Emilion faire leur entrée à Blanquefort (Bordeaux Métropole) sur les lignes de production de MMT-B (Manufacturing the mobility of tomorrow in Bordeaux/ pour « Fabrication de la mobilité de demain à Bordeaux ».),l'ex usine Magna Powertrain Bordeaux et ex-Getrag Ford Transmissions (GFT).

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Les préséries en septembre prochain

MMT-B, qui fabrique toujours des boites de vitesses manuelles MX65 pour le compte de Ford, est en cours de retournement depuis son rachat en janvier dernier par le fonds allemand Mutares. Elle commence à déployer, comme annoncé il y a quelques mois, de nouvelles productions pour assurer une diversification de l'activité devenue indispensable dans la perspective de l'arrêt de la fabrication des boites de vitesse MX65, qui devrait intervenir d'ici fin 2025.

« Ces robots sont des produits matures. Notre travail c'est de faire les assemblages et les tests de bon fonctionnement liés à ces assemblages. Nous allons démarrer une séquence prototype, puis de pré-série en septembre, avec un peu plus d'une centaine d'unités. Avant de passer au cours du quatrième trimestre de cette année à la production de grandes séries, d'au moins 2.000 robots par an», éclaire en substance pour La Tribune Olivier Boidin, président de MMT-B.

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Un contrat de 2.700 hectares signé avec l'énergéticien Enel

Mais ce n'est pas avec les robots de Vitirover que Mutares va sauver l'entreprise puisque, comme l'ont rappelé à l'été 2022 les représentants de l'intersyndicale de l'usine, il faudrait que MMT-B fabrique 1.800 boites de vitesses MX65 par jour (des objets beaucoup plus gros que des Vitirover) pour être rentable. Et comme le précise le dirigeant de MMT-B, dans le meilleur des cas, cette activité de diversification, qui doit venir compléter la production de bornes de recharge électrique annoncée en juin dernier, n'emploiera pas plus de 15 personnes, en emplois de façon directe et indirecte au plus fort de la production.

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Les mini tondeuses de Vitirover ont tout d'abord été conçues pour tailler l'herbe qui pousse entre les rangs de vigne à une hauteur optimale. Avant que l'on ne rêve pour elles d'un destin plus ambitieux.

« Il y a désormais de très gros appels d'offre qui se présentent. Nous sommes sur un marché quantitatif. Nous venons ainsi de gagner le dernier appel d'offre de l'électricien italien Enel, qui a doit assurer la tonte de 2.700 hectares d'herbe d'une ferme photovoltaïque. Nous avons gagné des contrats à 2.700 hectares dans dix pays européens, en Italie, Espagne, Grèce, Roumanie... », éclaire pour La Tribune Arnaud de la Fouchardière, président de Vitirover.

Des quantités de robots de qualité au prix le plus juste

Vitirover attend en ce moment le résultat de l'appel d'offre lancé par EDF Renewable Energy au Canada, auquel l'entreprise girondine a répondu, pour l'équipement en robots tondeurs d'une ferme photovoltaïque située en Ontario.

« Il faut compter de 1.000 à 1.500 robots pour 2.000 hectares. Soit environ un robot par hectare, ça dépend du terrain et de l'activité. Ce n'est pas exactement la même chose d'équiper un parc photovoltaïque ou une vigne, où la densité du nombre de pieds a de l'importance. Notre activité c'est la robotique de service. Elle se manifeste par la production de très gros matériels, comme les tracteurs autonomes, ou des très petits : soit des millions d'aspirateurs, de tondeurs, de nettoyeurs de panneaux solaires, etc. Vous l'avez compris, comme il faut produire des millions d'unités, le prix de revient doit être le plus bas possible. Nous développons des robots qui n'ont qu'une seule fonction. Dans une logique énergétique spécialement pensée pour ne pas dépasser un certain niveau de consommation électrique. Bien sûr, le fait que nous développions de petites machines est un atout déterminant. A contrario, les tracteurs autonomes attelés consomment beaucoup d'énergie », analyse le dirigeant de Vitirover.

Des bergers qui suivent leurs troupeaux de tondeuses par ordinateur

Une révolution qui fleure encore bon la science-fiction et sur laquelle insiste Arnaud de la Fourchardière.

« Dans le monde de l'entretien du sol nous sommes disruptifs, comme l'invention de l'ampoule l'est par rapport à la bougie. Nous voulons être un Monsanto propre et tout aussi efficace », pose le dirigeant, qui souligne que son entreprise ne vend pas de robots mais de la prestation de service, c'est-à-dire « des hectares entretenus. »

C'est ainsi que l'entreprise innovante a développé deux formules commerciales : la vente de licences d'utilisation de ses robots et les prestations de service sur abonnement en fonction des surfaces à tondre. Les petits robots de Vitirover ont fait l'objet de plusieurs années de recherche et développement mais ont eux aussi besoin de maintenance comme toute machine qui se respecte. Une tâche qui parait d'autant plus difficile que des milliers de ces machines opèrent loin des frontières. Mais tout a été prévu :

« Nous opérons par télémaintenance. Le berger est face à un écran d'ordinateur d'où il peut suivre les déplacements de son troupeau en temps réel. La maintenance se fait depuis Libourne. En fonction des lieux d'intervention nous adaptons nos robots tondeurs, même s'il s'agit d'un troupeau de cinquante unités. S'ils doivent tondre le long d'un autoroute, nous les faisons assez haut pour qu'ils ne puissent en aucun cas franchir la barrière de sécurité. En cas de problème, quand le robot est en mode circulation nous pouvons prendre la main, pour le décoincer d'un trou, le nettoyer à distance, dégager l'herbe du rotor. Nous installons chez chaque client une station de rechargement solaire qui refait le plein en seize heures. »

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