Déchets, e-commerce, distribution : la robotique industrielle monte en cadence en Gironde

Autonomes ou pilotés par un opérateur, les robots industriels sont déployés dans un nombre croissant de secteurs d'activité. Exemples avec le fabricant girondin Fives Syleps, à Martillac, et le cas d'usage de Veolia à Bègles. Pour quelques millions d'euros investis, ces robots promettent de combiner hausse de la productivité et amélioration des conditions de travail. Un mouvement accompagné par la stratégie régionale de l'usine du futur.
Autonomes, comme ceux fabriqués par Five Syleps, à Martillac, ou maniés par un opérateur, comme sur le site de Veolia, à Bègles, les robots sont de plus en plus nombreux.
Autonomes, comme ceux fabriqués par Five Syleps, à Martillac, ou maniés par un opérateur, comme sur le site de Veolia, à Bègles, les robots sont de plus en plus nombreux. (Crédits : Fives Syleps / Veolia)

Rob'inn. C'est le petit nom du bras robotisé équipé d'une pince et de quatre caméras qui est piloté au sein du centre de recyclage des déchets d'ameublement de Veolia, à Bègles, depuis quelques mois. C'est le 3e exemplaire à être mis en service par Veolia en France pour traiter spécifiquement ce type de déchets issus de matelas, sommiers et autres canapés mêlant plastique, ferraille, bois et matières rembourrées. Déjà bien implantés dans l'industrie lourde, l'automobile ou encore le spatial, ces bras robotisés sont désormais aussi de plus en plus fréquents dans le secteur du traitement des déchets et de la logistique, deux filières en pleine croissance.

Lire aussi 7 mnRobot autonome, télémédecine, vidéosurveillance : Orange teste la 5G dans son « Lab » bordelais

"Doubler le débit de déchets traités"

Conçu par la société stéphanoise Siléane avec Veolia, Rob'Inn est piloté par un opérateur par le biais d'une interface tactile extrêmement simple à l'issue d'une formation de seulement une semaine. "Le robot permet de doubler le débit de déchets d'ameublement traités et de manier des déchets jusqu'à 50 kg. Dans le même temps, l'opérateur n'est plus au volant d'une pelle mécanique mais assis dans un environnement calme et climatisé, diminuant d'autant les risques d'accidents et de troubles musculo-squelettiques", souligne Jean-Christophe Poultier, le directeur du pôle recyclage Aquitaine chez Veolia.

Veolia Rob'Inn

Le bras articulé de Rob'Inn, à Bègles (crédits : Veolia).

Coût de l'investissement de cette nouvelle ligne de traitement des déchets : 2,3 millions d'euros au total, dont 400.000 euros pour le seul bras robotisé. Sur ce total, Veolia a bénéficié d'un soutien public considérable avec 250.000 euros de subventions de la Région Nouvelle-Aquitaine et 100.000 euros de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). La chaîne de tri dédiée aux déchets d'ameublement traitait 16.000 tonnes de déchets par an. Elle en opère désormais 20.000 tonnes grâce à six opérateurs et passera à 24.000 tonnes à terme. Capable de récupérer des éléments de seulement 5 centimètres, Rob'Inn est aussi réputé assurer une meilleure valorisation des déchets avec un taux de pureté supérieur à 95 % pour le bois notamment.

Lire aussi 6 mnComment votre frigo et votre voiture sont broyés, recyclés puis revendus à Bassens

"Gains de productivité spectaculaire"

Autant d'avantages qu'Alain Rousset, le président du conseil régional, reprend volontiers à son compte : "La filière robotique est indispensable ! Elle ne détruit pas des emplois, elle en crée. Les robots sont aussi une solution aux problèmes de recrutement puisqu'ils permettent d'améliorer la qualité de vie au travail alors même que les gains de productivité sont spectaculaires !"

Inlassable promoteur de l'usine du futur, Alain Rousset s'exprimait justement lors de l'inauguration des locaux de Fives Syleps, à Martillac, au sud de Bordeaux, ce jeudi 23 juin. Fondée par Thierry Boisnard, sous le nom de Synapse Robotics, cette entreprise a intégré le groupe de robotique Fives en 2017 pour devenir la filiale Fives Syleps. Celle-ci compte désormais près de 300 salariés, pour 56,7 millions d'euros de chiffre d'affaires, répartis sur quatre sites dont celui de la Technople Bordeaux Montesquieu, à Martillac. Elle y dispose de nouveaux locaux où travaillent une cinquantaine de collaborateurs sur le développement et la fabrication de robots autonomes dédiés à la logistique.

Lire aussi 5 mn« Avec Propuls, nous voulons déployer l'usine du futur dans les PME en six mois ! »

Robots Fives Syleps

Les robots OPR de Five Syleps fonctionnent par deux, réunis sur une plateforme (crédits : Fives Syleps).

Un retour sur investissement de l'ordre de sept ans

L'un de ces robots, dont huit exemplaires sont déjà au travail dans les entrepôts d'enseigne de l'agroalimentaire telles que Système U et Intermarché, est sobrement baptisé OPR, pour Order picking robotics. Il est capable d'assembler ou de répartir des palettes de marchandises variées en un temps record. Ses deux bras articulés, ses caméras, sa filmeuse et, surtout, ses précieux algorithmes faits maison lui permettent de gérer 850 colis par heure moyennant "quelques millions d'euros pour un retour sur investissement généralement évalué environ à sept ans". Une douzaine d'exemplaires supplémentaires sont déjà commandés malgré les très lourds retards qui entravent leur fabrication ces derniers mois.

Mais, là encore, ces robots autonomes ont d'indéniables qualités à faire valoir : "Le robot s'adapte aux besoins de chaque client, magasin par magasin, palette par palette, permettant d'améliorer la productivité et d'éviter les ports de charge lourde", met en avant Thierry Boisnard, désormais directeur chez Fives Syleps. "Mais il permet surtout à ces entrepôts de tourner alors que le secteur est en pleine pénurie de main d'œuvre. Et quand on n'a plus de main d'œuvre, on n'a pas le choix : il faut investir ! D'autant qu'on parle de machines robustes qui seront encore là dans dix ou quinze ans."

Car après avoir investi le marché de l'agroalimentaire, c'est bien les milliers de kilomètres de rayonnage des entrepôts dédiés au e-commerce que Fives Syleps cible avec son dernier né, présenté sous l'étiquette "Dépalettiseur de colis hétérogènes".

Lire aussi 5 mnCes robots qui se cachent derrière votre colis Cdiscount

Ce robot peut gérer des colis de toutes tailles jusqu'à 35 kg au rythme de 800 paquets par heure. Fruit de quatre années de R&D, il sera commercialisé début 2023 et a vocation à intégrer les entrepôts de DHL, Collissimo et bien d'autres :

"Nous comptons beaucoup sur ce produit dont le cahier des charges est calibré, à tous les niveaux, pour le marché mondial : l'Europe mais aussi l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Australie. Le marché de la grande distribution agroalimentaire est déjà bien robotisé et on se positionne aujourd'hui sur le marché de demain qui sera la logistique des colis et le e-commerce", assure ainsi Thierry Boisnard.

Et Alain Rousset de conclure : "Soit on robotise nos usines nous-mêmes, soit on devra aller acheter sur étagère des robots en Corée ou au Japon. Il faut aller vers la cobotique [la collaboration homme-humain, ndlr] et, demain, vers la robotisation de l'agro-écologie."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.