L'export, l'autre stratégie de réindustrialisation en Nouvelle-Aquitaine

Avec le lancement du programme 360 Export, d'ampleur inédite, la Région Nouvelle-Aquitaine réunit dix partenaires pour accompagner les entreprises vers l'international. Une façon d'assurer des débouchés et une croissance aux structures qui participent à la réindustrialisation via une formule encore expérimentale.
Maxime Giraudeau
Les 10 partenaires de 360 Export étaient réunis à Gradignan pour le lancement du programme régional d'accompagnement des entreprises.
Les 10 partenaires de 360 Export étaient réunis à Gradignan pour le lancement du programme régional d'accompagnement des entreprises. (Crédits : MG / La Tribune)

Les programmes d'aides aux entreprises ne manquent pas sur le territoire français et en Nouvelle-Aquitaine, entre le soutien aux industries du futur, à la transition écologique ou à la technologie notamment. Et pourtant, le conseil régional vient de lancer, ce 9 octobre, depuis le siège du fabricant de batteries Exoès à Gradignan, une nouvelle structure bâtie cette fois pour doper les exportations des entreprises.

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Baptisée 360 Export, il s'agit d'un programme d'accompagnement des entreprises de toutes tailles qui souhaitent définir une stratégie d'exportation. Avec une priorité mise sur les TPE-PME, plutôt en phase d'amorçage sur une ouverture à l'international, la Région et ses partenaires veulent pousser les fabricants à se tourner vers l'étranger qui, malgré les crises sanitaires et géopolitiques, peut constituer pour beaucoup une opportunité de développement.

« L'export peut tous vous concerner, c'est un relai de croissance ! », en appelle Frédérique Charpenel, conseillère régionale en charge de l'international. « On a souvent accompagné les entreprises sur l'usine du futur, sur la partie production. Mais la fonction export n'est pas du tout à part de leur écosystème. »

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Décentralisation de l'accompagnement

Un mot d'ordre national porté depuis 2018 par la Team France Export composée des régions, de Business France, des CCI et Bpifrance, mais éprouvé par la crise sanitaire puis les déséquilibres géopolitiques apparus avec la guerre en Ukraine. Pour lui redonner corps, la Nouvelle-Aquitaine a souhaité, de façon inédite à l'échelle française, réunir dix partenaires afin de constituer le programme d'accompagnement le plus complet. En plus des quatre membres cités ci-dessus, ce sont donc les Douanes, l'Inpi, CCE, l'OSCI, l'Aana (*) et Interco qui rejoignent l'alliance régionale baptisée Team France Export Nouvelle-Aquitaine.

Le programme se déclinera à travers plusieurs aides comme des diagnostics sur le produit ou la propriété intellectuelle, un soutien financier aux porteurs de brevets ou pour le recrutement d'un commercial à l'étranger, une formation pour apprendre à définir une stratégie export. Une subvention pour financer le plan d'action ou des prêts jusqu'à cinq millions d'euros pourront aussi être accordés. Autant de mesures concrètes saluées par beaucoup de représentants d'entreprises comme « un vrai coup de vent dans les voiles ».

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Une façon aussi, pour l'exécutif régional pourfendeur de la centralisation, de reprendre la main sur la compétence. Le programme initié en juin 2023 a déjà embarqué une trentaine d'entreprises. Pendant et après la phase de candidature, ouverte à toutes de la startup au grand groupe, l'entreprise est accompagnée par l'un des 20 conseillers de territoire mandatés par les CCI ou Business France en Nouvelle-Aquitaine. S'en suit une période d'accompagnement d'environ un an pour co-construire une stratégie export où les barrières sont facilitées grâce au partenariat.

« La réindustrialisation se fera s'il y a les marchés à l'export »

« Vous allez lever les difficultés de réglementation, administratives ou de financement, et établir une véritable stratégie. Les modules d'accompagnement de l'entreprise sont décidés en fonction de sa maturité à l'export. La subvention régionale sera conditionnée à ce que le conseiller aura déterminé comme étant primordial à la réussite », insiste Frédérique Charpenel.

Une façon de sécuriser l'avenir pour de nombreuses structures, notamment celles qui relocalisent les productions. « La réindustrialisation se fera s'il y a les marchés à l'export ! Il faut anticiper notre capacité à réexporter et c'est un challenge immense. L'État et la région doivent se mettre ensemble », mobilise François Lafitte, président de la CCI des Landes.

Si les entreprises venues saluer le lancement ont globalement approuvé la mobilisation, certaines ont émis quelques précautions, notamment sur la superposition des compétences avec les pôles de compétitivité ou encore sur la nécessité de mener des démarches en collectif. « L'étage qu'il manque encore à votre opération est de fédérer grands et petits. Quand ils attaquent des marchés, les Allemands chassent en meute : ils arrivent avec le grand groupe, l'ETI, la PME et la startup, avec, derrière, la Deutschbank qui finance le tout. Pour nous Français, être amenés par des majors de notre pays sur des marchés, ce serait formidable », a ainsi souligné un dirigeant d'entreprise plébiscité par la salle.

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* : Institut national de la propriété intellectuelle, Conseiller du commerce extérieur de la France, Fédération des sociétés privées dédiées au développement international des entreprises et Agence de l'Alimentation Nouvelle-Aquitaine.

Maxime Giraudeau

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