Attractivité : Invest in Bordeaux songe à repartir à l'international

Après un exercice 2022 réussi, Invest in Bordeaux s'attend à une année 2023 un peu plus calme compte tenu de la conjoncture économique. L'agence d'attractivité girondine, qui dispose d'un budget contraint, travaille sur l'évaluation de l'impact des projets d'implantation et réfléchit à relancer une stratégie marketing à l'international six ans après l'avoir stoppée.
(Crédits : Mikaël Lozano)

« C'est la troisième meilleure année de notre histoire ! 2022 a renoué avec le niveau d'activités d'avant le Covid en totalisant 75 décisions d'investissement portant 2.531 créations d'emplois d'ici trois ans. Mais le dernier trimestre et le début 2023 sont plus calmes compte de la conjoncture », indique William Ballue, le directeur général d'Invest in Bordeaux. Cela marque un léger repli de -3,4% du nombre d'opérations par rapport à 2021 pour un potentiel d'emplois à trois ans qui progresse de +10,7 %. Arrivé aux commandes fin 2020, il a depuis mené de front plusieurs chantiers : nouvelle identité, déménagement et élaboration d'une nouvelle feuille de route adoptée en juin 2021.

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Record d'investissements étrangers en France et Nouvelle-Aquitaine

Le nombre de décisions d'investissements étrangers a atteint un record l'année dernière en France, selon l'agence Business France, avec 1.725 projets recensés, en hausse de 7 % par rapport à 2021 qui était déjà un plus haut historique. Ces décisions d'investir ont permis la création ou le maintien de 58.810 emplois, un chiffre en hausse de 31 % sur un an si l'on tient compte tient compte des CDI intérimaires, principalement créés par les sociétés Manpower et Randstad. « Hors CDI intérimaires, les emplois induits ont augmenté de 7% en 2022 », précise Business France. En Nouvelle-Aquitaine, le millésime 2022 est à un niveau similaire à l'avant Covid, avec 100 projets comptabilisés (-14 % sur un an) représentant 3050 emplois annoncés (+40 % sur un an), un plus haut historique. Ces investissements étrangers proviennent de 18 pays et relèvent pour moitié du secteur « Conseil, ingénierie et services opérationnels aux entreprises ».

Numérique, santé, aérospatial

De Stellar Communication à Merck, d'Hermès à Rolls Royce en passant par AerospaceLab et The Exploration Company, l'année 2022 a encore été marquée par une série d'implantations d'entreprises dans la métropole bordelaise et le reste du département. La filière du New Space, notamment, ne cesse de se densifier depuis 18 mois dans la région, profitant des compétences de l'écosystème autour d'ArianeGroup. « L'aéronautique, dans son ensemble, est très dynamique autour de la zone aéroportuaire qui propose du foncier disponible d'une dizaine d'hectares au bord des pistes », analyse William Ballue, citant également la filière drones avec, notamment, l'arrivée d'Eos Technologies.

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Le territoire est aussi attractif pour les entreprises du numérique, qui continuent à peser un tiers du total des implantations et même la moitié en y intégrant les activités de conseil et formation. Parallèlement, la santé, l'électronique et l'énergie restent dynamiques tandis que la filière du recyclage et du réemploi poursuit sa structuration attirant des acteurs classiques comme des entreprises et associations de l'économie sociale et solidaire (ESS). « Mais, quelle que soit la filière considérée, la disponibilité du foncier reste une question déterminante lors des arbitrages des implantations. Les opportunités qui sont le plus recherchées aujourd'hui sont pour des projets inférieurs à 500 ou à 1.000 m2 », prévient William Ballue.

Les chantiers de 2023

Après la définition de la nouvelle identité visuelle l'an dernier, le déménagement place des Quinconces en fin d'année, la convention triennale 2023-2025 a été adoptée le 27 janvier dernier par Bordeaux Métropole, qui reste le premier financeur de l'agence avec 604.000 euros alloués en 2023. Parmi les objectifs fixés à l'agence d'attractivité figurent l'évaluation de l'impact environnemental et social des projets, l'accompagnement des entreprises en matière de RSE et d'emploi du conjoint et le renforcement de la coopération territoriale avec les autres intercommunalités girondines, dont certaines sont déjà adhérentes comme la Communauté d'agglomération du libournais et la Communauté de communes de Montesquieu. Une liste des secteurs et thématiques prioritaires à attirer sur le territoire doit aussi être élaborée.

Mais la principale surprise c'est l'inscription dans cette convention triennale de « la préfiguration d'une stratégie renouvelée de prospection exogène, notamment à l'international ». En clair, il s'agirait de relancer d'ici 2025 des actions de prospection et de marketing territorial en France et à l'étranger alors que seulement un projet d'implantation sur six était à capitaux étrangers en 2022. Il s'agirait d'un vrai revirement après la décision prise fin 2016 de stopper ces actions au sein d'Invest in Bordeaux au profit de l'équipe Magnetic Bordeaux constituée au sein de la Métropole avant d'être démantelée fin 2020 à l'issue des élections municipales.

« Mais rien n'est encore acté », tempère le patron d'Invest in Bordeaux. « Nous avons convenu de nous voir pour travailler sur ce sujet qui s'inscrit dans une stratégie plus globale de la Métropole vis-à-vis de l'international. J'y suis favorable mais c'est une action qui ne peut s'envisager à moyens constant... »

La convention triennale souligne en effet « les ressources financières importantes à engager et la nécessite de mener une telle stratégie sur un temps long avec peu de retombées concrètes avant deux à trois ans au minimum » tout en souhaitant que ce sujet puisse être « étudié de façon approfondie ». Pour rappel, l'agence disposait en 2015 d'un budget de près de 2,3 millions d'euros contre 1,52 million d'euros pour 2023, soit une baisse d'un tiers.

Un budget et des moyens limités

Invest in Bordeaux disposera pour 2023 d'un budget de 1,52 millions d'euros, en baisse de -2,2 % sur un an, notamment du fait du recul de -5 % de la subvention du conseil régional. Ce qui lui confère des moyens contraints compte-tenu de l'inflation. Les recettes des adhésions sont notamment anticipées fortement à la baisse (90.000 euros budgétés contre 150.000 euros en 2022) en raison de la hausse des coûts de fonctionnement des entreprises et d'un nouveau barème tarifaire. L'agence compte 11 salariés ce qui la positionne très loin de ses homologues à Toulouse (17 personnes), Nantes (23) ou Lyon (37).

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