Satellites : Aerospacelab recrute à Bordeaux pour son centre de R&D dédié à la défense

La jeune société belge, Aerospacelab, a ouvert un centre de R&D dans la zone aéroportuaire de Bordeaux Mérignac qui accueillera une cinquantaine de salariés d’ici 2024. Alors que l’entreprise créée en Belgique en 2018 conçoit, fabrique et met en orbite des satellites pour le marché civil, la filiale bordelaise se positionne sur des applications de défense et de sécurité. Pour le général Jean-Daniel Testé, président de la filiale française et ancien commandant interarmées de l'Espace, le premier combat satellitaire a eu lieu en janvier.
Lancement d'un satellite militaire américain.
Lancement d'un satellite militaire américain. (Crédits : © Scott Audette / Reuters)

Elle avait d'abord jeté son dévolu sur Toulouse pour l'ouverture d'une filiale en France, mais c'est finalement dans la zone aéroportuaire de Bordeaux Mérignac que vient de s'installer Aerospacelab. L'entreprise qui conçoit, fabrique et met en orbite des satellites d'observation destinés au marché civil depuis 2018 en Belgique va s'appuyer sur Bordeaux pour développer le marché de la défense et de la sécurité, en développant en priorité deux domaines : la mobilité dans l'espace et l'observation de la Terre.

La mobilité dans l'espace, un sujet clé

L'entreprise qui compte déjà 160 salariés en Belgique, accueillait, début février, six personnes en Gironde où l'effectif va rapidement grimper. « Nous serons une trentaine à la fin de l'année et une cinquantaine l'année prochaine avec des profils d'ingénieurs et d'architectes », explique Jean-Guy Amand, directeur général de la filiale française. Un plateau technique est d'ailleurs prévu pour permettre aux ingénieurs de faire l'assemblage. « C'est une pratique qui ne se fait pas en France dans les grands groupes où tout fonctionne en silo. Mais cela fonctionne. C'est déjà ce que fait Aerospacelab en Belgique », explique Jean-Guy Amand. Parmi les profils recherchés, des spécialistes en robotique, en automatisation et en propulsion, la propulsion étant indispensable pour se mouvoir dans l'espace.

Car le sujet de la mobilité dans l'espace est un sujet clé pour Jean-Daniel Testé, président de la filiale française, ancien commandant interarmées de l'Espace entre 2014 et 2017 :

« En janvier, les Chinois et les Américains ont réalisé une manoeuvre très intéressante dans l'espace : l'interception par un satellite américain de deux satellites chinois. C'est pour moi le premier combat aérien spatial. L'enjeu des opérations spatiales militaires pour les dix années à venir, c'est la mobilité, la manoeuvrabilité. Si on veut faire un parallèle, toutes les nations occidentales maîtrisent le combat aérien classique et les pays qui n'étaient pas dans la première vague ne sont pas aussi performants, car ils n'ont pas l'antériorité. Il ne faudrait pas que nous nous retrouvions dans cette situation dans le spatial. Aujourd'hui, les Chinois et les Américains s'entraînent, acquièrent de l'expérience et de la compréhension. Il faut absolument que nous soyons capables de jouer sur ce terrain pour être indépendants dans la protection de nos systèmes spatiaux. C'est dans ce contexte que nous concevons des plateformes de mobilité dans l'espace », développe Jean-Daniel Testé.

Deux profils complémentaires à la direction

A eux deux, Jean-Guy Amand et Jean-Daniel Testé forment un duo complémentaire, le premier étant dans l'opérationnel, le second dans le conseil en stratégie. « Deux profils qui n'ont pas l'habitude de se côtoyer mais qui ont beaucoup à s'apporter », reconnaissent-ils. Fort d'une carrière militaire de 37 ans, Jean-Daniel Testé a fait le choix de rejoindre la société pour une question de personne, celle de son fondateur et dirigeant Benoît Deper, et surtout de vision. « Je voyais dans Aerospacelab un potentiel pour agir dans l'espace à court terme », reconnait-il.

Car l'entreprise a bel et bien prévu d'aller vite. « Ou plutôt à une vitesse normale », souligne Jean-Guy Amand qui a pour sa part occupé les postes de directeur innovation puis directeur du centre technique plateformes futures défense chez ArianeGroup.

Aerospacelab

Les quatre premières recrues de la filiale française d'Aerospacelab : Jean-Daniel Testé, Laurent Gerbe, Pierre-André Baudart et Jean-Guy Amand (Aerospacelab).

Une première plateforme en vol en 2024

Les premières réalisations d'Aerospacelab en France sont prévues dès le printemps prochain le but étant de faire voler une première plateforme satellitaire au cours du deuxième semestre 2024. Aerospacelab annonce diviser le cycle de développement par quatre et une réduction des coûts de moitié, le principe étant de tout verticaliser.

Si Jean-Guy Amand a lui aussi décidé de rejoindre l'aventure d'Aerospacelab, c'est précisément pour ces raisons, « dans les programmes de défense, souvent la supply chain fait défaut », mais aussi pour des raisons d'agilité et de positionnement d'entreprise clair qui permet d'aller vite.

« C'est également une entreprise qui considère la puissance publique comme de vrais clients qui achètent un produit ou un service et nous aident en contribuant à la trajectoire du produit, et non comme des banques. C'est dans l'ADN d'Aerospacelab d'avoir une autre approche avec les agences pour une meilleure utilisation de l'argent public », confie Jean-Guy Amand.

Au-delà du centre de R&D qui vient d'ouvrir, un centre de production des plateformes destinées aux applications défense est envisagé pour 2025.

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