New Space : The Exploration Company lève 40 millions d’euros pour son véhicule spatial Nyx

Des vaisseaux spatiaux modulaires, autonomes et réutilisables et un véhicule lunaire. C'est cette ambitieuse feuille de route que The Exploration Company, basée à Mérignac et Munich, entend financer avec cette levée de 40 millions d’euros. La startup du New Space, créée en juillet 2021, prévoit de faire voler son premier véhicule spatial cette année puis sa version finale en 2024 et 2026 tout en continuant à développer son véhicule lunaire. Au-delà de son entreprise, la fondatrice Hélène Huby déroule sa vision de l’exploration spatiale à l'horizon 2035.
Le véhicule spatial final, Nyx, transportera des marchandises et à plus long terme des humains.
Le véhicule spatial final, Nyx, transportera des marchandises et à plus long terme des humains. (Crédits : The Exploration Company)

Entreprise du NewSpace, The Exploration Company avance à une vitesse grand V mais sans précipitation pour démocratiser l'accès à l'exploration spatiale. Après avoir réalisé, en quelques mois, sa première capsule de démonstration qui montera à bord du vol inaugural d'Ariane 6, l'entreprise qui développe des vaisseaux spatiaux modulaires, autonomes et réutilisables annonce, ce mercredi 1er février, avoir levé 40 millions d'euros. Une opération menée par le fonds suédois EQT Ventures et le fonds français Red River West, spécialisés dans le financement des startups technologiques à fort potentiel.

The Exploration Company

La capsule de démonstration Bikini a été qualifiée (crédits : The Exploration Company).

Un calendrier pour les cinq prochaines années

« Cette levée de fonds va nous permettre de finaliser notre deuxième prototype, Nyx Mission Possible, qui volera avec des clients fin 2024 et effectuera une rentrée contrôlée dans l'atmosphère. Nous allons également continuer à travailler sur nos deux systèmes propulsifs verts pour la capsule finale. Sur Mission Possible, qui est ce que nous appelons la capsule adolescente, nous sommes sur une version simplifiée de ces propulsifs. Nous démarrons actuellement des travaux de dérisquage avec une série de tests », explique Hélène Huby, co-fondatrice et dirigeante de la société.

Mais si l'entreprise développe des vaisseaux pour assurer des missions de logistique vers les stations spatiales autour de la Terre et de la Lune (Nyx Earth), elle travaille aussi sur des véhicules lunaires (Nyx Moon). Avec cette levée de fonds, The Exploration Company va ainsi continuer à travailler en parallèle sur le système propulsif du véhicule lunaire. « Elle servira précisément à construire, à Bordeaux, le banc d'essai du moteur lunaire. Nous procéderons, cette année, au test de la chambre avant un premier test du moteur complet en 2024 », détaille Hélène Huby. « Au-delà du moteur, l'atterrissage sur la lune est complexe. Il faut reconnaitre l'endroit où atterrir, atterrir de façon complètement automatisée sans piste d'atterrissage avec une quantité d'essence limitée. C'est une autre difficulté technologique que nous allons devoir dérisquer. »

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Plusieurs étapes sont donc nécessaires pour tenir son calendrier. Autour de la Terre, l'entreprise a mis au point la capsule bébé qui devrait voler cette année. Puis ce sera au tour de la capsule adolescente en 2024 et de la capsule adulte finale en 2026. « Celle-ci fera environ huit tonnes et pourra emmener 4.000 kg de cargo », précise Hélène Huby.  Il reste aujourd'hui à valider le système propulsif pour la capsule adulte ainsi que la technologie de docking qui consiste à s'amarrer aux stations spatiales dès 2027. « A partir de 2026, nous serons en mesure d'offrir un service industriel. Concernant la Lune, nous prévoyons d'y aller en 2028 », explique Hélène Huby.

Dans le cadre de cette levée, des fonds seront donc nécessairement alloués à la croissance de l'équipe européenne. L'entreprise qui compte aujourd'hui 50 salariés, également répartis entre la France et l'Allemagne, aura doublé ses effectifs à la fin de cette année 2023. 80 % des nouvelles recrues seront des ingénieurs, majoritairement issus du spatial et spécialisés dans la propulsion cryogénique, la propulsion verte, l'électronique, le software, la mécanique, le design, le thermique, l'aérothermo-dynamique, la robotique ou encore les systèmes de sécurité. Les 20 % restants seront des profils de vente.

L'enjeu pour The Exploration Company ? « Livrer en temps et en heure », répond d'emblée Hélène Huby qui précise que seuls les Chinois, les Russes et les Américains ont mis au point une capsule qui réentre dans l'atmosphère. « Ce n'est pas trivial. »

Sa vision du marché spatial à 10 ou 15 ans

A l'occasion de cette levée de fonds, Alfred Vericel, co-fondateur de Red River West, salue la capacité d'Hélène Huby à « anticiper la transformation stratégique, à exécuter de grands programmes spatiaux et à libérer les talents de ses équipes grâce à son énergie axée sur la mission, visionnaire et empathique. »

Alors, la dirigeante de The Exploration Company est-elle visionnaire ?

« Dans notre business, il faut cinq à sept ans pour développer un véhicule spatial. Cela veut dire que, par définition, il ne sera opérationnel que dans cinq ou sept ans pour une durée d'une dizaine voire d'une quinzaine d'années. Cela signifie que pour développer un véhicule qui sera l'un des leaders de son marché, il ne faut pas regarder à cinq ans mais à dix ou quinze ans.

Or, nous pensons qu'à ce moment là, les véhicules réutilisables et utilisés pour du ravitaillement seront les standards du marché. Aujourd'hui, beaucoup d'argent est investi dans ces technologies aux Etats-Unis ou en Chine. Etre visionnaire, je ne sais pas bien ce que cela signifie. Je pense en revanche que j'ai une capacité à détecter les signaux faibles pour imaginer ce que sera le transport spatial. Ce qui me guide, c'est de contribuer à créer et transformer », développe Hélène Huby.

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Ce que The Exploration Company compte précisément apporter dans dix ou quinze ans, c'est cette capacité pour l'Europe à participer à l'exploration spatiale. « C'est la base. Mais nous lui apporterons une capacité à jour par rapport aux standards technologiques du moment. Cela ne sert à rien de mettre de l'argent dans des développements qui seront obsolètes dans une dizaine d'années », insiste Hélène Huby.

« Or, à cet horizon là, si SpaceX réussit sa fusée Starship, nous serons dans une logistique spatiale qui ressemblera de plus en plus à la logistique terrestre avec des énormes vaisseaux, équivalents à des porte-containers, et des camions pour les livraisons. Dans ce contexte là, nous voulons fournir à l'Europe son indépendance et avoir une relation de complémentarité avec SpaceX sur le mode, ils sont les porte-containers, nous sommes les camions. Si nous sommes le complément de la priorité numéro 1 de SpaceX, je pense que c'est un positionnement intéressant », confie Hélène Huby à La Tribune.

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Commentaires 2
à écrit le 01/02/2023 à 15:02
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Et où cette chose va-t-elle exactement transporter des marchandises ou des personnes ? L'ISS est gérée par les segments russe et américain et chacun a déjà des contrats à long terme avec les fournisseurs existants sur des véhicules éprouvés pour le t...

le 02/02/2023 à 16:06
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Ça fait des années que l'Europe perd de plus en plus sa crédibilité dans le domaine du spatiale. En parallèle, la conquête spatiale est en plein boom avec l'essor du New Space et de la nouvelle course à la Lune entre USA et Chine. S'il y a bien un mo...

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