Attractivité : Magnetic Bordeaux supprimée, Invest in Bordeaux déboussolée

L'heure est au chamboule-tout dans les structures dédiées à l'attractivité économique de la métropole bordelaise. La décision de la mairie de Bordeaux et de Bordeaux Métropole de renoncer à l'appellation Magnetic et de ne pas voter le budget 2021 de l'agence Invest In Bordeaux a jeté un froid. Lionel Lepouder a démissionné de la présidence d'Invest in Bordeaux et l'avenir de l'association et de ses onze salariés est désormais très incertain. Explication et réactions.
Le président d'Invest in Bordeaux, Lionel Lepouder, ici en décembre 2019, a démissionné de son mandat.
Le président d'Invest in Bordeaux, Lionel Lepouder, ici en décembre 2019, a démissionné de son mandat. (Crédits : PC / La Tribune)

Le 12 octobre dernier, le conseil d'administration de l'association Invest in Bordeaux ne s'est pas déroulé très sereinement. L'instance, qui réunit des représentants de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la ville de Bordeaux et de la Métropole ainsi que des plus de 300 entreprises adhérentes, devait notamment voter le budget 2021, peu ou prou dans la continuité des 1,68 million d'euros du budget 2020. Mais Andréa Kiss, pour Bordeaux Métropole, et Pierre Hurmic et son adjoint à l'emploi Stéphane Pfeiffer, pour Bordeaux, n'ont pas voté ce budget, demandant qu'il soit revu à la baisse. Un refus qui a entraîné, une semaine plus tard, la démission de Lionel Lepouder, le président d'Invest in Bordeaux depuis 2017 qui figurait par ailleurs en 27e sur la liste de Nicolas Florian lors de l'élection municipale.

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Un "double problème avec Invest in Bordeaux"

Pendant la campagne électorale, la nouvelle majorité écologiste municipale n'a jamais caché son désintérêt voire son hostilité à la politique active d'attractivité économique déployée depuis 2015 sous la double houlette de l'association Invest in Bordeaux et du service dédié à l'attractivité Magnetic Bordeaux, constitué de onze agents, au sein de la direction générale de la valorisation du territoire de Bordeaux Métropole. Le 12 octobre dernier, Pierre Hurmic et Stéphane Pfeiffer ont ainsi pris la parole devant le conseil d'administration d'Invest in Bordeaux pour préciser leur stratégie.

"Nous ne voulons pas supprimer toute agence de développement économique du territoire parce qu'on a besoin d'une structure pour accueillir et accompagner les entreprises. Mais nous avons un double problème avec Invest in Bordeaux. D'une part, entre Magnetic Bordeaux, Invest in Bordeaux et la CCI Bordeaux Gironde, on a un partage des tâches pas toujours clair et parfois redondant. Donc, le premier sujet, c'est de savoir qui fait quoi", explique à La Tribune Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire en charge de l'emploi et de l'ESS et des formes économiques innovantes. "D'autre part, Invest in Bordeaux a des actions pertinentes d'accueil des entreprises et du conjoint mais avec un budget qui dépend à 91 % des fonds publics et qui implique que la mairie et la Métropole remettent au pot chaque année pour l'équilibrer. Ce n'est plus possible. Il faut donc réduire la voilure !"

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Suppression de l'appellation Magnetic Bordeaux

Bien qu'il ne siège pas personnellement au conseil d'administration, Stéphane Pfeiffer assure parler au nom du maire de Bordeaux et déroule sa vision des choses qui passera par la fin de l'adjectif Magnetic, accolé à Bordeaux depuis 2016 à l'initiative, à l'époque, de Virginie Calmels, 1ere adjointe en charge de l'économie, et présenté pour la première fois au printemps 2017 :

"La marque Magnetic Bordeaux, dans laquelle nous ne nous retrouvons pas, va disparaître mais pas ses missions, ni son équipe. Je travaille avec Stéphane Delpeyrat à la Métropole sur les nouveaux objectifs. Concernant Invest in Bordeaux, rien n'est décidé mais plusieurs options sont sur la table : celle du maintien de l'agence avec une nouvelle feuille de route et nous avons demandé à Invest de nous faire des propositions en ce sens, sans réponse ; celle d'une dissolution de l'association et du licenciement de ses onze salariés même si ce n'est pas une solution satisfaisante pour eux comme pour les collectivités ; celle de la fin d'Invest et de la création d'une nouvelle agence de développement économique avec des missions plus larges et axées sur l'économie sociale et solidaire et la diversification des profils d'entreprises accueillies en fonction des filières que l'on veut construire à Bordeaux."

"Un outil utile au territoire"

En réaction, Lionel Lepouder, président à titre bénévole, assure à La Tribune avoir fait des propositions d'évolution du modèle d'Invest in Bordeaux mais ne pas vouloir assumer le rôle de celui qui fermera la boutique :

"Il y a des pistes d'amélioration du fonctionnement d'Invest in Bordeaux en rationalisant certaines actions et en en développant d'autres. J'ai porté des propositions et notamment le développement de l'ESS et de la RSE comme marqueurs du territoire ou encore l'équilibre géographique des implantations d'entreprises mais la seule réponse que j'ai eu c'est de réduire la voilure, ce qui impliquait des licenciements. Si leur projet est de fermer l'agence, je préfère qu'ils le fassent eux-mêmes. Mais ce serait dommage car Invest a réalisé un travail collectif conséquent et reconnu. Les cotisations des entreprises ont quasi doublé en quatre ans [pour atteindre 157.000 euros sur un budget total de 1,68 million d'euros] et la dynamique en place est bonne. C'est un outil qui n'est certes pas parfait mais qui est utile au territoire et doit être accompagné."

Les hypothèses avancées par Stéphane Pfeiffer font également bondir Loïc Vétier, membre du conseil d'administration d'Invest in Bordeaux représentant le collège des entreprises. "Sur la forme, je suis agacé et outré d'entendre un élu qui n'est pas membre du conseil d'administration s'exprimer sur l'avenir d'Invest sans prendre le temps d'informer ou de consulter les 350 entreprises adhérentes. Sur le fond, l'équipe d'Invest est petite et efficace et ses résultats parlent pour elle. Si elle venait à être dissoute, Bordeaux serait la seule métropole sans agence de développement économique !" De son côté, Patrick Seguin, le président de la CCI Bordeaux Gironde, qui est membre du conseil d'administration, estimait en décembre dernier qu'Invest in Bordeaux "a indéniablement fait le job ces dernières années tant en termes d'économies que de résultats. Il faut encourager cette structure qui ne coûte quand même pas tant que ça en comparaison de ce qu'elle apporte au territoire."

Dans un communiqué, le groupe d'opposition au conseil municipal, Bordeaux Ensemble, mené par l'ancien maire Nicolas Florian, regrette cette décision : "Les mesures mises en oeuvre par la Ville de Bordeaux face à la crise économique ne sauraient relever de la remise en cause systématique des actions engagées précédemment, surtout lorsqu'il s'agit de compromettre les activités de développement économique. [...] La marque Magnetic Bordeaux a servi de support à l'attractivité économique de la ville de Bordeaux comme de la Métropole. De solides résultats ont été au rendez-vous en matière d'implantations d'entreprises et de création d'emplois. L'appui de l'agence Invest in Bordeaux et de ses équipes a été précieux et efficace."

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