Lignes menacées, rénovation des voies : le réseau ferroviaire néo-aquitain attend les financements

« Le réseau le plus long et le plus dégradé des régions de France. » C'est le malheureux titre attribué aux lignes ferroviaires de Nouvelle-Aquitaine qui pâtissent d'un sous-investissement chronique. SNCF Réseau promet d'augmenter les enveloppes de rénovation de 50 % à partir de 2027, alors que la Région compte sur une plus grande implication de l’État.
Maxime Giraudeau
La ligne Niort-Saintes, particulièrement dégradée, fait l'objet d'important travaux de régénération, ici à Villeneuve-la-Comtesse fin 2023.
La ligne Niort-Saintes, particulièrement dégradée, fait l'objet d'important travaux de régénération, ici à Villeneuve-la-Comtesse fin 2023. (Crédits : PC / La Tribune)

3.400 kilomètres de voies. Et pas mal de tracas. En Nouvelle-Aquitaine, les trains roulent sur des rails pas toujours gâtés. Des rames bridées à 50 km/h au sud de la Charente-Maritime, des wagons qui tanguent entre Périgueux et Limoges, des tempêtes qui ont agité le Sud-Ouest à l'automne : voilà les lignes régionales de plus en plus malmenées. C'est dans ce contexte chaotique que la Région a reçu fin avril les représentants de SNCF Réseau à Bordeaux.

Ces derniers ont annoncé une hausse à venir des investissements sur la Nouvelle-Aquitaine. « Là où aujourd'hui on investit 200 millions d'euros par an, ce seront 300 millions chaque année à partir de 2027 dans le réseau néo-aquitain », présente ainsi Mathieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau. Cette branche de l'opérateur ferroviaire sous tutelle de l'État est chargée d'entretenir et moderniser les voies. Et se trouve donc régulièrement pointée comme responsable de l'abandon des infrastructures ferroviaires alors que la moitié du réseau régional est désormais concerné par des limitations de vitesse et/ou des risques de coupure.

Investir dans l'urgence

Une situation que ses dirigeants veulent conjurer en justifiant les chantiers à venir : le lancement des travaux sur Niort-Saintes avec la fermeture de la ligne à partir de mai, les 70 millions d'euros qui seront mis pour réhabiliter les voies entre Saintes et Bordeaux ou le plan global d'1,6 milliard d'euros sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse - dont le retard de livraison des rames Oxygène vient d'être annoncé.

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Des interventions de toute façon vitales pour le réseau et sur lesquelles le conseil régional compte vivement. « Un audit du réseau réalisé en 2017 estime le besoin de régénération à 1,3 milliard d'euros pour les prochaines années », cadre Renaud Lagrave, vice-président aux mobilités alors que la Région y a déjà consacré 156 millions d'euros pour la seule année 2023. Mais entre le vieillissement des voies et l'allongement des délais de travaux, la marge de manœuvre s'amenuise. Si la ligne de fret entre Niort et Partenay a pu être relancée fin 2023 après huit ans sans circulation, la relance du Angoulême-Limoges n'a pas encore de calendrier. Certaines lignes seraient même menacées de fermeture. Des inquiétudes croissantes sont ainsi exprimées depuis plusieurs années au sujet des liaisons au départ de Périgueux vers Agen et Brive, mais également entre Poitiers et Limoges.

Croquer dans un plan à 100 milliards

Les grands investissements à venir induits par la vétusté ont ainsi poussé SNCF Réseau à augmenter ses tarifs de péage de 8 % en moyenne pour 2024. Ce qui a provoqué l'ire de huit conseils régionaux qui ont porté un recours devant le Conseil d'État et ont obtenu gain de cause début mars. « La société SNCF Réseau n'a pas respecté la procédure prévue pour la détermination des redevances dues par les régions pour faire circuler les trains express régionaux », a ainsi tranché la juridiction. Le gestionnaire devra revoir sa copie pour les prochaines années et se trouver des sources alternatives de financement s'il veut tenir ses objectifs de réhabilitation du réseau.

Pour les régions, la victoire devant le Conseil d'État ne résout pas le problème du financement. « L'État met l'argent au compte goutte et les travaux ne cessent d'être reportés », pointe-t-on chez les élus. Les exécutifs régionaux veulent ainsi profiter des discussions autour du prochain contrat de performance de SNCF Réseau pour réclamer des investissements. « L'État a imposé à la société de revenir à l'équilibre en 2024 : donc elle a supprimé des postes et augmenté les péages, évoque Renaud Lagrave. Quelle sera la nature du prochain contrat de performance ? S'il vise encore à retrouver l'équilibre, ça continuera comme avant et il ne faudra pas se plaindre... ».

Les territoires attendent aussi beaucoup du plan de 100 milliards d'euros sur le ferroviaire annoncé par le gouvernement en 2023. Une manne à investir d'ici 2040 et dont personne n'a encore vu la couleur alors que les multiples projets de RER métropolitain sont également sur les rangs pour capter des financement.

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Maxime Giraudeau

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Commentaires 2
à écrit le 02/05/2024 à 20:08
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Les lobbys ont tué le train. Nos dirigeants sont faibles.

à écrit le 02/05/2024 à 11:53
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Encore une réussite de plus🙈 Bon, comme diraient certains bons français: - Y a pire ailleurs, allez voir dans l'ex-Indochine ou en Centreafrique! Ou tout bonnement en Allemagne🙊

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