RER métropolitains : une trentaine de projets mais pour quoi faire ?

Une trentaine d'agglomérations, grandes et moyennes, candidatent désormais au label des Services express régionaux métropolitains (SERM). Face à l'engouement pour cette offre de mobilité multimodale, le ministre des Transports était attendu par des élus locaux de toute la France réunis à Bordeaux. À défaut de rassurer sur le volet financier, Patrice Vergriete est venu présenter sa vision politique des RER métropolitains et préciser le calendrier des prochains mois.
« L'Etat sera au rendez-vous pour accompagner les projets de services express régionaux métropolitains », qui se multiplient, a promis Patrice Vergriete, le ministre délégué aux Transports, ce mercredi 13 mars à Bordeaux.
« L'Etat sera au rendez-vous pour accompagner les projets de services express régionaux métropolitains », qui se multiplient, a promis Patrice Vergriete, le ministre délégué aux Transports, ce mercredi 13 mars à Bordeaux. (Crédits : Reuters)

« Les services express régionaux métropolitains répondent à une vraie nécessité, c'est le transport du quotidien, c'est une vraie demande à laquelle il faut répondre ! », avertit Louis Nègre, le président du Gart (Groupement des autorités responsables de transport). Cette association, qui fédère les élus locaux en charge des mobilités, a reçu Patrice Vergriete pour sa première prise de parole sur les RER métropolitains depuis qu'il a remplacé Clément Beaune au ministère des Transports en février dernier. « Il y a quelques petits cailloux dans la chaussure [...] Vous êtes très attendu et c'est un euphémisme... », lui a glissé Louis Nègre devant plus de 200 participants réunis à Bordeaux ce mercredi 13 mars.

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Car, en effet, sur le terrain c'est la course à l'échalote depuis la promulgation de la loi sur les SERM fin 2023. Il y a ceux qui avaient déjà une longueur d'avance, dont Bordeaux, Strasbourg, Lille ou Toulouse, il y a la plupart des autres grandes métropoles et puis il y a une flopée de villes moyennes qui se positionnent désormais aux quatre coins de la France dont, dernièrement, Clermont-Ferrand. À elle seule, la Nouvelle-Aquitaine compte quatre candidats avec Bordeaux, le Pays basque, Pau et La Rochelle ! Au total, le Gart recense une trentaine de candidatures plus ou moins avancées.

« Un SERM c'est un projet d'aménagement »

Face à cet engouement, Patrice Vergriete a lourdement insisté sur les deux grands objectifs que doivent poursuivre ces projets.« Le premier c'est de lutter contre le changement climatique en décarbonant les mobilités. Le second c'est de mieux maîtriser la métropolisation de notre pays [...] de poser une vision politique de rééquilibrage de l'aménagement du pays : quels services à quels endroits, c'est la question préliminaire que les territoires doivent se poser ! »

Le ministre, également élu local à Dunkerque, plaide ainsi à privilégier « pragmatisme et efficacité » dans le choix des dessertes comme des modes de transports retenus pour conjuguer intermodalité, massification des flux et lignes de rabattement. « Un SERM c'est un projet d'aménagement et d'urbanisme ! », conclut Patrice Vergriete. « Et c'est aux élus locaux de dire quelle vision et quel schéma ils portent collectivement pour le territoire. » Une manière polie d'écarter les candidatures d'opportunité puisque le ministre ajoute « l'esprit du SERM peut tout à fait vivre au niveau local sans l'Etat , on n'est pas obligé d'attendre tout de l'Etat ». Comprendre : il n'y aura pas nécessairement de financements de l'Etat pour tout le monde.

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L'interrogation du financement

Car c'est bien là la principale inconnue. Si Louis Nègre milite, lui-aussi, pour que ces RER métropolitains soient des projets politiques qui conjuguent « une logique d'infrastructures et une logique de services », il reste inquiet sur le volet financier. Pour l'heure, l'Etat n'a mis sur la table qu'une enveloppe de 760 millions d'euros via les contrats Etat-régions. Ce qui est peu au regard des besoins de la dizaine de projets initialement évoquée par le président de la République sur Youtube en novembre 2022. Mais ça devient une goutte d'eau face au triplement du nombre de candidatures, le Gart évaluant à dix ou douze milliards d'euros l'investissement total sur plusieurs années. S'il faut un effort supplémentaire, « je ne doute pas que l'Etat sera au rendez-vous ! » a promis Patrice Vergriete à plusieurs reprises.

Pas de quoi convaincre l'assistance : « Depuis 30 ans, les mobilités c'est l'Etat qui décide et les collectivités qui paient... », raille un ancien élu girondin tandis que Louis Nègre rappelle que les régions et métropoles consacrent au sujet des montants dix fois supérieur à ceux de l'Etat. « Pour l'instant on est loin du compte..., réagit-il. Mais ce que je retiens c'est qu'Emmanuel Macron, lui-même, soutien ces projets qui relèvent de la cohérence de l'action publique en matière de baisse de nos émissions carbone ».

Une labellisation en deux temps

Les élus locaux n'auront donc pas obtenu plus de certitudes sur le financement mais ils connaissent au moins le calendrier des prochains mois avec une grande conférence nationale réunissant tous les acteurs mi-avril

« On va sans doute fonctionner en deux temps, identifier les premières labellisations au cours de ce premier semestre 2024, c'est-à-dire identifier des projets déjà avancés, des territoires qui travaillent depuis longtemps et où les principes politiques du SERM sont enclenchés au niveau local, précise Patrice Vergriete. Ensuite, il y aura un travail un peu plus fin avec les services de l'État pour arriver à l'arrêté définitif que j'espère avant la fin de l'année 2024. »

D'ici le 30 juin 2024 se tiendra également une conférence dédiée au financement des SERM et des mobilités en général pour identifier les besoins et les réponses à mettre en face dont, potentiellement, des taxes affectées ou un déplafonnement du versement mobilités. « Cette conférence devra être conclusive ! », assure Patrice Vergriete.

En Gironde, les élus sont déjà dans les starting blocks a réaffirmé Christine Bost, qui devrait être élue présidente de Bordeaux Métropole ce 15 mars : « Mon premier acte de présidente sera de vous saisir officiellement, avec le Département et la Région, pour vous solliciter sur la labellisation de notre schéma express régional métropolitain. Le courrier est prêt ! »

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Commentaire 1
à écrit le 25/03/2024 à 20:20
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la politique de gribouille dans toute sa splendeur !!! y a pas d argent!! faudrait commencer par diminuer les impots et laisser fleurir l economie. Le reste suivra le train economique. !!!

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