Bordeaux Métropole : le président Alain Anziani démissionne

Alain Anziani, le président socialiste de Bordeaux Métropole, souffrant depuis 2022 d'importants problèmes de santé, annonce au journal Sud Ouest qu'il renonce pour raison de santé. L'élu socialiste, rompu aux arcanes de Bordeaux Métropole, a mené son mandat depuis 2020 dans un rôle d'équilibriste politique entre la droite et les écologistes. Une gestion éreintante qui lui a cependant permis de faire valoir ses vues sur une série de dossiers stratégiques. La socialiste Christine Bost est pressentie pour lui succéder.
Alain Anziani, le 30 juin 2023, lors du conseil de Bordeaux Métropole.
Alain Anziani, le 30 juin 2023, lors du conseil de Bordeaux Métropole. (Crédits : Agence APPA)

Alain Anziani annonce ce lundi 4 mars au quotidien Sud Ouest renoncer à son mandat de président de Bordeaux Métropole qu'il occupait depuis l'été 2020. Une déclaration qui intervient après deux années de lutte contre la maladie : « un cancer de la prostate, un cancer colorectal avec une chimio à vie, un Parkinson qui couvait en moi et d'autres troubles plus ou moins liés, comme cette infection qui m'a imposé une hospitalisation de cinq semaines », explique-t-il. À bientôt 73 ans, l'élu socialiste, respecté et apprécié à gauche comme à droite, n'a pourtant pas compté son énergie à la tête des 830.000 habitants de l'agglomération, de ses 28 communes et de ses 104 élus. Ces derniers - dans une forme de triangulaire entre la gauche (PS, PCF), les Verts et la droite et le centre - lui auront donné du fil à retordre tout au long de ses quatre années de mandat.

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Car depuis 2020, la gouvernance de la Métropole est marquée par la fin de la « cogestion », cet accord politique hérité et scellé en 1968 entre le gaulliste Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux, et le socialiste Michel Sainte-Marie, maire de Mérignac et mentor d'Alain Anziani. Sitôt élu en juillet 2020, ce dernier signe avec l'écologiste Pierre Hurmic un accord majoritaire qui met fin à cette gouvernance partagée, suscitant l'ire des élus de la droite et du centre. Finalement, après trois ans de mariage de raison entre socialistes et écologistes, Alain Anziani, fin tacticien, acte une nouvelle forme de gouvernance associant huit élus de droite et du centre en tant que conseillers métropolitains délégués. De quoi lui permettre d'avoir les coudées franches et de sécuriser des votes sur certains « sujets stratégiques » dont le soutien à la Ligne à grande vitesse et à la filière aéronautique.

Des talents de négociateur, hérité de sa carrière d'avocat, de sénateur (2011-2017) et d'élu local au Département avec Philippe Madrelle, à la Région avec Alain Rousset puis à Mérignac, auprès de Michel Saint-Marie, et à la Métropole où il a été de 2014 à 2020 1er vice-président d'Alain Juppé puis de Patrick Bobet en charge de la métropolisation. Une expérience qui lui a permis d'assurer un rôle d'arbitre autant que d'ensemblier à la tête de la Métropole. « Je dois veiller au bon fonctionnement de la Métropole et assurer des majorités sur les sujets stratégiques en travaillant d'abord avec les écologistes et communistes mais pas seulement. [...] L'intercommunalité doit respecter tous les maires ! », réaffirmait-il en septembre 2023, réfutant tout retour à la cogestion.

Son bilan à la Métropole

Outre la gestion de son alliance mouvementée avec les Verts, le bilan d'Alain Anziani à la tête de la Métropole a été marqué par l'adoption d'une série de documents structurants pour le territoire : Plan climat, Schéma de développement économique, Schéma des mobilités, passage en régie publique de l'eau, feuille de route sur l'ESS ou encore 11e révision du plan local d'urbanisme intercommunal. Contre l'avis de ses alliés écologistes, il s'est aussi distingué par un soutien appuyé à la LGV vers Toulouse et Dax. Enfin, celui qui est aussi le maire de Mérignac et de son aéroport a veillé également sur l'avenir de la filière aéronautique, la zone aéroportuaire et, plus largement, le développement économique du territoire.

Christine Bost pressentie pour lui succéder

Dans l'immédiat, Alain Anziani indique qu'il restera maire de Mérignac et conseiller métropolitain. Il participera notamment au prochain de conseil de Métropole qui doit se tenir d'ici le 15 mars pour désigner son successeur. Les discussions de ces dernières semaines entre les groupes de la majorité PS-Verts-PCF désignent Christine Bost, la maire PS d'Eysines, comme favorite pour prendre la suite d'Alain Anziani à la présidence de l'agglomération. Adoubée officiellement par Alain Anziani, l'élue de 50 ans devrait disposer des votes des Verts, qui semblent avoir renoncer à présenter un candidat, mais aussi du soutien tacite de la droite et du centre qui ont affirmé à plusieurs reprises qu'ils ne soutiendraient pas un candidat écologiste.

« Elle a toutes les compétences, elle est prête, il faut profiter de cette chance », souligne Alain Anziani à propos de sa 2e vice-présidente à la Métropole, chargée de l'aménagement urbain. Depuis 2008, Christine Bost est maire d'Eysines, commune de 23.000 habitants au nord-ouest de Bordeaux. Elle est également vice-présidente du département de la Gironde en charge de l'aménagement territorial, des coopérations et du tourisme.

Alain Anziani en neuf dates

  • 1951 : naissance à Paris
  • 1979 : devient avocat
  • 1982 : arrive en Gironde où il rejoint Philippe Madrelle
  • 1992 : élu pour la première fois au conseil régional d'Aquitaine
  • 2001 : devient adjoint au maire de Mérignac, Michel Sainte-Marie
  • 2008 : élu sénateur de la Gironde
  • 2014 : élu maire de Mérignac, vice-président de Bordeaux Métropole
  • 2020 : élu président de Bordeaux Métropole
  • 2024 : démissionne de son poste de président de Bordeaux Métropole

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