Bordeaux Métropole : l'accord Anziani-Hurmic signe la fin de la cogestion

Un accord politique assorti d'un projet de mandature a été conclu entre les socialistes et les écologistes pour la gouvernance de Bordeaux Métropole. Alain Anziani, le maire PS de Mérignac, devrait ainsi être élu président tandis que Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, serait 1er vice-président. Un fait majoritaire assumé qui rompt avec une tradition de gouvernance partagée et qui s'articule autour de priorités climatiques, économiques et sociales.
Stéphane Delpeyrat, maire de Saint-Médard-en-Jalles, Claudine Bichet, 1ere adjointe au maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, Alain Anziani, maire de Mérignac et Christine Bost, maire d'Eysines.
Stéphane Delpeyrat, maire de Saint-Médard-en-Jalles, Claudine Bichet, 1ere adjointe au maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, Alain Anziani, maire de Mérignac et Christine Bost, maire d'Eysines. (Crédits : PC / La Tribune)

"On acte une véritable rupture en mettant en place une gouvernance majoritaire pour gérer la métropole pendant les six années qui viennent. [...] Il y a urgence d'imposer un cap majoritaire car l'urgence climatique n'est pas partagée par tous les élus métropolitains. On a dû affronter des coalitions anti-climat pendant la campagne électorale et il y a des élus qui ne partagent pas nos idées sur l'environnement. On ne va donc pas faire semblant d'être tous d'accord sur les objectifs politiques", affirme Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, ce jeudi 16 juillet, à la veille de la tenue du nouveau conseil métropolitain qui désignera le président de Bordeaux Métropole et ses 20 adjoints. Une rupture assumée, et défendue depuis des années par Pierre Hurmic, avec la tradition de cogestion entre la droite et la gauche au niveau métropolitain qui prévaut depuis les années 1970.

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Un principe que les élus de droite, réunis au sein du groupe Communauté d'avenir, n'avaient pas voulu ou pas osé remettre en cause en 2014 et qui appartient désormais au passé. Derrière le socialiste Alain Anziani, réélu maire de Mérignac, la 2e ville la plus peuplée de l'agglomération, et l'écologiste Pierre Hurmic, ce sont 17 des 28 communes métropolitaines qui sont dirigées par la gauche avec, au sein du conseil métropolitain, 32 élus pour le groupe PS et Générations, 30 pour les Verts, quatre pour le Parti communiste et un pour le NPA. A droite, le groupe Communauté d'avenir compte 34 élus - contre 62 lors du précédent mandat - tandis que les quatre élus LREM siègeront dans un groupe distinct.

Un accord politique signé

Les élus du PS, de Générations, d'EELV et du Parti communiste, ainsi que leurs colistiers issus de la société civile, ont dont négocié et paraphé ces derniers jours un accord politique autour d'une feuille de route qui trace les grandes lignes du mandat 2020-2026. Cet accord prévoit de confier la présidence de l'intercommunalité à Alain Anziani qui sera épaulé par 20 vice-présidents, dix venus des rangs socialistes et dix du camp écologiste. "C'est une alliance naturelle entre le PS et les Verts qui fonctionne déjà dans les communes de la métropole même s'il y a au sein de notre majorité des appréciations différentes de ce qu'on appelle la cogestion parce que je reste convaincu que la gouvernance partagée fait partie de l'ADN d'une intercommunalité", déclare le maire de Mérignac, qui était partie prenante de la cogestion ces dernières années.

Il a ainsi proposé, sans succès, au groupe Communauté d'avenir d'occuper trois postes de vice-président et tient à offrir des garanties à tous les maires : "Le fait majoritaire n'effacera pas le fait communal et je me porte garant de l'équité territoriale vis-à-vis de toutes les communes. Une conférence des maires avec tous les maires de la métropole se réunira au moins quatre fois par an." Une disposition obligatoire prévue par la loi 27 décembre 2019 relative à l'engagement dans la vie locale et à la proximité de l'action publique.

"Décarboner notre économie"

Néanmoins, les élus socialistes et écologistes ont déjà arrêté une feuille de route autour de cinq priorités : l'urgence climatique ; l'urgence économique et sociale ; la transition écologique avec un budget climat distinct ; les mobilités "en tenant compte à la fois des besoins de la population et de la planète" ; et l'urbanisme avec la volonté de "redessiner la ville et de privilégier l'habitant plutôt que l'habitat".

Le volet économique vise à "maintenir et créer des emplois locaux et pérennes", "lancer une opération d'intérêt métropolitain sur la rive droite autour des énergies renouvelables, de l'hydrogène et des activités du fleuve", un "soutien aux grandes filières du territoire que sont l'aéronautique, la santé, la viticulture et le tourisme en les accompagnant vers des modes d'exploitation plus écologiques", le "développement de l'économie sociale et solidaire (ESS) et de l'économie de proximité via la création d'une société coopérative d'intérêt collectif".

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"Nous resterons une terre d'accueil pour les entreprises et nous les accompagnerons vers des modes de productions plus écologiques. Nous serons là pour les aider", insiste le futur président de Bordeaux Métropole. "Il nous faut décarboner notre économie et réorienter certains secteurs avec de l'innovation, de la formation et de l'accompagnement", abonde Stéphane Delpeyrat, le nouveau maire (Générations) de Saint-Médard-en-Jalles, tandis que Pierre Hurmic lui embraye le pas : "Il faut diminuer l'empreinte carbone de notre territoire y compris celle du secteur économique, ce n'est pas de l'idéologie, c'est un impératif au regard de l'urgence climatique pour les entreprises comme pour les autres acteurs du territoire." En ce qui concerne l'aéroport, l'accord de mandature mentionne l'objectif d'un "aéroport éco-responsable" qui se traduira notamment par l'interdiction des vols de nuit, des mesures pour limiter les nuisances écologiques et sonores et une régulation des vols low-cost.

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"Renouveler profondément le PLU"

En matière d'urbanisme, le groupe majoritaire entend "renouveler profondément le plan local d'urbanisme intercommunal qui est un outil barbare et illisible", selon les mots d'Alain Anziani,, qui souhaite "dessiner la ville quartier par quartier". L'objectif est aussi, selon Christine Bost, la maire PS d'Eysines, "de donner aux maires, qui signent les permis de construire, les clefs et les outils pour résister aux promoteurs immobiliers même si tout n'est pas à jeter dans ce qui a été fait ces dernières années". "Nous allons travailler sur la qualité des logements et leur prix de sortie et nous travaillerons sur nos relations avec les territoires extérieurs", poursuit-elle.

La nouvelle feuille de route prévoit aussi de remettre à plat le Schéma directeur opérationnel des déplacements métropolitains (SDODM) "pour réfléchir aux besoins des des habitants et du climat et tenir compte des réalités budgétaires". Enfin, les délégations de service public (DSP) en matière de gestion de l'eau confiée à Suez d'une part, et d'assainissement confiée à la Sabom, d'autre part, seront basculées en régie publique à l'issue de leur terme prévu en 2021. Quant à la DSP transport, confiée à Keolis jusqu'à fin 2022, elle devrait rester une DSP mais dans un cadre de travail "plus global incluant tous les modes de transport".

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