Pourquoi Alain Anziani prépare une gouvernance élargie à Bordeaux Métropole

« Aucun changement de majorité ne se prépare à Bordeaux Métropole ! », martèle le socialiste Alain Anziani, au sujet de son alliance avec les Verts et les communistes scellée en 2020. Mais le président de la métropole assume également d'associer davantage les maires de droite et du centre à la gouvernance. L'objectif ? Sécuriser les votes sur certains « sujets stratégiques » dont le soutien à la ligne à grande vitesse et à la filière aéronautique. Pas de quoi convaincre à ce stade ses alliés écologistes.
Alain Anziani, le président (PS) de Bordeaux Métropole, mardi 19 juin 2023.
Alain Anziani, le président (PS) de Bordeaux Métropole, mardi 19 juin 2023. (Crédits : Agence APPA)

[Article mise à jour à le 19/09/23 à 17h48 avec la réaction du groupe écologiste]

« Nous sommes dans une intercommunalité et il y a un héritage dans une intercommunalité avec des présidents successifs [...]. Pour mener les projets, il faut un temps long et partagé entre différentes majorités politiques », rappelle Alain Anziani, ce 19 septembre. S'il fait d'abord allusion aux 20 ans du tramway, qui seront célébrés en fin d'année, et au pont Simone Veil, qui ouvrira l'été prochain après sept ans de travaux, le président socialiste de Bordeaux Métropole s'adresse également aux élus métropolitains de tous bords. Une forme d'avertissements aux uns et aux autres alors que des discussions se tiennent en coulisses.

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Au PS comme dans l'opposition de droite et du centre, personne ne souhaite plus parler de retour de la cogestion à Bordeaux Métropole, arguant que le terme renvoie à une époque révolue où les maires de droite et de gauche se partageaient les vice-présidences de l'intercommunalité. Mais pourtant, arrivé à la moitié du mandat, le fait majoritaire entériné en 2020 par l'alliance entre socialistes, écologistes et communistes va à nouveau évoluer dans les prochaines semaines au profit d'une « gouvernance élargie » ou « partagée ». Profitant des désaccords ponctuels mais réguliers entre le PS et les Verts, la droite a su jouer sa partition et même obtenu fin 2021 la réintégration des maires de l'opposition au bureau métropolitain en échange de leur soutien au prolongement des LGV vers Toulouse et Dax.

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Mais s'il y a eu des désaccords au sein de la majorité, ces trois premières années ont aussi et surtout permis le vote de toute une série de documents stratégiques : Plan climat, Schéma de développement économique, Schéma des mobilités ou encore le passage en régie de l'eau. Cela n'empêche pas Alain Anziani de vouloir sécuriser ses arrières tout en cherchant à déminer la dimension politique du sujet pour en faire une simple question institutionnelle :

« Aucune révolution n'est en vue, aucun retour à la cogestion n'est prévu, aucun changement de majorité ne se prépare ! », a-t-il ainsi affirmé.

« Assurer des majorités sur les sujets stratégiques »

Entre ses alliés de la majorité et les élus de l'opposition, le président socialiste entend prendre de la hauteur pour veiller à ce qu'il juge être l'intérêt supérieur de l'agglomération. D'où sa volonté d'aller chercher des majorités à géométrie variable en fonction des sujets :

« Nous pouvons trouver un consensus dans le respect de nos différences. Il n'y a pas plusieurs catégories de maires, on doit tous travailler ensemble et l'idée est donc de proposer des délégations à tous les maires sans remettre en cause la majorité actuelle. Les discussions sont en cours », expose le président socialiste.

« Je dois veiller au bon fonctionnement de la Métropole et assurer des majorités sur les sujets stratégiques en travaillant d'abord avec les écologistes et communistes mais pas seulement. [...] L'intercommunalité doit respecter tous les maires ! »

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La ligne rouge des Verts

Du côté du groupe écologiste à la Métropole, on se montre à la fois constructif mais ferme. « On est tout à fait d'accord sur le rôle primordial des maires au sein de la gouvernance mais pas nécessairement par l'octroi de délégations techniques à l'opposition », réagit Claudine Bichet auprès de La Tribune. « Si l'objet c'est vraiment de renforcer le rôle des maires, on peut le faire pas d'autres moyens, notamment en renforçant le rôle et le fonctionnement du bureau métropolitain, ça se fait dans d'autres métropoles qui fonctionnent au fait majoritaire », poursuit l'élue bordelaise. Le groupe écologiste indique qu'il fera prochainement des propositions en ce sens à ses partenaires socialistes et communistes et souhaite toujours tenir avec eux un séminaire de rentrée.

L'aéronautique et la LGV

Parmi ces « sujets stratégiques », Alain Anziani, cite le soutien financier à la LGV vers Toulouse et Dax, alors qu'un nouveau vote interviendra en fin d'année. Mais celui qui est aussi le maire de Mérignac et de son aéroport veille également sur le soutien à la filière aéronautique, à la zone aéroportuaire et, plus largement, au développement économique du territoire. Des sujets sensibles sur lesquels socialistes et écologistes ne cachent pas leurs désaccords.

Ancien avocat, le président socialiste tente donc de résoudre la quadrature du cercle : séduire l'opposition sans froisser ses partenaires naturels de la majorité. « En 2020, la cogestion aurait pu se poursuivre si la droite et le centre avait accepté notre proposition [de trois vice-présidences, NDLR]. Cela n'a pas été le cas, je le regrette », explique-t-il. Et s'il souhaite profiter de cette évolution vers une gouvernance élargie pour « clarifier les positions avec les Verts sur certains sujets », il n'est pas question à ce stade de toucher à l'accord majoritaire conclu avec eux en 2020. Les discussions doivent se poursuivre dans les prochaines semaines. De son côté, le groupe Métropole commune(s), qui réunit les élus de droit et du centre, salue « le bon sens » d'Alain Anziani et attend de pousser son avantage.

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