Eos Technologie déploie ses drones militaires à Mérignac sur un marché porteur

Ses drones à usages militaires font jusqu'à neuf mètres d'envergure. Eos Technologie vient d'emménager à Mérignac, près de Bordeaux, où elle a décidé d'installer son siège social. Jusque-là varoise, la PME fabrique trois drones volants destinés à un marché qui a radicalement changé de dimension avec les leçons de la guerre en Ukraine. Explications avec Nicolas Ritter, son président, qui prévoit 20 recrutements à Bordeaux.
D'une envergure de neuf mètres, le drone Endurance 900 d'Eos Technologie dispose d'une autonomie supérieure à 12 heures et une charge utile de 20 kg.
D'une envergure de neuf mètres, le drone Endurance 900 d'Eos Technologie dispose d'une autonomie supérieure à 12 heures et une charge utile de 20 kg. (Crédits : Eos Technologie)

C'est une petite PME de douze salariés qui est en train d'emménager dans ses nouveaux locaux de 500 m2 au sein de la zone industrielle du phare, à Mérignac. Eos Technologie a quitté la banlieue de Toulon pour rejoindre l'écosystème aéronautique de la métropole bordelaise, où la filière des drones est aussi dense que dynamique.

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Fondée en 2018 par Sébastien Verniaud, un ancien militaire, et Nicolas Ritter, un technicien électronique, l'entreprise s'adresse aux marchés de la défense. A Bordeaux, elle y assemblera et tester ses trois modèles de drones volants électriques destinés à des missions de renseignement, surveillance, recherche et acquisition de cibles en soutien des forces armées, françaises ou étrangères.

"Une fois qu'on a programmé leur plan de vol, les drones effectuent leur mission de manière autonome même si l'opérateur peut reprendre la main à tout moment s'il le souhaite. Ils sont destinés à des missions d'observation. Jusque-là il n'y a pas d'armement embarqué, puisque c'est interdit en France, mais ce sont des applications auxquelles on réfléchit", détaille Nicolas Ritter à La Tribune.

Les plus petits modèles Strix 300 et Strix 400, jusqu'à 4,25 mètres d'envergure pour 7 kg, peuvent être lancés à la main tandis que l'Endurance 900, qui atteint neuf mètres d'envergure pour 25 kg, n'a besoin que de 50 mètres pour décoller. La mobilité et la capacité à s'adapter à tous les terrains font en effet partie des qualités requises pour de tels engins sur les théâtres d'opérations actuels.

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Eos Technologie Drone

Le Strix 400 d'Eos Technologie est facilement transportable (crédits : Eos Technologie).

Décollage rapide sur un marché porteur

Fabriqué à 80 % en France, dans son usine de Grenoble (Isère), les drones d'Eos Technologie sont déjà déployés auprès de l'armée française, notamment dans le Sahel, et des discussions sont en cours avec plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Longtemps perçus comme des gadgets futuristes, les drones - de surveillance ou armés - ont rapidement gagné en crédibilité ces dernières années avec des baptêmes du feu réussis sur des théâtres d'opérations récents dont la guerre civile en Lybie (2020), le conflit Arménie-Azerbadjian (2020) et l'invasion russe de l'Ukraine (2022). Les drones américains ou encore le drone turc Bayraktar ont démontré leur pertinence.

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"Depuis le début de l'année, tout s'accélère. Il y a beaucoup d'appels d'offres qui circulent notamment en Europe et en Afrique. La guerre en Ukraine a été un déclencheur et nos clients nous demandent d'avancer plus rapidement", confirme Nicolas Ritter. Eos Technologie entend ainsi se mettre en ordre de bataille pour produire 60 drones par an dès 2023 puis une trentaine d'engins par mois. Les fondateurs ont réalisé une levée de fonds de 2,5 millions d'euros cet été auprès d'investisseurs privés.

"L'ambition des armées françaises est désormais de faire des drones des équipements communs qui équiperont la plupart des unités déployées. Il y a donc un marché très important qui s'ouvre avec l'avantage, pour nous, d'être un acteur français", poursuit le cofondateur.

Dix millions d'euros dans trois ans

La jeune entreprise prévoit ainsi de recruter rapidement une trentaine de salariés, dont les deux-tiers à Bordeaux. Après 400.000 euros de chiffre d'affaires en 2021, Eos Technologie table sur 1,8 million d'euros cette année avant six millions d'euros l'an prochain et une dizaine de millions d'euros d'ici 2025. Et la concurrence ? "Elle est surtout étrangère, notamment américaine et israélienne. Mais il y a tellement de demandes des forces armées qu'il n'y a aujourd'hui pas suffisamment d'entreprises pour y répondre", sourit Nicolas Ritter, pour qui le choix de s'implanter à Bordeaux ne doit rien au hasard :

"Bordeaux concentre une série d'atouts avec un pôle d'attractivité aéronautique, un aéroport, des forces armées, un soutien de la Région et de la Métropole, un centre d'essai en vols et l'animation autour d'UAV Show et de Bordeaux Technowest", salue Nicolas Ritter.

C'est d'ailleurs en Nouvelle-Aquitaine, sur la base aérienne 709 de Cognac, que sont stationnés les drones Reaper, ces engins américains sans pilote déployés par l'Armée française au Sahel. De son côté, en Gironde, le centre d'essai Cesa, filiale de Bordeaux Technowest pilotée par Nicolas Parant, est en effet un argument de poids avec son couloir de 50 km le long du littoral médocain permettant des essais de drones sur longue distance. "Nous sommes très heureux d'accueillir Eos Technologie dans l'écosystème régional. C'est une entreprise prometteuse qui répond à un besoin clair du marché de la défense", salue Adrien Selvon, le responsable de la filière aéronautique-spatial-défense chez Bordeaux Technowest.

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Commentaires 2
à écrit le 19/09/2022 à 7:15
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Bonjour, la realisation d'un Drone longue distance sur un planeurs n'est pas forcement une mauvaise idee ... Reste a trouver le compromis entre automatisation de la navigation et l'action humaine de l'opérateur....

le 14/03/2024 à 3:39
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On reparlera d'eux , mais pas dans ce registre , se vanter d'avoir servi la France et dans le même temps ne pas respecter ses lois et le dénigrement de leurs employés est le sport favori en plus de leurs mythomanie institutionnalisée , pas sûre que l...

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