CES de Las Vegas : la Nouvelle-Aquitaine fait ses comptes et s'interroge sur l'édition 2024

Fortement représentée au CES de Las Vegas depuis sept ans, la Région Nouvelle-Aquitaine n'a pas encore décidé si elle y retournera en janvier 2024 en raison des contraintes budgétaires. Le format de la délégation pourrait être réduit pour limiter la facture par rapport aux 120.000 euros dépensés pour accompagner 24 startups lors de l'édition 2023.
Les membres de la délégation régionale au CES de Las Vegas lors de la réunion de retour d'expérience organisée au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine le 14 mars 2023.
Les membres de la délégation régionale au CES de Las Vegas lors de la réunion de retour d'expérience organisée au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine le 14 mars 2023. (Crédits : PC / La Tribune)

La Nouvelle-Aquitaine et le Consumer electronic show de Las Vegas, le plus grand salon de la technologie et de l'électronique grand public au monde, c'est une histoire d'amour qui remonte à 2017 dans le sillage de l'émergence de la French Tech. À l'exception du millésime 2021, joué à domicile pour cas de force majeur, le conseil régional a accompagné chaque année une délégation plus ou moins importante de jeunes entreprises innovantes avec un pic de 40 startups pour un budget de 340.000 euros en 2018 avant de réduire la voilure progressivement.

Formation et « meeting room »

Pour l'édition 2023, ce sont 24 startups de huit départements, dont deux-tiers de nouvelles têtes, qui sont parties à Las Vegas accompagnées des membres de la « Team Naqui » qui fédère les services de la Région, la CCI Nouvelle-Aquitaine, French Tech Bordeaux, Business France et la Team France Export. Soit une délégation d'environ 80 personnes. Le tout pour une facture pour la Région de 120.000 euros, en baisse de 20 % par rapport à 2022. De quoi couvrir la prise en charge de la moitié du prix des stands et la participation à certains évènements connexes mais surtout quatre jours de formation préalable et la location d'un « meeting room » sur place, deux marqueurs de la stratégie néo-aquitaine sans équivalent ailleurs en France. « Il y a une maturité opérationnelle en Nouvelle-Aquitaine qu'on ne voit pas dans d'autres régions avec une qualité de rendu de haut-niveau pour les entreprises », juge ainsi Marc Bagur, d'Airudit. De leurs côtés, les entreprises y investissent beaucoup de temps et doivent compter un minimum de 10.000 euros pour les trajets et le logement. Bien plus en cas de transport de matériel ou d'organisation d'évènements spécifiques.

Et les startups concernées sont venues témoignées, ce mardi 14 mars, des nombreuses retombées positives deux mois après le CES. « Visibilité médiatique énorme qui dure dans le temps », « effet catapulte » et « effet groupe », « crédibilité » ouverture sur le marché américain, contacts avancés avec des grands noms ou des acteurs clé, y compris français, et même une série de contrats signés sur place ou en cours de signature : 18 entreprises ont raconté leur séjour réussi à Vegas, que ce soit dans l'impression 3D, l'industrie, la santé, la mobilité ou la robotique.

Lire aussiCES 2023 : le Bordelais VUF Bikes présente un vélo cargo équipé d'un moteur Valeo

« Est-ce qu'on maintient Las Vegas tous les ans ? »

Et pourtant, la décision de repartir en 2024 n'a pas encore été prise par Alain Rousset. « Est-ce qu'on maintient Las Vegas tous les ans ? Est-ce qu'on fait évoluer le dispositif en 2024 ? », questionne le président du conseil régional, pas seulement de manière rhétorique. La flambée des coûts de l'énergie est passée par là, posant à la collectivité une équation budgétaire « jamais vue ». Dans ce contexte, il n'y a pas de petites économies.

Chacun en a bien conscience au sein de la délégation tout en poussant à une reconduction. « Ce serait un mauvais signal pour l'innovation de renoncer à y aller », glisse Cyril Texier, le président de French Tech Bordeaux, pour qui le dispositif a fait ses preuves. Même son de cloche chez Gérald Petit, le directeur interrégional de Business France qui salue l'investissement singulier de la Nouvelle-Aquitaine à la fois quantitativement - près de 15 % des entreprises du pavillon France dans un écosystème très francilien - et qualitativement avec une série d'Innovation Awards remportés au CES ces dernières années : MyEli en 2022 avant zUFO, Facil'Iti et GLOphonics en 2023.

Lire aussiÀ quoi sert l'horloge atomique miniature développée par GLOphotonics à Limoges ?

1,3 million d'euros investis depuis 2017

Au total, l'argent public investi par la Région dans ce dispositif s'élève à environ 1,3 million d'euros depuis 2017. « Un euro investi dans ce dispositif permet de générer quatre euros de chiffre d'affaires déclarés par les entreprises », avancent les services régionaux.

« On se pose la question chaque année au regard de la question budgétaire mais aussi de notre stratégie globale de soutien à l'innovation et à l'export des entreprises. Le CES s'inscrit bien souvent dans un soutien qui débute très en amont, dès la création de l'entreprise ou prototypage. Maintenant, il faut bien regarder là où le taux de retour sur investissement est le plus pertinent pour les entreprises », souligne Mathieu Hazouard, le conseiller régional délégué aux enjeux numériques, évoquant « un risque de casser la dynamique » en n'allant pas au CES tous les ans.

La décision n'est pas encore prise mais elle le sera d'ici fin mars. Et si l'hypothèse de maintenir une délégation en 2024 semble tenir la corde, son ampleur pourrait être plus réduite. D'environ 25 entreprises habituellement, la promotion 2024 pourrait ainsi être plus sélective et mettre encore davantage l'accent sur la préparation des entreprises et leur capacité à aller au CES au bon moment par rapport à leur marché, c'est-à-dire ni trop tôt, ni trop tard. « On peut aussi imaginer une délégation plus petite, des dépenses minorées et des prises en charge différentes en fonction de la maturité des entreprises et du nombre de fois où elles sont venues. L'empreinte carbone du dispositif est aussi un sujet qui nous préoccupe alors que nous allons voter prochainement une éco et socio-conditionnalité de nos aides aux entreprises », poursuit l'élu régional.

Un format plus ramassé aurait en effet l'avantage de limiter l'impact carbone de la délégation alors qu'un aller-retour Paris-Las Vegas de 17.000 km représente 1,5 tonne de CO2 par passager quand le salon Vivatech à Paris, où la Région envoie aussi une délégation, n'est qu'à deux heures de train de Bordeaux.

Lire aussiBordeaux-Orly : Bruxelles écarte aussi l'hypothèse d'une navette décarbonée

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.